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We are good at being case team right ? | Cyril
L'air sucré de la forêt ravit ses sens. Elle ne peut s'empêcher de faire un détour par la forêt quand elle fait l'effort de se rendre à l'Ialis. En partie pour prendre les forces nécessaires pour affronter la horde de loups qui y vit pour la majeur partie, mais également pour faire le plein de cette nature qui lui manque tant entre les murailles d'Alicante. Le crépuscule révèle les odeurs de sève dans un doux fumet qui dessine un sourire doux sur ses lèvres pâles. Elle a pris soin de boire à sa convenance avant de faire le trajet depuis son office au quartier des vampires afin de n'avoir à indisposer personne au cours de cette entrevue tardive. Ce n'est pas tellement dans ces habitudes de venir jusqu'ici, même si elle fait l'effort de fréquenter le bar de La Lune Rousse au moins une fois tous les trois mois pour tâter la température des esprits locaux. Mais son rendez-vous du soir s'est trouvé une place dorée dans le seul établissement de loi du pays qui a trouvé juste de s'installer hors des murs de la ville. Un choix stratégique, Idunn le reconnaît sans regret, mais un choix qui l'oblige à prendre quelques dispositions. Si elle a fait la paix avec une proximité lucrative des loups-garous depuis des siècles, elle n'a pas la naïveté de croire que le pendant est réciproque. Surtout depuis qu'elle a commencé à fréquenter quelques unes de leurs soirées boxes pour décharger ses propres émotions qui fourmillent dans ses nerfs à fleur de peau. Ses quelques victoires ont rendu certains amères de leurs défaites, et la vampire aime trop taquiner les humeurs pour être capable de rester discrète et humble.
Son pas est rapide et ferme tandis qu'elle profite de sa balade sous les arbres. Elle se garde une visite vers le cœur de la forêt pour plus tard et reste à l'orée des bois. Elle a sollicité une entrevue avec un des gardiens de la paix de la Pierre de Lune et Idunn déteste être en retard. A peine les derniers rayons de soleil couchés, elle avait filé hors de son office pour rejoindre l'extérieur de la ville. Elle n'avait que quelques dizaine de minutes de battement avant l'heure fixée. La scandinave aurait aimé pouvoir surprendre entièrement l'homme qu'elle venait voir, mais par les temps qui courent les lieux de lois sont des sanctuaires de sécurité et vu son emplacement, elle avait préféré jouer la carte des protocoles et solliciter un rendez-vous sous un prétexte plus ou moins véridique. Elle s'était faite passer pour une citoyenne de la cité, souhaitant des informations sur une personne portée disparue. Ce qui n'était pas tout à fait vrai, ni tout à fait faux. Elle avait grandement besoin d'informations concernant un humain recherché par sa famille qui n'avait pas donné signe de vie probant depuis leur arrivée à Alicante. Des réfugiés comme tous les autres, poussés par la nécessité de la guerre, à prendre leurs quartiers ici. Une famille inquiète et un humain en fracture avec eux, un besoin compréhensible de couper les ponts. Une légère aura de non-dits et de drames familiaux avait rapidement éveillée la curiosité de la vampire et aujourd'hui elle prend ce dossier comme appui pour se donner une excuse de venir déranger un gardien de la paix. Officieusement, elle ne souhaite qu'une chose, avoir l'occasion de renouer avec une ancienne connaissance, un sorcier habile avec lequel elle a plusieurs fois travaillé dans le passé.
Enfin elle quitte la forêt pour se rapprocher d'Ialis, son sourire se fait plus conventionnel et moins doux. Son allure se redresse légèrement également, elle a l'attitude fière et sûre d'elle qu'elle maîtrise à la perfection déversant une impression générale de stabilité forte qu'elle s'amuse à mettre en avant quand elle se montre en territoire peu amical. Le regard du premier loup qu'elle croise dans le village l'amuse mais elle ne dit rien et se contente d'un regard glacé en retour. La louve en revanche se targue d'une remarque ronde d'émotions chaudes que la vampire à l'indécence de ne pas écouter avant de pousser la porte du poste centrale du maintien de la paix.
L'endroit est largement éclairé pour palier au manque de lumière naturelle en cette tombée de nuit de septembre et les iris d'Idunn mettent quelques secondes à s'habituer de cette nouvelle luminosité. En quelques enjambées assurées la scandinave se place devant la personne chargée de l'accueil et s'annonce sans plus attendre. Le hall d'entrée étant désert, elle ne s'encombre pas en se demandant si c'est à son tour ou non. « Bonsoir, j'ai rendez-vous avec l'agent Cyril Kane. » La personne hoche la tête avant de taper sur son ordinateur dans ce qui ressemble à un éclat enthousiaste dans le regard. « Il vous attend dans son bureau, suivez-moi. » D'un bon tout aussi exalté le jeune homme de lève de sa chaise et Idunn assume qu'il est tout simplement heureux d'avoir un prétexte pour bouger de son bureau. Est-ce que les journées ici sont toutes aussi tranquilles que le calme plat qui règne actuellement dans la pièce ? Les questions roulent doucement dans sa tête tandis qu'elle suit les pas de son guide à travers le couloir qui mène aux bureaux des officiers. L'homme s'arrête enfin devant une porte, toque avant de l'ouvrir pour annoncer l'arrivée de son rendez-vous. Après s'être effacé pour laisser passer la vampire, celle-ci entre avec un sourire narquois sur les lèvres, attendant que la porte se referme derrière elle pour lancer un délicat : « Bonsoir Cyril, j'ai été ravie d'apprendre que tu avais repris du service comme agent ici. Ou officier ? Comment je dois t'appeler ? » La scandinave fait quelques pas de plus pour s'installer sur une chaise face au sorcier sur lequel elle pose un regard pétillant de malice. « C'est toujours aussi calme ici ? Ou ton voisinage lupin te donne quelques occasions d'avoir un peu d'actions et quelques affaires à te mettre sous la main ? » D'un geste calme, tout en parlant, Idunn sort un dossier de la pochette qu'elle tenait dans les mains. Le fameuse histoire de cet humain disparu dont elle aimerait avoir quelques informations complémentaires. Elle ne l'ouvre pas immédiatement et se contente de le poser avec nonchalance sur le bureau de Kane.
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Tranquillement installé à son bureau, Cyril profite un temps du calme du moment. Certes, il n'y a pas d'enquêtes en ce moment, pas de mission pour faire respecter la loi et le calme de la ville, mais une fois de temps en temps, ça ne fait pas de mal, songe le Gardien en s'étirant sur son fauteuil. Même si, il faut bien le reconnaître, un peu d'action ne lui ferait pas de mal.
Mais il semble qu'il ait été entendu, car il a reçu quelques temps plus tôt un message d'une vieille connaissance, Idunn Varangr, avec laquelle il a eu par le passé quelques affaires communes, qui lui servait parfois d'indic et à qui il donnait, en échange, un accès aux données officielles en passant par son poste à lui. Un échange équivalent que le Gardien appréciait et qui lui manquait quelque peu ; voir l'enfant de la nuit apparaître de nouveau dans sa vie, sûrement pour lui demander un coup de main, lui arrache un sourire. C'est qu'elle lui manquait, la jolie blonde, ainsi que leurs enquêtes communes.
Alors qu'il se lève pour aller se faire un café, il est interpellé par une voix masculine, celle de son collègue Francesco - surnommé Cisco - qui lui lance :
Tiens, voilà une jolie tête blonde qui arrive. Tu penses qu'elle serait OK pour prendre un verre ?
Je préfère te prévenir, mon vieux, laisse-la tranquille. Elle viendra à toi si elle est intéressée, lui rétorque Cyril en lui lançant un regard en coin.
Cisco hausse les épaules et s'éloigne, n'entendant pas le soupir de Cyril qui s'échappe de ses lèvres ; au moins, il sait que Cisco écoutera son conseil, comme toujours. Cet échange disparaît aussitôt de son esprit lorsqu'il voit débarquer la belle scandinave dans son bureau, lui lançant avec malice :
Bonsoir Cyril, j'ai été ravie d'apprendre que tu avais repris du service comme agent ici. Ou officier ? Comment je dois t'appeler ?
Gardien de la Paix. Mais juste Cyril, c'est bien aussi, sourit-il alors qu'elle s'installe face à lui.
Il avise le dossier qu'elle sort de sa sacoche pendant qu'elle reprend :
C'est toujours aussi calme ici ? Ou ton voisinage lupin te donne quelques occasions d'avoir un peu d'actions et quelques affaires à te mettre sous la main ?
C'est calme en ce moment, je te l'accorde, mais une fois de temps en temps ça ne fait pas de mal, répond-il en se penchant pour prendre le dossier et le rapprocher. Avant que tu ne me dises quel bon vent t'amène, je te sers quelque chose ? En souvenir du bon vieux temps ?
« Gardien de la Paix. Mais juste Cyril, c'est bien aussi. » Elle avait hoché la tête à ce titre quelque peu pompeux selon son propre avis. Elle retient sans difficulté le rictus moqueur qui aurait envie de venir s'étaler sur ses lèvres. Gardien de la paix. Une dénomination qu'Idunn a toujours trouvé trompeur voire même complètement ironique quand elle a vu de nombreux d'entre eux guerroyer sous ce titre. Elle a plutôt l'impression que ce sont de ferveur défenseur des conflits, qui gardent la paix dans une boîte bien fermée à l'abri des cœurs qui voudraient en faire un étendard blanc sous lequel s'unir. Mais elle n'est pas là pour remettre en question les mots à côtés desquels Cyril associe son nom aujourd'hui. Ainsi la vampire laisse cette information glisser sur ses traits lisse comme un iceberg sans s'attarder dessus. « C'est calme en ce moment, je te l'accorde, mais une fois de temps en temps ça ne fait pas de mal. Avant que tu ne me dises quel bon vent t'amène, je te sers quelque chose ? En souvenir du bon vieux temps ? » Idunn le regarde prendre le dossier sans rien dire, une lueur amusée dans le regard, tout en croisant délicatement ses jambes. Son dos se cale un peu plus contre le dossier de sa chaise, signe distinctif qu'elle compte bien accepter la proposition de boisson de son interlocuteur et qu'elle envisage une conversation intéressante de durée indéterminée. A dire vrai, elle est sincèrement heureuse de retrouver Cyril, un sorcier qu'elle considère pour sa droiture et son sérieux. Un homme qu'elle pourrait appeler ami, dans ce monde dévasté qui a épargné trop peu d'entre eux. « Avec plaisir pour un verre. Qu'est-ce qu'un gardien de la paix peut bien avoir à boire dans son bureau ? » Un sourire amusé étire ses lèvres, après tout le sorcier est encore en poste et elle doute qu'ils servent de la bière dans la salle de repos du poste. Quand bien même le bar de La Lune Rousse n'est pas très loin d'ici. Elle reprend, glissant un regard curieux vers les tiroirs qu'elle devine de l'autre côté du bureau : « Une réserve personnelle cachée derrière un dossier secret-défense, pour pimenter quand les nuits de garde se font trop calmes ? » Elle taquine trop clairement, elle s'amuse gentiment la vampire. Elle a toujours eu un humour salé qu'elle assume entièrement et dont Franz fait les frais depuis qu'ils cohabitent ensemble. Cela dit, elle saurait se contenter d'un café si la proposition de Cyril Kane n'allait pas au-delà d'un verre décent et légal. La vampire n'est pas du genre difficile quand elle retrouve de vieux amis sur leur lieu de travail sans s'être proprement annoncé. Son regard quitte le visage de son interlocuteur pour se poser sur le dossier qu'il a rapproché de lui, plus un prétexte pour venir le voir qu'une nécessité urgente. Les informations qu'elle compte lui demander elle pourrait les trouver ailleurs, avec un peu de finesse et beaucoup de recherches. Elle ira sans aucun doute plus rapidement avec un accès officiel aux registres, un gain de temps qui lui permettra de se concentrer sur les autres enquêtes en cours, notamment celle visant l'ambassadeur de son propre clan. Depuis qu'on est venu la trouver pour avoir des informations sur les alliances et accointances de Nathan, la vampire a commencé à remonter lentement la piste des commanditaires, et les méandres noueux qu'elle découvre ne lui disent rien de bon. Elle s'y connait suffisamment pour sentir l'odeur d'une nébuleuse orageuse qui l'enthousiasme beaucoup. Elle ne devrait peut-être pas se réjouir autant sachant que l'homme qu'elle aime est le cœur central de toute cette intrigue, mais c'est l'une des premières enquêtes un peu sombre qui vient frapper à sa porte depuis longtemps. Et tout comme Cyril, probablement, elle ne peut résister à l'appel d'une enquête sérieuse qui vient mettre à mal son esprit de déduction. Après quelques secondes de silence, elle reprend la parole d'une voix calme, ses yeux clairs à nouveau posés dans ceux du sorcier : « Le seul bon vent qui m'amène c'est celui de revoir un vieil ami voyons Cyril, est-ce que tu insinue que je ne viens que pour utiliser tes bons services ? » Idunn se retient de rajouter la pique qui roule sur sa langue, taquiner un sorcier sur la conception des relations basées sur des échanges de service est trop facile. Trop acide également, pour des retrouvailles. Et si elle n'en pense pas un mot, le dossier entre eux étant suffisant pour appuyer la vérité quant à sa volonté de lui demander un service, elle trouve cela amusant de faire comme si de rien n'était. Est-ce que le gardien de la paix sera sensible à ce second degré ? Elle n'en n'est pas certaine. Elle connaît le Cyril d'avant la guerre féerique. Or cette dernière à changé beaucoup de monde, elle en premier. Alors elle retient le reste de sa réplique moqueuse avant de faire un léger signe de main comme si elle voulait gommer sa dernière phrase avant de reprendre d'une voix plus douce. « J'aimerais avoir de quoi te promettre une enquête pleine d'aventure mais je suis comme toi, les grosses affaires ne courent pas les rues. Ce qui est positif, j'imagine. Décevant pour nous aux autres enquêteurs, mais bénéfique pour nos concitoyens. » Et ce devrait être tout ce qui compte. Mais Idunn a passé trop d'années, de centaines d'années, à faire travailler son cerveau avec dévotion pour apprécier le calme de ces derniers années sans en éprouver une pointe d'amertume et d'ennuis. Son besoin de s'occuper la tête étant plus pressant que jamais, elle ne refuse aucune mission, même les plus communes, et elle s'est même prise à accepter d'entraîner au combat quelques personnes qui ont su trouver les mots pour la solliciter. Gabrielle la première. Un infime éclat tendre filtre dans ses yeux quand l'humaine s'impose dans ses pensées.
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Cyril sourit avec malice lorsque Idunn accepte son invitation à boire :
Avec plaisir pour un verre. Qu'est-ce qu'un gardien de la paix peut bien avoir à boire dans son bureau ? Une réserve personnelle cachée derrière un dossier secret-défense, pour pimenter quand les nuits de garde se font trop calmes ?
La réserve personnelle, c'est dans le bureau du chef, et autant te dire qu'il la garde sous clef, répond Cyril en se dirigeant vers la petite armoire qui se trouve sous son bureau. Par contre, moi, j'ai du café, c'est déjà pas mal, non ?
Il sourit, amusé, et prépare deux tasses de café tout en écoutant Idunn lui répondre avec une légère pointe moqueuse dans la voix :
Le seul bon vent qui m'amène c'est celui de revoir un vieil ami voyons Cyril, est-ce que tu insinue que je ne viens que pour utiliser tes bons services ?
Bien sûr que non, voyons. Simple déformation professionnelle, répond-il en ramenant les deux tasses de café et en tendant l'une d'elles à son amie.
Il est sincère, comme toujours avec la vampire qui fait, il peut le dire, partie de son cercle de confiance quelque peu restreint. En général, si on vient le voir, c'est pour régler une affaire, pas pour parler de la pluie et du beau temps... Mais il n'est pas dupe, ayant remarqué le dossier amené par Idunn, aussi décide-t-il de lui laisser le temps d'amener le sujet par elle-même, alors qu'il s'installe au fond de son fauteuil et pose son regard clair sur son amie qui reprend plus doucement :
J'aimerais avoir de quoi te promettre une enquête pleine d'aventure mais je suis comme toi, les grosses affaires ne courent pas les rues. Ce qui est positif, j'imagine. Décevant pour nous aux autres enquêteurs, mais bénéfique pour nos concitoyens.
Comme dit, une fois de temps en temps, du calme ne fait pas de mal, sourit-il. Mais d'expérience, je sais que tu n'aimes pas rester inactive trop longtemps, c'est bien l'un des points qui nous rapprochent, toi et moi.
Il hausse les épaules et lui lance un regard en coin, l'air de rien :
Après, s'il faut un temps sortir du cadre de mon travail pour avoir un peu d'action... Je suppose que ça doit être négociable.
En règle générale, Cyril est un homme droit et intègre, mais il est vrai que les délits mineurs qui s'accumulent ne sont pas aussi exaltants qu'une enquête ou une traque avec Idunn, et que ça tend à lui manquer en ce moment. Mais qui sait, peut-être que ça ne saurait tarder à changer, songe-t-il en reprenant une gorgée de café.
Ses yeux suivent les gestes de Cyril quand il se déplace pour atteindre le placard sous son bureau. Du café, donc, c'est moins intéressant qu'un verre de whisky c'est certain, mais Idunn est loin de s'en formaliser. Elle connaît suffisamment Cyril pour savoir que c'est de toute façon l'option qu'il aurait choisi quand bien même il aurait eu le choix. Le sorcier est intègre et d'un professionnalisme qui l'avait rapidement séduite lors de leurs premières rencontres. Un homme de confiance autrement dit. Sur qui on peut compter, et que l'on peut difficilement acheter. Tout comme lui sait s'entourer de personnes sûres, Idunn sait trouver les pépites et Cyril Kane en est une qu'elle est très heureuse de retrouver ici, à Alicante. Et si elle a tardé à venir le voir c'est bien à cause de ses propres difficultés à renouer avec les autres que par désintérêt. La dernière bataille ne date que de cinq ans en arrière après tout. Une pacotille pour deux êtres immortels comme eux. Un battement de cils à peine suffisant pour chasser les gouttes humides des peines causées par les pertes.
Le gardien de la paix dépose deux tasses fumantes sur le bureau et la vampire s'empare de celle qui lui est destinée tout en continuant de parler, ne le remerciant que d'un léger signe de tête. L'odeur ronde qui s'engouffre dans ses narines est bien plus efficace que la caféine en elle-même pour éveiller ses sens. Comme tous les siens, les effets des aliments et liquides ont bien peu d'incidence sur ses fonctions corporelles, et il lui faut absorber beaucoup de litres de ce liquides sombres pour sentir une légère hausse de son énervement. D'ailleurs, elle n'est pas tout à fait certaine de l'effet que le café est sensé produire. Dans son lointain souvenir de sa vie d'humaine, un tel breuvage n'avait pas encore franchi les frontières de la Scandinavie. Elle n'en n'aime pas moins l'odeur, devenue universelle et omniprésente dans les villes au fil des siècles, et elle ne peut s'empêcher de l'associer à des époques précises de sa vie avec nostalgie.
« Mais d'expérience, je sais que tu n'aimes pas rester inactive trop longtemps, c'est bien l'un des points qui nous rapprochent, toi et moi. » Idunn voit le regard en coin et comprend aisément le sous-texte qui lui fait esquisser un sourire malicieux. Il n'a pas tort, évidemment, puisqu'il la connait que trop bien. L'inaction n'est pas dans ses cordes, elle n'a jamais été capable de rester à se languir dans des salons capitonnés à s'écouter parler ou à paresser dans des couvertures de soies à attendre que les heures s'écoulent avec mélancolie. Non, elle laisse ces étranges habitudes à d'autres. La détective a besoin d'actions, de mouvements, de sollicitations mentales et de l'adrénaline du mystère pour supporter cette longue existence. Peut-être est-ce là les conséquences de l'éducation reçue par Magni Varangr dans un lointain passé, ou simplement les résidus d'une vie au milieu du froid et des conflits à devoir lutter pour vivre. Et peut-être, aussi un peu, sa persistante idée qui l'accompagne depuis toujours, d'avoir été placée sous la protection de Freya l'infatigable. Un tout mélangé qui lui donne aujourd'hui le besoin, plus que jamais, de se lancer à corps perdu dans toute sorte d'activités diverses dont Cyril à sans nul doute entendu parler. « Après, s'il faut un temps sortir du cadre de mon travail pour avoir un peu d'action... Je suppose que ça doit être négociable. » La vampire lui sourit en retour, énigmatique, avant de porter la tasse à ses lèvres et d'en boire une longue première gorgée. L'amertume chasse du café chasse les restes de son repas précédent, et elle laisse l'arôme roule contre son palais dans un silence volontaire. Elle aime travailler ses effets, et même si son dossier du jour n'est pas particulièrement extraordinaire, elle a bien l'intention de le rendre le plus mystérieux possible. Peut-être bien qu'avoir un coéquipier lui manque bien plus qu'elle ne veut le reconnaître. « Merci beaucoup pour le café, il est excellent. » Ses doigts glissent délicatement sur le bord de la tasse dans un cercle doux tandis qu'elle plante un regard presque gourmand dans celui du sorcier. Elle a l'attitude de l'enfant qui s'apprête à offrir un gâteau tout en essayant encore de retenir le moment de la révélation. « L'inaction ne fait pas partie de nos habitudes, tu as raison. J'avais bien peur que tu finisses par rouiller ici, réduit à boire des cafés en continue en attendant qu'une aventure palpitante te tombe sur le coin du nez. » Elle grossit le trait volontairement d'une voix douce. « Moi-même je me suis surprise à me complaire dans une vie de famille casanière inattendue au début de mon arrivée ici, mais je crois bien avoir trouvé un petit quelque chose à nous mettre sous la dent. » Son sourire se fait plus large tandis qu'elle étend son bras pour tapoter distraitement le dossier que Cyril avait ramené vers lui précédemment. « Façon de parler, bien entendu. » Un petit trait d'humour de créatures obscures qu'elle ne peut s'empêcher de faire pour chasser les pensées plus sombres qui se sont glissées dans son allusions à cette famille dans laquelle elle se perd. Dans ce renfermement du monde extérieur qu'elle ne parvient pas entièrement à dépasser et qui l'a tire en réalité dans une tristesse profonde. Une réalité qu'elle cache à tout le monde, et à elle-même en premier. « J'ai, dans ce dossier, un sujet intriguant. S'il est de prime abord bien commun, je soupçonne une affaire plus complexe que ce qu'il paraît. Un terrestre disparu des radars après son arrivée avec ses parents en 2017. Mais quelque chose me dit qu'ils ne sont pas une famille sans histoire venu paisiblement se réfugier ici. J'ai l'intime conviction que des réponses se cache dans leurs passé. Peut-être, que si son nom tombait par hasard dans ta barre de recherche officielle, on pourrait avoir une idée plus précise des potentielles activités de cette famille ? Dans tous les cas, les fichiers internationaux sont toujours un bon moyen de chercher un disparu, non ? » Une nouvelle gorgée de café réchauffe sa langue avant qu'elle ne reprenne la parole d'une voix qui s'étire vers de fausses teintes navrées : « Evidemment j'ai fait quelques recherches avant de venir te voir, je ne serai pas venue te déranger si je n'étais pas sûre que tu tomberais sur des choses intéressantes. En échange je ne promets rien de moins qu'une probable enquête dans la petite pègre locale. Ce n'est pas grand chose, j'ai bien conscience d'avoir qu'une faible monnaie d'échange à t'offrir aujourd'hui. Je comprendrais que tu refuses. Après tout, je ne voudrais surtout pas te forcer à sortir de ce moment de calme que tu sembles apprécier tout particulièrement. » Une lueur de défi amusé brûle dans ses iris de vampire. Idunn le taquine, essaye de titiller sa curiosité et de piquer son instinct d'homme d'action. Et quoi de mieux, pour ce faire, que d'agiter devant son nez la promesse d'une enquête en immersion dans les trafics illégaux qui, ici aussi, s'écoulent en sous-terrain ?
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Cyril sourit franchement quand Idunn le remercie pour le café, puis reprend rapidement un air sérieux quand elle tapote le dossier qu'elle lui a apporté, titillant sa curiosité, haussant un sourcil amusé quand elle ose un trait d'humour assez typique des créatures comme elle. C'est alors qu'elle se décide enfin à lui expliquer :
J'ai, dans ce dossier, un sujet intriguant. S'il est de prime abord bien commun, je soupçonne une affaire plus complexe que ce qu'il paraît. Un terrestre disparu des radars après son arrivée avec ses parents en 2017. Mais quelque chose me dit qu'ils ne sont pas une famille sans histoire venu paisiblement se réfugier ici. J'ai l'intime conviction que des réponses se cache dans leurs passé. Peut-être, que si son nom tombait par hasard dans ta barre de recherche officielle, on pourrait avoir une idée plus précise des potentielles activités de cette famille ? Dans tous les cas, les fichiers internationaux sont toujours un bon moyen de chercher un disparu, non ?
Cyril l'écoute avec attention, les mains croisées sous son menton, restant silencieux lorsqu'elle prend une gorgée de café pour se désaltérer avant qu'elle ne reprenne :
Evidemment j'ai fait quelques recherches avant de venir te voir, je ne serai pas venue te déranger si je n'étais pas sûre que tu tomberais sur des choses intéressantes. En échange je ne promets rien de moins qu'une probable enquête dans la petite pègre locale. Ce n'est pas grand chose, j'ai bien conscience d'avoir qu'une faible monnaie d'échange à t'offrir aujourd'hui. Je comprendrais que tu refuses. Après tout, je ne voudrais surtout pas te forcer à sortir de ce moment de calme que tu sembles apprécier tout particulièrement.
Un sourire malin se dessine sur les lèvres de l'ex-inspecteur, alors qu'il se redresse sur son fauteuil pour attraper sa tasse de café et en prendre une gorgée. Idunn mentionne le fait d'enquêter sur la petite pègre locale et elle ose supposer qu'il refuserait ? Heureusement qu'il la connaît bien, la vampire, et qu'il devine aisément qu'elle ne tient ces propos que pour le titiller et lui permettre de sortir de cette routine quelque peu rouillante, s'il peut dire.
Terminant sa gorgée, il repose sa tasse, gardant son sourire malin, et prend le dossier avant de se caler au fond de son siège et de reprendre, l'air de rien :
Tu sais ce qui me plaît, chez toi ? C'est que tu ne perds pas ton temps en palabres, tu vas droit au but, et tu sais pertinemment les mots qu'il faut pour que ça m'intéresse.
Ouvrant le dossier, il l'étudie pendant quelques longues secondes, prenant un petit plaisir à faire languir la demoiselle qui lui fait face, avant de refermer le dossier et de le lui rendre avec un sourire :
Allez, ramène ta fraise, on va voir si le nom de ton loustic disparu est dans la base de données.
Il s'écarte légèrement pour laisser une place à Idunn, s'approchant de son ordinateur pour accéder à la base de données officielles. Un petit coup d'identifiant et de mot de passe, les deux tapés en veillant à ce que Idunn ne les voie pas - par mesure de sécurité, pas par manque de confiance envers elle - et le voilà dans la base, s'empressant de taper le nom du disparu et de lancer la recherche. Et là...
Le sorcier sourit, trop espiègle pour ne pas avoir saisi le manège de la vampire. C'est une des choses qu'elle aime beaucoup avec Cyril, c'est qu'elle peut se permettre d'être elle-même, usant de subtilité tout en sachant qu'il est déjà acquis à la complicité qu'elle induit. Un véritable ami, malgré des coupures de plusieurs années entre leurs différentes enquêtes. Malgré les guerres et les larges blessures laissées derrière elles. Idunn regrette presque d'avoir autant tardé à reprendre contact avec lui, tout en sachant qu'elle n'était pas spécialement prête à le faire. Retrouver de vieux amis, c'est aussi réveiller les souvenirs d'un passé qui n'existe plus. Un passé plein des souvenirs de Marcus, entre autre, et de tous les autres. Sauf que la scandinave n'est pas encore assez loin dans son deuil pour pouvoir évoquer ceux-ci avec la douceur d'une nostalgie émue. C'est la rage et le désespoir qui l'habitent encore. Cette même rage qui lui fait éclater ses poings contre des sacs de frappe. Quand ce ne sont pas les gants d'un autre boxeur.
Idunn le regarde boire une longue gorgée de café avant de répondre. Savourant de la même façon qu'elle l'avait fait avant, l'utilisation du temps pour faire attendre sa réponse. Savoir maîtriser ses effets d'annonce est un atout important dans leurs métiers. Les pauses et les silences sont les meilleurs moyens de la rhétorique pour pouvoir observer avec détail les réactions des personnes interrogées, et lire dans leurs langages non-verbal. Une pratique qu'elle apprécie beaucoup et qu'elle maîtrise particulièrement bien. « Tu sais ce qui me plaît, chez toi ? C'est que tu ne perds pas ton temps en palabres, tu vas droit au but, et tu sais pertinemment les mots qu'il faut pour que ça m'intéresse. » La vampire ne peux retenir un clin d'œil amusé à destination de son ami avant qu'il ne s'empare du dossier pour le consulter. Ses yeux se fixent sur lui avec intensité, suivant le regard qui saute de ligne en ligne avec une passivité presque exaspérante. Cyril laisse peu de choses passer sur son visage pendant sa lecture si bien qu'elle ne peut décrypter aucune réaction à ce qu'il lit dans le dossier. Admirable, bien que légèrement décevant pour la détective qu'elle est. Celle qui veut toujours deviner les choses avant qu'elles ne se révèlent au grand jour. Mais concernant le sorcier et sa réponse, la scandinave a bien peu de doute sur le dénouement. « Allez, ramène ta fraise, on va voir si le nom de ton loustic disparu est dans la base de données. » L'envie de sauter de sa chaise est étouffé par un sourire amusé et une nouvelle gorgée de café. En six siècles d'existence, elle a appris à modérer les premières impulsions de ses nerfs, pour mieux contenir la véracité de ses pensées.
Elle ne tarde pas pour autant à se mettre en mouvement, délicatement, dépliant ses jambes avant de se redresser sur sa chaise et de reposer la tasse sur le bureau. Dans l'éventualité où ils découvriraient des éléments intéressant, elle sort un carnet de note ainsi qu'un stylo bic d'un bleu électrique qu'elle affectionne tout particulièrement. C'était son ancien partenaire qui fournissait leur office en stylo, et il avait le chic pour toujours trouver ceux qui offrent une écriture coulante sur tout type de papier. Mais il n'est plus là. Lui non plus. Et c'est le dernier qu'il lui reste. Malgré tout, elle ne parvient à s'empêcher de l'utiliser. Comme un dernier hommage à l'homme qu'elle respectait malgré leurs différences. Pendant qu'elle se lève de sa place pour le rejoindre derrière le bureau de gardien de la paix, Cyril à allumer son ordinateur et elle l'imagine, est entré dans la base de données officielle. Dans tous les cas, elle prend soin de garder ses yeux rivés sur l'écran sans prêter attention aux doigts qui courent sur le clavier. Elle n'use pas toujours des moyens les plus légaux qui existe pour obtenir ses informations, mais il est hors de question qu'elle songe à subtiliser les identifiants du sorcier pour entrer sans son accord dans les serveurs des forces de l'ordre. Elle a trop de respect pour l'homme, et pour sa profession. Il serait bien malvenu de sa part d'user de telles méthodes tout en partageant la vie d'un ancien homme de loi. Une infime lueur tendre perce dans ses iris alors qu'elle songe à Nathan, avant de se recentrer sur la barre de recherche qui ne tarde pas à livrer ses informations. Idunn note avec un certain amusement la rapidité avec laquelle le serveur à trouvé des concordances qui confirment ses doutes. Un frisson d'adrénaline parcours son épiderme, éveillant ses sens et le magnétisme de ses fibres.
La vampire note immédiatement la concordance de résultats multiples, pas tant concernant le garçon disparu, mais pour plusieurs autres Savages. Une large famille, donc, si on part du principe qu'ils sont pour la plupart liés par ce lien-là. Une famille visiblement adepte des petits délits, voire même de quelques passages en prison de génération en génération si les détails du logiciel sont exactes. Et ils le sont forcément. « Quelle efficacité Cyril. Reste plus qu'à faire le tri dans tous ceux-là pour trouver les parents de notre disparu dans tous ces Savages. » Ses yeux parcourent rapidement la liste des quelques noms avant de pointer du doigt le prénom d'une femme. « Rosalie. Est-ce que tu veux bien qu'on ouvre son profil ? Ma cliente est venue me voir à visage découvert, je n'aurais pas trop de mal à la reconnaître si elle a déjà été condamnée aussi. » Depuis la miniature affichée sur l'ordinateur, Idunn peut déjà reconnaître une légère ressemblance lointaine sur les traits jeunes de la personne dont elle souhaite consulter les informations. « Même si ce n'est pas elle, ça pourrait nous donner des indications sur le milieu dans lequel chercher. Contrebande peut-être ? Ou stupéfiants ? » A dire vrai, la détective a déjà sa petite idée mais elle n'est pas de ceux qui énoncent leurs hypothèses avant d'être à quatre-vingt dix pour cent sûr de ses avancées. Même auprès de personnes de confiance comme Kane l'est.
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Il ne faut pas longtemps pour avoir des concordances avec la recherche, et Cyril avise le nombre de Savages qui s'affiche devant ses yeux. S'ils sont liés au disparu, il s'agit d'une famille familière des délits, avec un joli petit palmarès niveau passages en prison, mais le sorcier reste de marbre, hochant la tête lorsque Idunn propose de faire un tri. La laissant s'approcher de l'écran, il reste immobile, fronçant légèrement les sourcils lorsqu'elle désigne une jeune femme en déclarant :
Rosalie. Est-ce que tu veux bien qu'on ouvre son profil ? Ma cliente est venue me voir à visage découvert, je n'aurais pas trop de mal à la reconnaître si elle a déjà été condamnée aussi. Même si ce n'est pas elle, ça pourrait nous donner des indications sur le milieu dans lequel chercher. Contrebande peut-être ? Ou stupéfiants ?
L'un n'empêche pas l'autre, malheureusement, répond Cyril en ouvrant le profil de la dénommée Rosalie. En tout cas, j'ai bien l'impression que cette famille, s'ils sont tous de la même famille, est une habituée des délits et de la prison, donc si ton disparu est lié à cette famille, on devrait savoir rapidement où chercher.
Cyril croise ses mains sous le menton, pensif, laissant Idunn regarder le profil de Rosalie tout en le lisant avec elle. De ce qu'il lit, Rosalie n'est pas toute blanche, non plus, mais vu tout ce qu'il y a chez les Savages, ça ne le surprend qu'à moitié ; en général, l'environnement familial façonne l'enfant, donc si elle a grandi dans une famille familière des délits et de la prison, il est probable qu'une fois adulte, elle ait suivi la même voie, par habitude. Mais pour le coup, il préfère laisser un psychologue donner un avis plus constructif sur la question.
Se redressant, il fronce légèrement les sourcils en lisant le profil, et histoire d'être bien sûr que ce n'est pas une quelconque fatigue qui le fasse voir flou, il se rapproche et marmonne :
Attends une seconde... Tu vois ce que je vois ?
Il lance un regard en coin à Idunn :
Est-ce qu'une petite visite s'imposerait, par hasard ?
« L'un n'empêche pas l'autre, malheureusement. En tout cas, j'ai bien l'impression que cette famille, s'ils sont tous de la même famille, est une habituée des délits et de la prison, donc si ton disparu est lié à cette famille, on devrait savoir rapidement où chercher. » Elle hoche la tête dans une légère cascade de cheveux blonds qui coule sur sa joue. D'un geste naturel la vampire se redresse légèrement avant de rattraper les mèches vagabondes pour les faire passer de l'autre côté de son visage et leur éviter de venir chatouiller par inadvertance l'épaule de Cyril par-dessus laquelle Idunn fixe l'écran d'ordinateur. A peine le sorcier ouvre le profil de la dénommée Rosaline, que la scandinave fait cliquer son propre stylo pour en libérer la mine et inscrire rapidement quelques observations succinctes sur son carnet de notes. Longue liste de Savages, criminels, trafics ? et autres éléments du genre qui lui permettront plus tard de tirer des ficelles, faire des liens, et compléter tout un ensemble de tissu d'informations et d'éléments pour dessiner tout un univers logique et pertinent entre les différents protagonistes de son dossier. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu à se mettre sous la dent une affaire aussi riche, qui va bien au-delà de ses espérances, et son cerveau fourmille de milles idées possibles. Incapable de réfréner l'excitation qui court dans ses nerfs, ses iris grésillent trop rapidement, passant de l'écran à son carnet de note dans un va-et-vient trop rapide pour être celui d'un œil tout à fait humain.
Le mouvement que fait Cyril l'arrête immédiatement dans son manège et ses yeux se fixent sur le visage de son ami qui l'interpelle aussitôt. « Attends une seconde... Tu vois ce que je vois ? » Sautant une nouvelle fois sur l'écran, les yeux de la scandinave se plissent légèrement pour mieux lire ce qui est écrit dans la longue liste des éléments relatifs à la fameuse Rosaline avant de tomber sur l'élément marquant qui avait interpellé le gardien de la paix à ses côtés. Kidnapping.
« Est-ce qu'une petite visite s'imposerait, par hasard ? » L'information est sublimée de plusieurs points d'interrogations et de quelques notes indicatives d'une potentielle enquête en cours ailleurs dans le monde. Un nouveau frisson d'adrénaline électrise son âme tandis qu'elle croise le regard que Cyril porte sur elle. Son sourire s'étire, malicieux et trop large pour ne pas témoigner de la joie presque enfantine qui explose dans ses fibres. Elle n'en n'espérait pas tant pourtant la Varangr en poussant la porte du poste de Ialis toute à l'heure. Elle avait senti l'affaire juteuse, mais pas au point de leur livrer un vaste panel de possibles et une diversité d'intervention tout aussi large. « Je vois même très bien de quoi tu me parles Cyril. Cette affaire devient à chaque seconde plus intéressante à tes côtés. Comme quoi, on n'a jamais assez deux esprits aussi fins que les nôtres pour trouver des perles rares. » Délaissant un court instant l'ordinateur, sa silhouette se redresse et elle s'empresse de griffonner quelques éléments supplémentaires sur son carnet, tirant déjà un premier trait de déductions possibles. Une multitude de portes mentales s'ouvrent en même temps et tapotant distraitement le haut de son stylo sur ses lèvres, elle songe rapidement aux éléments en sa possession avant de fixer ses yeux d'un bleu devenu aussi électrique que son excitation, dans ceux de son interlocuteur. « Une petite visite me semble en effet devenir très pertinente. D'autant plus que même si la photo n'est pas récente, et qu'elle est moins à son avantage que lorsqu'elle est venue me voir, cette Rosaline est bien la cliente qui est venue me voir pour son fils porté disparu. Mais avant qu'on se déplace là-bas, j'ai une dernière information à te donner. » Ses doigts s'empressent de faire tourner les pages de son carnet pour trouver la page où Idunn a dessiné une sorte de carte figurative de son enquête en cours. Un joli brouillon de sigles, runes et mots mélangés. Incompréhensible pour des personnes extérieures à son cerveau, mais qui font un sens immédiat pour ses iris exercées. « Je ne t'en ai pas parlé avant car ce n'est que du domaine des spéculations, rien de factuel, mais au vu des premiers éléments à ma disposition, je penchais pour un potentiel rapport avec un trafic de sang angélique. Je ne suis pas du genre à tirer des conclusions hâtives, mais on peut imaginer dans nos pistes que ce fils disparu soit un enfant avec un sang de cette propriété qui aurait été kidnappé dans son enfance par exemple ? Peut-être qu'après la guerre, en arrivant ici au milieu des créatures obscures et des Nephilim, l'enfant devenu adolescent prend conscience de sa condition, ou bien un élément déclencheur lui donne le courage de fuir. Un scénario qui pourrait tenir la route. Dans tous les cas, on est loin de la simple fugue. » Un ensemble de pistes autres se déroulent dans son esprit mécanique, l'habitude de fréquenter les milieux criminels et de résoudre toute sorte d'enquêtes plus ou moins sordides la poussent même à établir des possibilités bien moins reluisantes que celle énoncée à haute voix, mais cela leur suffira déjà pour partir sur de bonnes bases.
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