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Luan Orozco • El fuego del volcán dormido.

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Luan Orozco
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Luan Orozco
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Pseudo : Artchie
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Luan Orozco Ortega
I wish I knew what it was like to care about what's right or wrong. I wish someone could help me find, find a place where I belong.


Nom Orozco Ortega • Le premier celui de la mère, exceptionnellement. Le deuxième celui d'un père humain. Une naissance d'amours pourtant vite renié et oublié. Une mère qui élève seule un fils dans une meute qui l'a considère déjà comme une marginale. Le combat d'une mère pour faire de son fils le porte-drapeau de toutes ses revendications. Un nom de famille aujourd'hui seul vestige de la louve qu'elle était. Haïe, souvent, par sa froideur et ses leçons implacables. Aimée, malgré tout, pour le feu qui brûlait dans ses veines, capable de déplacer des montagnes pour moi. Son seul héritier.

Prénom(s)  Luan • Celui qui porte la flamme. L'espoir de me voir perpétuer des gènes lupins, comme le flambeau de sa victoire sur la vie.

Âge Vingt-deux ans, la vie d'un adulte à l'enfance sans innocence.

Date de naissance 28 juin 2000 à 14h00 à Bogota, Colombie. Cancer ascendant scorpion.

Race Loup-garou • Élevé pour être loup, avec la rage animale comme force brute. Mordu par précaution pour éviter la honte de n'être qu'un humain.

Particularité(s) L'emprunte des crocs maternels derrière le mollet, recouverte d'un tatouage d'un entrelacs de ronces épineuses pour masquer la réalité d'un doute qui n'aura jamais de réponses.

Faction Enclave • Conserver un monde passé qui se suffisait à lui seul. Imparfait, mais libre. Personne pour se soucier de nous, et personne à se soucier de.

Occupation Adepte des petits boulots, facilement lassé ou facilement mis à la porte. Actuellement serveur au Street Spice. Mais pour combien de temps ? Il paraît que le manque de sympathie refroidit même les cafés servis.

Situation maritale Célibataire • Les sentiments ne sont que des faiblesses qui vous transforment trop profondément.

Orientation sexuelle Hétérosexuel prétendu pour coller aux exigences de la meute maternelle. Une illusion plus facilement laissée de côté à Alicante, mais les habitudes ont la peau dure, et si les yeux dérivent plus facilement vers des hommes, la confiance n'est pas assez profonde pour oser s'afficher clairement dans la bisexualité.

Avatar & Crédits Danny Lux @Artchie.
Parlez-nous de votre personnage. Une petite anecdote ici et là pour mieux comprendre son caractère et ses petites habitudes. Vous pouvez parler de tout et n’importe quoi. D’ailleurs, nous demandons 7 anecdotes, mais tu peux en faire plus.


1. Je ne sors presque jamais sans Pola, une chienne croisée entre un probable basset fauve de Bretagne et un labrador. Une excuse pour sentir le chien mouillé quand je me prétends simple mortel.

2. Non content d'avoir des griffes coupantes, j'ai toujours un couteau sur moi. Quand on a besoin de régler des comptes, on n'a pas toujours envie de subir les conséquences d'une potentielles transformation ultérieure. Ne rien laissez au hasard, un mot d'ordre à ne jamais oublier. D'ailleurs je dis jamais non à une partie de fléchette en soirée. Ou de couteaux. Je suis pas difficile.

3. Je parle espagnol et anglais, par la force des choses. Mon accent latin est très fort et il n'est pas rare que je comble mes lacunes anglaises par des mots espagnol.

4. Après beaucoup de mal, et grâce à un service rendu du genre que je rendrais avant, parce que l'argent sale est souvent plus facile à obtenir rapidement, j'ai réussi à me procurer une guitare. Il m'arrive de jouer quelques airs dans les bars, à l'occasion.

5. Je vis dans le quartier humain pour fuir de temps en temps la lourdeur des orages du quartier lycan. Je vis en colocation, les loyers coûte cher et faut bien se loger.

6. Ma mère, Nerea, était médecin, elle m'a appris l'anatomie humaine avec une certaine précision. Afin de pouvoir frapper le plus proprement possible, en faisant le moins de dégât sérieux possibles, ou, au contraire, en trouvant directement l'organe à cibler. Si les cours de médecine prenaient pas dix mille an que je n'ai pas, ça aurait pu être une bonne piste de reconversion.

7. J'ai un tatouage sur le mollet gauche qui recouvre partiellement la marque des crocs de la madre. Ce sont des entrelacs de d'épines et de roses noirs.




Réaliste
Rusé
Débrouillard
Renfermé
Calculateur
Cynique
Calme
Influençable

Quaestiones
1. Les guerres, obscure et féérique, ont causé la perte du Monde Obscur comme on le connaissait. Y aviez-vous joué un rôle ou bien avez-vous été juste un spectateur, un réfugié ?
Les guerres obscures, j'étais pas né. La meute vivait dans son coin, se mêlant pas des affaires du Coven de Bogota. Les Nephilims et notre Alpha de l'époque c'était pas la grande entente, toujours à venir fouiller dans nos affaires et à trouver à redire à notre business alors qu'on était les mieux placés pour débusquer les menaces contre eux. Du moins c'était la version officielle de la meute, celle dont je me souviens qu'on me racontait quand j'étais enfant. La vérité je la connais pas, sans doute qu'on avait plus de torts que de faits d'armes en faveur de la paix. Peut-être bien, même, que l'alpha était pas contre filer des informations aux Cercle contre protection et liberté de mouvement. C'est une version moins officielle mais que la madre me murmurait parfois. Quand elle consommait un peu trop de guaro sous les étoiles.
Quand le Cercle est revenu, de nouvelles attaques, de nouveaux conflits, j'étais gamin, et déjà plus si innocent. On soupçonne peu un enfant aux grands yeux timides d'être capable de vous planter un couteau dans la main. J'étais au courant de rien, mais j'ai entendu beaucoup. Avoir des oreilles partout, se faire oublier sur un coin de canapé tard dans la nuit parce qu'on est qu'un gamin, c'était d'une facilité déconcertante. A l'époque je comprenais pas tout, mais suffisamment pour savoir que ce que la madre racontait n'était pas entièrement faux.
Et quand la dernière guerre est arrivée, la meute a tenté de refaire les mêmes échanges de bon procédés. Mais les Fées ne négocient pas de la même façon. Et la madre commençait à semer suffisamment de doutes dans la meute pour fragiliser la position de l'alpha. Le reste n'est qu'une succession d'erreurs et de trahisons. Elle a voulu me protéger, mais le mal était fait. Elle a voulu fuir, trop tard. Je me suis retrouvé tout seul. Sans meute. Sans mère. Sans repère. Fuyard puis réfugié à Alicante et enfin arme prêt à défendre ma propre vie. Je ne suis pas un grand combattant, préférant les recoins sombres et les coups rapides entres les côtes, mais j'ai su me rendre utile malgré les ordres de rester en retrait avec les enfants.

2. Votre arrivée à Alicante a forcément été un grand changement. Jusque là, hermétique au monde extérieur, la vie a du s’adapter aux changements mondiaux. Y avez-vous trouvé votre place ? Vous êtes vous bien acclimaté ? Ou au contraire vous sentez vous comme un étranger entre ces murs ?
Alicante c'est comme l'intérieur d'une cocote-minute sous pression : trop d'odeurs à m'en faire pincer le nez, et des éléments qui n'ont rien à faire ensemble dans un espace aussi réduit. La liberté du monde me manque. La solitude de la meute, loin des autres et des regards. Ici, j'ai l'impression que tout le monde m'observe, qu'il est difficile de trouver sa place et de trouver le bon ton. J'aimerais vraiment faire autrement, changer certaines habitudes, je n'ai pas oublié les valeurs douteuses de la meute qui m'a formée. C'est confus. Je voudrais faire partie de ce changement, en positif. Vraiment.

3.Qu’attendez-vous des représentants de votre espèce lors de la négociation des prochains accords ? Êtes-vous optimiste ou bien pensez-vous que cela remettra le feu aux poudres ?
Je n'attends rien. Cela fait longtemps que j'ai perdu toute confiance dans les ambassadeurs et les politiciens. Enfin perdu. Il aurait déjà fallut avoir confiance un jour, ce qui n'est pas réellement mon cas. De mon point de vue, ce sont tous des vendus, des privilégiés qui discutent entre eux de leurs petits privilèges sans se mettre à la place de leur peuple. Je sais très bien à qui profite ces Accords et ces négociations, toujours aux mêmes qui paradent avec fierté dans leurs palais dorés. Avant, on en avait pas grand chose à faire des Accords. Ma madre disait toujours que c'était un peu comme une base, à connaître, mais avec laquelle s'arranger entre nous. Parce que la seule loi qui compte, c'est celle de la meute. Non ? C'était le cas avant, maintenant je ne sais plus trop quoi penser de tout cela. Si ce n'est que je n'ai pas confiance. Et que je n'attends rien. J'ai pas envie de participer aux petites guerres de territoires, mais mes lames sont prêtes, au besoin.

4.Aujourd’hui, le monde va une nouvelle fois changer, quelles sont vos aspirations pour l’avenir, vos objectifs ?
J'aimerais arriver à garder mon travail au Street Spice. Le service ce n'est pas tellement une passion, mais j'aimerais bien apprendre à cuisiner. C'est bête, mais ça me manque la nourriture de la maison. J'ai proposé de donner la recette des buñuelos, ils ont testé dans les cuisines, et les clients ont bien aimé. J'imagine que je pourrais arriver à faire quelque chose de sympa, pour une fois. Utiliser mes couteaux pour trancher des brioches plutôt que des corps. Mais bordel c'est pas simple de résister à la tentation de l'argent facile. Même ici, à Alicante, on peut trouver facilement de quoi moyenner quelques services. Mais j'ai envie d'essayer, de croire à cette deuxième chance, pour avoir moins l'impression d'être un imposteur qui n'aurait pas dû survivre aux autres. Paraît que c'est une sorte de complexe du survivant. Selon internet. Un autre truc que j'ai envie de régler une bonne fois pour toute.
J'aimerais aussi pouvoir continuer ces histoires de petits concerts en soirée avec ma guitare. Ca me détend.
Mon objectif est simple, survivre ici en attendant de trouver mieux.

Pseudo Artchie ÂgeToujours la vieillesse des plus de trente ans Comment es-tu arrivé par ici ? soupire Type de personnage InventéDC ? Oui, et oui pour le retirer des mps groupés cute Un petit mot pour la fin ? Vous êtes toujours aussi fabuleux
SHADOWHUNTERS :  FALLEN BROTHERS | 2023
Luan Orozco
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Luan Orozco
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Character Fabula
Everyone is afraid of something. We fear things because we value them. We fear losing people because we love them. We fear dying because we value being alive. Don't wish you didn't fear anything. All that would mean is that you didn't feel anything



Le plateau vide plaqué contre mes côtes, je remonte la salle vers le comptoir où m'attend la responsable du moment avec un sourire trop large. Le genre de sourire que je connais très bien. Celui qui précède le genre de remarques qui commencent par « Écoute Luan tu fais du bon travail mais...» Je le vois venir à trois kilomètres, et déjà la conversation m'exaspère. Le plateau claque sur le comptoir, sèchement, tandis que je plante un regard inexpressif sur le visage de la jeune femme. « Luan, écoute, je sais que tu as fait des efforts dernièrement, je l'ai bien remarqué, mais si tu te sens pas bien aujourd'hui rentres chez toi ok ? Ça fait déjà trois clients qui se sont plaints depuis ce matin. » L'ombre d'un sourire passe en une fraction de seconde sur mes lèvres laissant à peine entrevoir une ridule sur le masque opaque. J'étais pas loin d'avoir deviné juste. Charline est juste beaucoup plus sympathique que beaucoup de mes employeurs précédents. Je cille, et elle soupire. « Vraiment Luan, t'es sympa, dans ton genre, mais essaie de montrer un peu plus de chaleur et de sympathie envers eux. » Et c'est bien là tout le problème derrière ces histoires, c'est que j'en suis peu capable.

Entraîné et formaté depuis toujours, étouffer les émotions est devenu une part entière de mon caractère. Être lisse, aussi intéressant qu'une plante verte, aussi insignifiant qu'une porte en fond de salle, pour passer inaperçu. Ne rien ressentir, pas même la moindre étincelle d'intérêt, pour contenir les furies de la bête endormie. « Nous les loups, on doit apprendre à se contrôler, à tout prix. On est réputés pour être incontrôlables, sujets à de fortes sautes d'humeurs et c'est véridique pour la plupart. La bête qui sommeil est impétueuse et sa force de caractère dévastatrice. Tu dois contenir dès maintenant tes émotions fils. Ne pas te laisser dicter par elles. Jamais. Même quand ton sang lupin se sera réveillé. » Des dogmes prononcés avec la froideur sans émotion de sa voix douce. Une litanie répétée encore et encore. Des brimades et des coups pour seules consolations quand l'enfant que j'étais se laissait gagner par les sanglots d'une émotion trop forte.

« Pose-pas de question si tu veux pas savoir la réponse !» La voix sèche de la madre résonne au-dessus de mon crâne. Les dents mordent la lèvre au goût salé des larmes. Des sillons qui marbrent la peau poussiéreuse de mes joues. Je revoie l'enfant que j'étais, je devais avoir six ou sept ans, et les mains tremblantes sous l'action qu'elles viennent de réaliser sous l'ordre directif de ma mère. J'ai osé demander pourquoi. Un simple pourquoi pour essayer de comprendre, donner du sens à ce que je viens de faire. Et la réponse a soulevé une vague de larmes dans un hoquet de dégoût. Nerea avait fini par siffler entre ses dents pour manifester son mécontentement face à ce débordements d'émotions que je ne parvenais pas à contrôler. J'avais besoin de ses bras, de la chaleur de ses cheveux contre ma joue, de son odeur ronde et rassurante de mère. Mais quand on était dehors, en représentation, elle n'avait plus ce rôle. Dans la meute, elle était Nerea, l'oméga froide et sans concession, qui claque sa main sur le haut de mon crâne dans une voix où perce une déception acide : « Arrête de geindre, tu nous fais honte. »
Une leçon difficile à apprendre, qui m'avait valu d'autres tapes derrière la tête et d'autres déceptions dans ses yeux sombres. Encore plus que les moqueries des autres, je détestais la peiner elle. Lui donner la sensation d'avoir tout raté, jusqu'à mon éducation. Je détestais l'idée d'être là source de sa déception et de sa rage qui lui faisait perdre le contrôle qu'elle recherchait tant. Je détestais ne pas être à la hauteur. Si bien que j'ai souvent durci mon cœur, me forçant à regarder ce que je ne voulais pas voir. A savoir ce que j'aurais préféré ne jamais découvrir. S'abreuver d'images pour plonger le cerveau dans une sidération passive. Jusqu'à ne plus pouvoir éprouver le moindre tremblement quand l'œil voit un doigt tomber au sol, tranché net, par la propre lame de son couteau.

Tout cela mis en perspective, je dois reconnaître que Charline a raison, ce matin je sens mes nerfs à fleur de peau. Les questions mielleuses et stupides des clients me tapent sur le système, ruinent toutes mes envies de faire le moindre effort. Je n'ai que du venin à leur répondre et l'insolence de les oublier volontairement quand ils se montrent trop insistants. C'est déstabilisant de le constater, car je n'ai aucune raison apparente de laisser ma mauvaise humeur, de chien soyons honnêtes, transpirer aussi clairement. Mes mâchoires se contractent dans une pulsion délicate qui resserre mes traits passant d'une neutralité lascive à un agacement visible. « Ouais, t'as raison. Je suis pas d'humeur à faire semblant aujourd'hui désolé. Ca doit être les pancakes ratés servi ce matin. Sérieusement, qui a foiré la pâte aussi magistralement ? - Arrête de raconter n'importe quoi, ils sont délicieux. » Mon interlocutrice roule des yeux au ciel avec l'esquisse d'un sourire amusé sur les lèvres. Je ne sais pas pourquoi mes remarques pleines de douceurs parviennent autant à l'amuser. Peut-être parce qu'elle aussi est de ceux qui distillent du citron dans leurs veines au quotidien face à une réalité devenue bien étrange depuis quelques années. Mais c'est le genre de choses qu'on ne parle pas trop entre personnes aux premiers abords. Même si ce ne sont pas des discussions qui me rebutent, le côté pathos et l'empathie attendu de la part des autres est en revanche souvent un véritable problème pour moi. J'aimerais pouvoir compatir à leurs propres drames, mais souvent cela m'indiffère. Ou du moins c'est ce dont j'essaie de me convaincre. Parce qu'en réalité, leurs histoires me ramènent inlassablement à la mienne. Et moins j'y pense. Mieux je me porte. Moins je pense à leur absence, aux images qui me brûlent l'intérieur de la rétine, moins je manque de perdre pieds dans un brasier incandescent. Je ne songe pas à ce jour comme une pierre angulaire dans une année. Je refuse de retenir la date, de sentir l'angoisse qui précède son arrivée. Mais l'inconscient se fiche bien de ce que le conscient essaie de mettre en place et la réalité me frappe comme une lame tranchante en plein milieu des côtes. C'est aujourd'hui. Mes doigts agrippent le comptoir avec une force qu'on ne me soupçonnerait pas. Le masque se fissure, une première zébrure qui trouble mon regard et qui n'échappe pas à ma responsable. « Luan ? T'as l'air fiévreux tout d'un coup. Je vais pas le répéter une troisième fois, mais si tu te sens pas bien, rentre chez toi aujourd'hui. » Sa voix inquiète me ramène brutalement à l'instant présent. Marica. Mes mâchoires se contractent franchement cette fois et je tente de garder en moi le monstre qui a planté ses griffes dans mes os. « Vaut peut-être mieux ouais. Avec ma veine je me suis choppé une intoxication alimentaire en voulant tester un restau dans le quartier des loups hier soir. » Je ricane doucement dans un sourire complice tout en me débarrassant du tablier de service qui me ceint la taille. La jeune femme hoche la tête, un regard trop inquiet brille dans ses yeux noisettes et sans doute que beaucoup de gens en aurait été attendri, ou ému. Personnellement ça me fait chier, je préfère quand les autres m'accordent du mépris, de la froideur, de l'exaspération et idéalement un peu de respect. Le reste ne sont que des apparats inutiles de l'empathie. Sauf que j'ai pas besoin d'empathie. Jamais. Je siffle doucement et un léger aboiement joyeux me répond derrière le comptoir. Quelques pas bondissants et Pola se frotte rapidement contre mes chevilles avant de me précéder vers la porte. J'ouvre celle-ci d'un geste le plus calme et naturel possible, chassant tant bien que mal l'image des charniers qui vibrent contre ma mémoire. Un goût de cendre me colle au palais et les efforts pour retenir ma main de trembler sont colossaux. « Je t'appelle dans la journée pour prendre des nouvelles ! » Je ne réponds que d'un haussement d'épaule et d'un arrêt marqué dans l'ouverture de la porte avant de m'engouffrer dans la rue passante d'Alicante. Il doit être aux alentours de dix heures du matin, une vie qui ne sommeille jamais bat ses pieds sur les trottoirs de la cité de verre mais je ne m'arrête pas pour en admirer la beauté. A dire vrai, je la trouve même plutôt laide cette cité. Ça manque de montagne, de forêts tropicales, de tempêtes et de pluies diluviennes. Ça manque de nature, de l'odeur fraîche des orchidées à l'ombre des chaleurs humides. Ça manque de sentiers rocailleux qui mènent sur des sommets qui surplombent des vallées abruptes. Ça manque de Colombie.
J'avance d'un pas mesuré, les yeux portés droit devant pour éviter de croiser mon reflet dans les vitrines des boutiques que je dépasse. Je n'ai pas besoin d'y plonger mon regard pour savoir l'or dont ils se sont parés. Je le sens dans mes fibres, dans chaque respiration chaude qui embrase mes poumons. Je resserre un peu plus les mâchoires et Pola se presse contre mes chevilles. Fidèle amie, elle sent tout autant que moi la détresse qui a rampé, sournoise, depuis mon subconscient jusqu'aux strates les plus hautes de mon cerveau. J'aurais dû faire plus attention aux dates. J'aurais dû voir le coup venir au lieu de vouloir prétendre en avoir rien à faire. C'est complètement stupide de me laisser prendre aussi facilement par quelque chose d'aussi attendu. La rage de ma propre erreur décuple plus rapidement les émotions qui n'attendaient qu'une ouverture pour briser toutes les roches qui les maintenaient enfermées dans des grottes profondes. L'urgence palpite dans mes dents trop serrées qui dilate une douleur crispée dans mes joues. Très légèrement, petit à petit, le rythme de mes pas s'accélère. J'aurais aimé pouvoir tenir jusqu'à la forêt de Brocéline, mais les images qui m'assaillent sont trop fortes et c'est le cœur douloureux que je quitte le quartier humain pour passer les remparts.

Ma première transformation avait été terrible. Comme elles le sont toutes. La madre ne pouvait supporter l'idée d'avoir enfanté un simple humain au lieu d'offrir un descendent à la meute digne de porter ses ambitions au plus haut. Je me souviens encore mot pour mot de nos conflits de l'époque. Des disputes d'une froideur qui rend aujourd'hui plus douloureux le souvenir de sa perte. Si j'avais su, à l'époque, que je n'avais plus qu'une petite année à vivre à ses côtés, j'aurais laissé ma rage de côté. J'aurais dompté ma rancœur et l'amertume de mes reproches. « C'est pas moi qui ait couché avec un humain. - J'avais pas prévu de tomber enceinte de lui. C'est bien pour que tu refasses pas les erreurs mon fils que tu portes aussi son nom - Trop aimable mère t'aurais aussi bien pu marquer bâtard sur mon bras. - Luan, le respect marica ! » J'avais craché, je me revois du haut de mes treize ans, un stupide gamin qui croit qu'il a toute une vie devant lui pour réparer les erreurs de sa mère et s'élever bien au-dessus d'elle. Un gamin qui ne fait que lui recracher sa propre rage contre elle-même. Un gamin qui a trop souvent entendu la version officielle, et la version officieuse légèrement différente, de cette histoire de fesses dont il est issu. Une louve qui profitait seulement d'un peu de bon temps et de la sympathie d'un terrestre, contre une louve éprise du mauvais gars du mauvais cercle de bandits qui se partageaient les bas-fonds de Bogota. Elle parlait de lui avec l'amertume vénéneux des amours brisés et des regrets de s'être laissée avoir par ces conneries. C'était trop facile, à treize ans, de lui renvoyer ses propres hontes en pleine tête. « Tu m'as élevé pour être un loup de la meute. Je suis l'un des meilleurs des autres enfants en discrétion. Prends tes responsabilités. » Je sais à ce moment-là que je la pousse vers ses derniers retranchements. Je sais que Nerea Orozco répugne à mordre son propre enfant, mais à ce moment-là je ne comprends pas pourquoi. Est-ce que je comprends mieux aujourd'hui ? Je n'en suis pas sûr, mais je suis certainement plus nuancé dans ma vision des choses. Mais à l'époque je ne comprenais pas. « Si c'est pas toi, j'irai voir Pablo directement. Lui il hésitera pas. » Elle siffle à nouveau entre ses dents serrées et ses yeux brillent sous la colère qu'un simple nom à suffit à allumer. Elle ne supporterait pas l'idée que j'aille voir directement l'alpha pour lui demander un tel acte parce que cela serait avouer sa propre incapacité à produire des louveteaux pour la meute. Hors cela fait partie des règles de cette dernière. Une façon de lier les loups les uns aux autres plus étroitement. Des générations futures qui pourront œuvrer pour le bien de l'organisation, mais aussi se dispatcher dans d'autres meutes assurer un vaste réseau de soutien en dormance. Ceux qui ne sont pas capables de remplir cette part du marché sont rapidement mis de côté. Injustement parfois. Mais la nature est injuste.
J'avais treize ans, donc, et le souvenir de la douleur de cette première transformation se répercute dans toutes celles qui sont venues ensuite. Et celle d'aujourd'hui ne fait pas exception.

Dans la semi discrétion d'une haie J'ai eu le temps de me défaire de mes vêtements les plus importants avant la transformation complète. Pola jappe doucement à mes côtés alors que je m'élance comme une flèche vers la forêt. J'ai besoin de la nature qu'elle renferme, son silence de feuilles qui bruissent dans le vent et le murmure des branches qui se frôlent. Un écrin de paix où hurler en solitaire la douleur qui grêle mon âme. Sous la forme lupine les sensations sont plus fortes, les émotions sont intenses et les souvenirs submergent tout. Je suis Luan de quatorze ans qui est stoppé net par sa mère alors qu'ils s'apprêtent à sortir de sa chambre aux sons des cris et des appels de la meute. « Non. Tu es discret et rapide, prends la moto, et tu connais bien le Grand Sorcier de Bogota. Va le prévenir. » L'adolescent que j'étais avait hésité, j'avais envie de me battre avec eux, mais jamais je n'avais Nerea dans une telle fermeté glacée. « File. C'est un ordre. » J'ai ma course en mémoire, rapide et précise, non contaminée par l'angoisse qui pulsait pourtant dans un coin de mon cerveau. Tout autour de la meute, l'odeur âcre du sang et de la mort avait imprégné mes sens. Le reste n'est que du détail marbré d'un rouge sombre. J'ai quelques souvenirs, des bribes, de la conversation que j'avais eu avec le sorcier qui m'avait accueilli. De mes demandes froides et pressantes. Et je m'étais attendu à tout sauf à être éconduit du Coven. Nos relations avec celui-ci étaient correctes, même souvent cordiales, d'une entraide mutuelle. Leur propre refus de prendre part à ce conflit avait eu le goût acide de l'injustice. Celle-là même contre laquelle j'avais toujours eu du mal à réfréner mes ardeurs et contrôler les plus intenses des émotions. Mais la porte resta close et je rentrai bredouille. S'associer aux vampires aurait pu être une option, mais le clan avec lequel on entretenait quelques relations commerciales avait disparu quelques semaines auparavant. J'avais quatorze ans, mais des oreilles toujours attentives. Je savais qui était notre ennemi commun. Je savais la dangerosité. Mais j'avais encore cet espoir fou de l'enfance encore tenace de nous croire forts et entraînés. Sous la protection d'un alpha dur et autoritaire, qui défendait les siens avec une ténacité sans faille.
Je n'ai su plus tard que la meute avait déjà sollicité les sorciers avant que Nerea ne m'envoie les chercher. Je n'ai su que plus tard qu'elle n'avait voulu qu'une chose, m'éloigner. Pour me protéger.

Dans la forêt de Brocéline, le loup solitaire pleure sa note de complainte dans la nature paisible d'un matin de janvier.

Je n'avais rien ressenti en découvrant le village brisé. Aucune larme n'avait roulé au sol. J'avais tout vu, tout regardé. Ouvert chaque maison à la recherche d'un survivant. Retourné chaque cadavre pour trouver le moindre signe de vie. Il existe un état de sidération si fort que le cerveau se bloque. Je crois que j'ai jamais trouvé plus belle parade que celle-ci pour annihiler toutes mes émotions. L'attaque avait été rapide, quelques heures tout au plus. Rapide et complète. Il ne restait rien de ce qui avait été mon quotidien ,ma vie, mon monde. L'odeur de la mort imprimée jusque dans la moelle j'étais resté près de son corps, incapable de faire face à la réalité. Dissocié de cette amputation de mon âme qui fit voler en éclat tout ce qu'il me restait d'enfance.

La haine, la rage, la douleur et ce terrible sentiment d'injustice, sont venus plus tard. La haine contre les fées et ceux qui avaient fermé les yeux, la rage de venger ceux qui ne devraient pas l'être, la douleur de l'absence et de la perte de repère, l'injustice de n'avoir pas été là pour les aider, et d'avoir honteusement survécu.

Pola lèche mon museau de sa langue rose. Elle seule sait apaiser ces crises d'angoisse qui me saisissent parfois. Elles sont devenues plus rares avec les années et le travail sur moi. Mais elles existent encore. Et ça me fait terriblement chier. Je déteste cet aveu de faiblesse et cette fragilité dans lesquelles elles me mettent. Cet épuisement mental qui me fait verser quelques larmes brûlantes parmi le sol de mousse de la forêt. Ce sont des conneries qui devraient plus m'atteindre. J'ai grandi ce jour-là, et la nausée qui me tord l'estomac à cet instant est une surréaction physique aux images souvenirs qui m'agace. Je vaut mieux que ça. Je me contrôle mieux que ça. Je leur dois mieux que ça. « Le sac Pola. Va chercher. » Ma voix rauque vibre avec une intensité qu'elle a rarement mais la petite chienne s'élance pourtant avec son enthousiasme caractéristique des chiens de compagnie.

C'est presque stupide d'être autant attaché à un animal et de l'être si peu des autres êtres vivants. Ou mort si on inclut les vampires. Mais peut-on vraiment s'attacher à ceux-là dans tous les cas ? Mais Pola c'est différent. Elle ne juge aucun de mes gestes, ne se méprend sur aucun de mes regards et soutient chaque variation de mon caractère avec le même enthousiasme. Elle est devenue ce qui se rapproche le plus de ma vie d'avant, cette union presque familiale qui unit une même meute. Une meute de deux. Un loup et une chienne. Je verrai ça chez n'importe qui d'autre que je me moquerais bien copieusement. Heureusement pour moi personne n'est au courant de ces crises d'angoisse. Et Pola ne parle pas. J'ai conscience, vaguement, qu'elle me sert de soutien émotionnel et c'est sans aucun doute grâce à elle que j'ai traversé les huit dernières années. Huit ans. Si loin et si proche encore. Assis contre un arbre, je ferme les yeux en attendant le retour de Pola avec mes affaires. Cela fait huit ans pour elle aussi. Elle n'était qu'un chiot de quelques mois quand je l'ai prise avec moi. Chienne errante sur les trottoirs de Bogota, une parmi beaucoup d'autres. Je ne sais pas pourquoi elle plutôt qu'un autre. Ni pourquoi c'est moi qu'elle a choisi, loup solitaire et meurtri, qui usait de ses lames avec plus de hargne encore que précédemment. Perdu dans un nuage sombre j'avais erré jusqu'à la tanière d'autres marginaux. De mauvaises fréquentations en mauvaises fréquentations j'avais trouvé de quoi occuper mes mains et mettre au service des autres mes aptitudes apprises dans la meute. Chez les humains, ils sont nombreux à avoir besoin de petites mains pour planter des lames sous des gorges et menacer de revenir couper plus qu'un doigt, la prochaine fois. Parmi les humains, Luan Ortega fit revivre la froide angoisse de certains qui avaient connu le père de son vivant. Au fond des tripots, j'en ai plus appris sur l'humain qui avait mis enceinte ma mère. Un beau connard de première lui aussi. Je pouvais presque deviner ce qui l'avait tant séduit chez lui. A vomir. La rue était devenue mon gagne pain, mes traumatismes ma capacité à exécuter les tâches les plus sales sans avoir à questionner le bien ou le mal qui se cachait derrière les ordres. Quel bien ou mal peut-il exister dans un monde qui m'avait abandonné ? Qui avait déchiré leurs chairs avec cette cruauté, n'épargnant personne. Pas même les plus jeunes. C'est dans ces conditions que j'ai rencontré une autre meute, le début d'une cohabitation houleuse entre un alpha bien différent de celui que j'avais connu. Mais un loup seul ne survit pas longtemps, Nerea me l'avait toujours dit, et j'étais trop jeune pour avoir l'espoir de prouver le contraire.

Luiz García me trouva le premier. Je ne sais pas tellement comment il avait eu vent de ma présence en ville parce que c'était plutôt le genre d'homme droit dans ses bottes. Un alpha tourné vers le bon côté de la loi. Celle lumineuse qui vous permet de parler de votre métier sans crainte et sans mensonge. Je sais encore moins pourquoi il décida de me prendre avec lui. « Viens, reste pas seul gamin. Les temps sont sombres pour un loup solitaire. Plus que jamais nous devons veiller les uns sur les autres. Qu'importe d'où tu viens. J'en ai rien à foutre qui était le connard qui t'a fait croire que tu étais qu'une arme pour servir ses intérêts. » Il parlait toujours comme ça Luiz, avec trois ou quatre insultes par phrases. Je l'ai détesté de m'accorder de l'attention tout en ayant une entière connaissance du milieu dans lequel je vivais. Il connaissait ma meute maternelle, je connaissais la sienne de nom parce que nous avions souvent été en conflit par le passé. Quand la vie n'était soucieuse que des chasseurs et des guerres de territoires. Et malgré tout ces éléments en sa possession il m'a fait entrer dans ce qu'il restait des siens. Peu avaient survécu des attaques des fées, une meute disparate de quelques loups qui n'avaient pas encore fui. C'est avec eux que j'ai appris que beaucoup des nôtres et des créatures obscures étaient allés se réfugier à Alicante. Une information qui n'était pas remontée jusqu'à moi, trop occupé à écumer les lieux douteux des humains. Certes, j'avais remarqué que les obscurs se faisaient beaucoup moins nombreux qu'avant dans ces établissements. Mais j'étais trop enfermé dans ma propre caverne mentale pour me poser des questions. Au contact de Luiz j'avais lentement réappris à respirer. D'une certaine façon, il avait réussi à briser la roche et faire entrer un souffle d'air, qui apporta avec lui le flot des émotions enfouies. Six mois après la mort de la la madre le désespoir de sa perte m'envahit, et avec lui, l'horreur de ce que j'avais vu. Les crises d'angoisses me volèrent mes nuits, et j'ai haï Luiz García pour tout le mal qu'il avait fait en pensant m'aider. J'aurais mille fois préféré rester dans ma grotte, emmuré dans le noir de l'oubli.

Pola revient se frotter contre mes genoux dans un frétillement de queue, fière d'avoir accompli sa mission. Dans sa gueule mon sac d'affaires légèrement mâchouillé pendant et je m'empresse de l'attraper pour enfiler mon pantalon et mon t-shirt. A nouveau assis sur le sol, je passe mes doigts dans la fourrure soyeuse de la petite chienne fauve avec un sourire songeur qui éclaire mes traits. « Gracias Pola mia. » Gracias por todo. Sans elle j'aurais perdu pied. « Aller viens on file. Ça m'a épuisé. » Je reprends la route de la ville fortifiée avec elle qui trottine devant moi. Elle connaît le chemin par cœur, même si notre appartement est en ville dans le quartier humain, nous venons souvent ici nous ressourcer dans la nature. C'est plat et moins diversifié que Bogota, mais ça fait un peu le travail. C'est toujours mieux que rien, surtout. Mais j'évite malgré tout de m'aventurer trop loin hors de la ville, j'ai appris récemment que Luiz García vivait de ce côté-ci, et si j'essaie de faire en sorte de me redonner ici la deuxième chance que je n'avais pas su saisir avec lui à quinze ans, je ne suis pas prêt à affronter mes actes le concernant.

Mon pied tape dans une branche et l'envoie retomber un peu plus loin pour le plus grand plaisir de Pola qui se jette dessus et repart avec, de plus en plus fière. Les mains dans les poches je sors de l'orée du bois en ressassant ces vieilles histoires qui ne datent pourtant que de sept ans. A force de refuser la bienveillance de Luiz, tout en y étant secrètement réceptif, j'avais fini par attirer l'attention d'un autre groupe de loups au sein de la meute. Mené par un bêta bien moins proche des vampires que Luiz ne l'était. L'alliance faite avec les survivants des clans de la ville ne convenait pas à tout le monde et si Luiz puisait dans ma rage pour apaiser mes blessures mentales, Javier puisait dans ma peine pour attiser mes désirs de vengeance. Et comme un adolescent de quinze ans trop sûr de lui, j'ai plongé dans la facilité. « Luan, il veut nous forcer à rejoindre Alicante. Déjà qu'on doit défendre ces foutus vampires. Et maintenant il voudrait qu'on abandonne nos territoires, notre vie, nos morts pour aller se cacher chez les chasseurs ? Il est devenu inapte à nous diriger. Nous devons agir, et on a besoin de toi. J'ai déjà vu de quoi tu es capable. J'ai confiance en toi. » Des flatteries qui avaient gonflé l'ego de l'adolescent en manque de reconnaissance. Et l'idée de tout quitter pour laisser derrière moi tout ce que j'avais connu depuis ma naissance m'était insupportable. Inconcevable. Comment je pouvais délaisser les terres où la madre reposait ? L'abandonner une deuxième fois ? Le feu de la douleur mêlée de rage dévasta mes dernières réticences. Le plan était simple, un défi à la hauteur de mes talents, infliger une blessure discrète mais décisive à l'alpha juste avant le début du défi relevé afin d'assurer une victoire à Javier. Une blessure sans laquelle le bêta n'aurait jamais pu espérer remporter le combat. Mais s'il n'avait pas la force, il avait la ruse de son côté.

Mon regard est dur quand je passe les remparts, non sans avoir récupéré les restes des affaires que je n'avais pas pris le temps d'enlever avant ma transformation. Machinalement mes mains plongées dans mes poches effleure le manche du couteau fin qui ne me quitte jamais. C'est difficile de repenser à cette histoire sans sentir l'incendie de honte qui me ronge le cœur. Depuis mes perceptions des évènements ont bien changé, ouvert sur la réalité du monde, loin du microcosme de Bogota, je comprends mieux la position qui avait été celle de Luiz et la nécessité qui l'avait poussé à émettre de tels conseils pour la meute. Et c'est rageant de savoir que j'ai été si facilement aveuglé par quelques belles paroles et des éloges mielleuses. Nerea aurait eu honte de moi. Je peux facilement imaginer le regard froid et déçu qu'elle aurait jeté sur moi, le pincement de ses lèvres en une ligne droite et muette avant de se détourner et de me laisser seul pendant plusieurs jours pour me faire sentir son immense déception. Inutile de prendre mon âge en excuse, mes seuls torts résident dans cette place trop importante laissée à l'écoute de mes émotions sur la raison. J'avais immédiatement regretté mon geste quand la lame avait mordu son dos, entre les côtes, et qu'il avait murmuré un « Luan » surpris mais non agressif. Presque un soupir teinté de compréhension triste. Plus acide que n'importe quel acier planté dans mon cœur. Le geste avait été rapide, discret, invisible, parfaitement exécuté. Après la défaite de Luiz qui, je ne sais comment, à survécu à ses blessures, les remords se sont ajoutés au torrent de lave des autres émotions et j'ai repris le travail sur moi. Renouant avec les exercices de mon enfance et la discipline de fer allant avec. Je me suis fait la promesse de ne plus jamais me laisser manipuler aussi facilement. Javier fut un Alpha chaotique, désordonné, qui mit la meute en danger de trop nombreuses fois et on perdait plus de loups qu'autre chose. A peine trois mois de sa gouvernance, et nous perdions Javier à son tour, tué dans un nouvel assaut des fées. Un mal pour un bien qui nous poussa, les survivants et moi, à gagner Alicante peu après l'agrandissement et la création d'Ialis. On parlait des sorciers de plus en plus pris à partis eux aussi, et si eux-mêmes ne parvenaient pas à se défendre, comment le pourrait-on, nous ?

Il est midi passé quand je fais tourner la clé dans la serrure de l'appartement. La faim mêlée à la fatigue renforce les angles durs de mon visage et je prends place dans les pièces communes sans me préoccuper de mon colocataire qui travaille depuis la table du salon, son casque sur les oreilles. Mes gestes sont précis et nets, ne laissant aucun mouvement superflus me séparer de mon steak de viande. Pola, bien moins farouche, est allée réclamer quelques caresses à l'autre homme de la pièce qui lui parle doucement. Je n'écoute pas les tentatives de conversation qu'il me lance, encore moins les moqueries salées qu'il me jette par-dessus l'épaule. Seul son « Oh Pola tu m'as ramené un Luanatique » parvient à m'arracher un roulement des yeux exaspéré. Je dépose néanmoins une assiette à côté de lui, par principe, j'ai dis que j'essayais de faire des efforts, non ? Avant de m'installer d'un raclement sec de chaise contre le sol. « Je juge à ta charmante humeur et l'heure matinale à laquelle tu rentres que tu t'es encore fait viré ? » Sa voix narquoise est prête à rire, je sais pas d'où lui vient cette capacité, ni pourquoi c'est lui qui est resté de toutes mes tentatives de colocations précédentes. Le désespoir sans doute, de trouver autre chose pour un loyer dérisoire. « Hmf... Non, on m'a donné ma journée. - T'as journée ? Tu as été aussi insupportable que ça ? Tu t'es battu ? Tu as critiqué leur café ? » Soudain beaucop trop intéressé par mon histoire l'humain a retiré son casque et le menton dans ses mains, les coudes plantés sur la table, il me regarde avec une curiosité pétillante de celui qui aime trop les ragots pour son propre bien. « Non j'suis malade. J'ai faillit vomir dans la tasse d'un client. - Han ? Mais non sérieux ? Comment tu te sens ? Et tu manges un pavé de viande à peine cuite malgré tout ? Attend je vais te faire du riz plutôt ! - Non ! » Ma voix claque, froide, trop intense pour une simple discussion de repas. Je hausse les épaules avant d'engloutir la première gorgée de mon repas presque déjà trop cuit. « Non, ça va. Je suis allé prendre l'air ça va mieux. - Ok, ok champion. Du moment que tu me plantes pas ce soir pour le concert tu manges bien ce que tu veux. » Un léger rictus étire un coin de ma bouche. C'est con, mais à force, j'ai fini par bien l'apprécier lui aussi. Du moins à le tolérer. Et pourtant Dieu sait à quel point il sait être exaspérant et ne m'épargne aucun de ses moments de discussion à rallonge pour raconter les enchaînements rocambolesques de sa vie.

La sonnerie de mon téléphone me tire des songes où je m'étais laissé sombrer après mon rapide repas. Machinalement mes doigts trouvent l'objet qui éblouit mes rétines dans la pénombre de la chambre. Le nom du messager me fait immédiatement soupirer dans une grimace. Un message de la meute, une invitation - ou plutôt une injonction - à venir le plus rapidement possible. Je serre les dents dans un grognement avant d'enfouir ma tête dans les poils chauds de Pola qui dormait contre moi. « On va devoir bouger finalement, on peut dire adieu à notre après-midi chill à gratter la guitare. » Comme si elle comprenait ma réticence à changer mes plans, sa truffe humide glisse contre ma joue dans un léger aboiement. Je ne suis pas le loup le plus impliqué de ma nouvelle meute, mais je m'efforce de rester actif malgré la lassitude qui ronge mes nerfs. « Un loup est fidèle à sa meute, même quand il est forcé d'en changer. Ce qui arrive rarement. » Une autre phrase que Nerea disait souvent, un autre de ses dogmes dicté pour m'enchaîner corps et âme à la sienne. Une vérité qu'elle pensait sans doute aussi dure que l'acier. Mais le monde qu'elle a connu est mort avec elle. Huit années et trois meutes plus tard, cette constante me semble dérisoire, tout en gardant un fond de vérité. Que ce soit auprès de la Zarpa Roja avec Luiz García, ou ensuite de la Ironhide, et maintenant de la Plena Lunae, je n'ai pas encore réussi à retrouver cette union forte qui m'unissait à celle de la Mano Mara. Là encore, j'essaie, mais les liens sont discontinus rendus complexes par les origines multiples des survivants dont elle est composée. Des mélanges qui rendent électriques les échanges entre ses membres, et tout le monde sait qu'une meute instable ne permet pas aux loups de trouver les bases solides sur lesquels puiser la stabilité dont ils ont besoin pour contrôler leurs propres émotions. Toute cette nervosité contamine même mes efforts pour rester le plus neutre possible. C'est pour ces raisons que j'ai choisi de vivre dans un autre quartier, mêlé aux humains, pour fuir de temps en temps la lourdeur des orages qui roulent au-dessus du quartier lupin. Mais la meute ne se laisse pas distancer si facilement et le bêta de la Vicinia garde un œil  très serré sur moi. Principalement à cause de cette fâcheuse habitude de me faire renvoyer de tous mes jobs, d'habiter hors du quartier, et parce qu'il trouve que j'ai une tête de con. Ou je ne sais trop quelle autre raison. Est-ce qu'il a tort ? Bien sûr que non.  Personne devrait avoir confiance en moi. Je ne suis pas un gars recommandable. Mais qui se targuer de l'être totalement après toutes ces guerres plus moches les unes que les autres ?

Je passe un large pull à capuche sur mes épaules qui trainait dans le salon et qui sent passablement le chien, avant d'adresser un dernier signe à mon colocataire étonné de me voir déjà debout. « J'ai un truc à faire en ville. On se voit ce soir au bar pour le concert. - Eh on avait dit qu'on irait ensemble ! J'ai pas envie de t'attendre comme un poireau au beau milieu de loups. Ils sont toujours si nerveux de tout, l'enfer. - Tu m'en diras tant. Je t'envoies un sms quand je suis devant, ok ? Je prends ma guitare avec moi. » Il sourit à pleine dent et je soupire d'exaspération. Je lui passe décidément trop de choses à celui-là. Faudrait pas que mes efforts pour rester sur le fil du bon gars me fasse virer trop sensible non plus...



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Luan Orozco
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Vos listings
SOS Admins en détresse

Comme votre personnage représente une personne, mais également beaucoup d'informations pour le staff, nous avons remarqué que des fois nous inscrivions pas ce qui vous convenait dans les listings ! Afin de le faire au mieux, nous vous demandons de remplir les points nécessaires à votre personnage avant votre validation  

Pour recenser son avatar
Code:
<font style="color: #723a42;">Danny Lux</font> ☩ @"Luan Orozco"

Pour recenser son prénom et son nom, son anniversaire et sa race
Code:
➺ Luan
➺ Orozco
☩ Luan Orozco → 28 juin
☩ Luan Orozco → Loup-garou

Pour recenser son métier
Allez jeter un coup d'oeil au bottin des métiers. Et pour ajouter un lieu de travail dans le bottin avant ou après votre validation, contactez le staff.
Code:
Nom du Lieu de travail ☩ Street Spice
Poste occupé ☩ Serveur</blockquote>

Pour ajouter votre personnage à une communauté
Code:
Votre pseudo ☩ Luan Orozco.
Appartient à ☩ () Clan de Vampires  (X) Meute de Loups () Coven de Sorciers
Clan/Meute/Coven concerné ☩ Meute de La Vicinia
Rôle au sein de la communauté ☩ Gammai

Pour recenser sa Marque de Sorcier et son Parent Démoniaque
Chaque sorcier possède sa marque depuis la naissance. Il est donc important aussi de les recenser pour peut-être donner quelques idées de ce qui est possible d'avoir en tant que marque. Chaque sorcier est également né d'un démon, afin de ne pas nous perdre ou de vous retrouver avec un frère ou une soeur inconnu.e vous pouvez vous déclarer à l'état civil ! Évitez les doublons, mais nous ne les interdisons pas. Si vous visez un démon déjà pris, contactez le joueur en amont !
Code:
<fc>Nom du démon du 5ème Cercle</fc><blockquote>☩ Marques : Ecrire ici
☩ Enfants : Places libres
☩ Agrandir la famille :Oui / Non</blockquote>

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Bienvenue !
La rédaction de ta fiche

Bonjour et bienvenue à toi sur l’aventure Fallen Brothers !

Alors que tu débutes ta présentation, voici quelques informations que tu dois savoir ! flowers

À partir d’aujourd’hui, tu as 15 jours pour rédiger et terminer ta présentation. Si ce n’est pas assez, nous pouvons te donner un délai de 2 semaines supplémentaires. N’oublie de signaliser ta fiche terminée dans ce sujet.

Le profil, situé sous votre avatar, est important afin de connaître les informations de base sur ton personnage. Aucune validation ne sera accordée si ce profil n’est pas rempli ! Alors, prends bien le temps de le remplir avant de nous demander ta validation.

Enfin, nous te souhaitons bon courage pour la rédaction de ta fichette ! loove
Le staff de SH Fallen Brothers

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Un petit bébou dont il va falloir se méfier s'il a toujours un petit couteau dans la poche 👀
Bienvenue parmi nous une nouvelle fois fire Hâte de découvrir ce petit double compte ! Si tu as des questions tu sais par où il faut passer :hugs:


don't let the hard days win
Olympe was different, though. Sweet and gentle, yet there was a little of her father in her, too. Cold and sarcastic, we don't really know when Lucifer stopped perverting his daughter.
Nathan Lancaster
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Pseudo : Petit Evoli
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Re bienvenue avec cette bouille ! Bon courage pour ta fiche ! cute


We are a family

You are the most precious thing I have, and the thing I am most afraid of losing. Because we are a family.

KoalaVolant
Luan Orozco
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@Olympe de Briant Merci ! J'espère qu'il vous plaira aussi ce p'tit bébé là cute
(Faut bien se défendre comme on peut on a pas tous neuf vies sous la patte drama )

@Nathan Lancaster Merci à toi coeur j'ai hâte de finir et de le mettre en jeu aussi !
Il y avait un peu trop de vampires dans le coin fallait rééquilibrer avec un peu de sang chaud miguel



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Validation
Félicitations ! Ta fiche est validée. Tu rejoins officiellement l'aventure de Fallen Brothers

Bienvenue dans l'aventure
Te voilà officiellement membre de SHFB !
Désormais, tu vas pouvoir aller te battre pour tes convictions dans le Monde Obscur ou simplement vivre ta vie ! Tu trouveras notre petit commentaire de validation, puis pour ne pas te perdre sur le forum : quelques liens et indications pour bien débuter ton aventure !

Notre avis sur ta fiche

Notre premier petit loup, me voilà facilement émue parce tout ce que j'ai lu. sa vie n'a pas été facile, ni sa mère. Mais elle l'aimait putin c'est beau. J'ai hâte de découvrir les préliens moi du coup, et surtout en apprendre plus sur l'humain qui vit avec lui, alors voilà, va courir dans Alicante petit lou-loup coeur

Informations utiles
Maintenant que tu es un membre validé, tu peux de suite aller vérifier si les bottins sont bien à jour concernant tes informations. Il se peut que nous prenions plus de temps pour les remplir, mais si sous 48h, elles ne sont toujours pas là, tu peux passer par le sujet des oublis du staff.

Et dès à présent, tu peux nouer du lien communautaire en passant par ta fiche de liens, pour bien t’ingérer à l’aventure. Pour la démarrer, n’hésite pas à poster une fiche de RP pour ne pas te perdre au fil de tes récits. En manque d’aventure ? Poste une recherche de RP afin de trouver des camarades de jeu à Alicante. Finalement ta fiche n’était pas assez longue ? Tu peux développer plus dans tes mémoires, un espace personnel et modulable selon tes envies t’y attend ! Besoin de passer un appel ? Les communications sont là pour ça également

D’ailleurs, si tu veux aussi discuter avec les autres membres du forum, tu peux passer par le flood et les jeux du forum. Envie d’attirer de nouveaux copains et de gagner un peu d’éclats ? Vote pour SHFB sur les tops sites.

De plus, si tu le veux, un serveur discord est disponible !

Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’oublie pas que cette partie est le pont d’accès entre le staff et toi, même si nos MPs sont toujours ouverts en cas de besoin. Enfin pour finir, si tu dois t’absenter, n’oublie pas de nous prévenir de ton absence.

Voilà, c’est le petit mot pour t’aider, mais désormais, nous te souhaitons la bienvenue parmi nous et te souhaitons une longue vie dans la Cité de Verre ! Bon jeu


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