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Between the bars • Charlie

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Luan Orozco
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Between the bars


@Charlie Ashford  | septembre 2022 - Nuit au alentour de trois heures du matin.



La chaleur moite du bar a cette odeur rassurante qui me fait apprécier mes soirées passées dans ces lieux où la convivialité coule à flot. Tout comme les boissons. Dans le bruit ambiant et les conversations inintéressantes des autres il est plus facile d'oublier ses propres interrogations personnelles. Ne pas écouter les pensées d'un cerveau qui cherche à trouver sa place dans un quotidien déconstruit. Le regard d'une neutralité presque absente je regarde mon interlocuteur hilare qui tente de me raconter pourquoi je devrais dire au patron de fermer plus tard et lui resservir un verre. Une histoire barbante de collision avec une jeune femme, de chemise humide et d'espoirs de réparer ses torts dans une nouvelle tournée de mousses pour finir, il l'espère, la nuit en explosion de bulles frémissantes. La comparaison me fait sourire intérieurement, illuminant mes iris d'une pointe d'ironie que l'autre ne saisi pas. « Raconte-moi ce que tu veux j'en ai rien à faire. On ferme c'est tout. Y aura pas de dérogation parce que t'es pas foutu de garder ton verre plein. » Le ton passif et morne contraste avec celui du gars de l'autre côté du comptoir dont je viens de couper la parole sans la moindre émotion. Servir dans les bars c'est pas ce que je préfère de tous les petits boulots que je parviens à trouver pour combler les fins de mois. Je préfère largement être de l'autre côté à vider des verres et gratter quelques notes sur ma guitare. Le volet social que le boulot de serveur implique n'est décidément pas pour moi. Et les gens alcoolisés sont souvent trop bavards pour ma patience limitée. Autour de nous les discussions se tarissent peu à peu alors que les derniers convives quittent l'établissement. Un silence relatif laisse place aux rires fantômes et l'odeur du bois humide de houblon se fait plus forte, délestée des celles des corps humains. Lentement la tension de mes épaules se dilate elle aussi, maintenir le contrôle de mon être avait été un travail de longue haleine ce soir et je n'ai qu'une hâte, fuir l'endroit pour retrouver la solitude de la nuit, mon appartement, mon lit, et quelques heures de sommeil avant mon service au Street Spice. Avec un peu de chance,  les deux humains qui partagent mon logement seront endormis et j'aurais le luxe de pouvoir me faire un sandwich sans avoir à raconter mon interminable soirée. « Alleeeeeer juste un petit dernier shot pour moi et la demoiselle. » Le client éméché toujours goguenard essaie de me claquer l'épaule par-dessus le comptoir mais son geste est arrêté par la mienne qui saisit le poignet d'un geste précis, froid et ferme. Un éclair glacé de rage transperce le mur de roche pour illuminer mes yeux une fraction de seconde dans une pulsation cardiaque qui s'embrase. Je déteste qu'on me touche, encore moins par surprise, encore moins dans une tentative de jouer au pote avec moi. Un craquement d'allumette qui ne manque jamais de briser quelques chaînes. Le silence polaire qui vibre entre nous dégrise l'homme sur le moment, mes doigts desserrent leur étreinte et le bras de l'inconnu retombe dans un son mat sur le comptoir humide d'une soirée arrosée. « Ok, ok pas la peine de s'énerver on s'en va. » Je hausse les épaules, c'est une sage décision mais qu'il l'associe à un quelconque énervement de m'a part me fait ni chaud ni froid. Pas plus que l'éventualité qu'il décide de ne plus remettre les pieds ici dans le futur. Tout ce qui compte c'est d'avoir fini ma soirée sans avoir été renvoyé chez moi prématurément et que, selon le contrat, j'ai gagné une soirée de concert dans quelques jours ici-même.

Un léger ricanement amusé retenti derrière moi et une bousculade d'épaule contre la mienne vient me faire changer de direction de regard oubliant immédiatement le client qui s'en va en maugréant quelques paroles vides de sens et pleines de ressentiments. « Dis-donc t'es toujours aussi efficace pour faire fuir les récalcitrants, je devrais peut-être songer à t'embaucher comme homme de main. » Le propriétaire du bar est homme à la physionomie sympathique. Le genre de gars aimable et sociable qui claque des mains sur les dos des gens et qui arrose facilement ses amis de quelques tournées gratuites et qui sait mettre une ambiance chaleureuse en quelques coups d'œil. L'opposé de toutes mes compétences. Un léger sourire narquois étire le coin de mes lèvres, le terme homme de main me fait tiquer, ironie personnelle qui le dépasse entièrement et à laquelle je ne donnerai aucune explication. « Bon, t'as gagné ta soirée musique, je reviendrai pas dessus. Mais si tu arrives à me débarrasser de celui-ci sans que j'ai besoin d'appeler sa babysitter, je te file un billet en plus. » Je suis le signe de tête du patron qui me désigne une masse sombre en bout de comptoir, plus étalé qu'installé face à un verre presque vide. Un homme qui a descendu des bouteilles depuis son arrivée sous les soupirs mauvais du propriétaire de l'établissement. Le genre d'homme avec qui vaut mieux pas trop se fâcher avait-il dit quand j'avais posé des questions. Le pari est délicat à relevé si on en croit la légende qui courait entre les lèvres de quelques personnes qui semblaient le connaître ce soir. Mais qu'importe, il est vrai que j'ai une petite passion pour les défis, et mes finances tirent légèrement sur le rouge ce mois-ci. Gabrielle a tendance à vouloir me tirer trop souvent au cinéma, et l'autre coloc à inventer toute sorte d'idée pour des soirées thématiques qui m'obligent à faire des dépenses non essentielles. En somme, un billet en plus, est difficile à refuser. Mes yeux se plissent légèrement pendant que je pèse les pours et les contres avant de me détacher d'un mouvement de bassin du comptoir où j'étais nonchalamment posé. « Deux billets si j'arrive à lui faire payer son ardoise avant de partir. » Le rire du patron résonne dans le bar désormais presque silencieux hormis le couple qui fini son dernier verre en murmurant dans un coin. « Tu vois trop grand j'crois. Mais va pour deux billets. » Une nouvelle bousculade d'épaule contre épaule que je lui concède avec un serrement de mâchoire, s'énerver contre un client éméché s'est une chose, contre celui qui vous a embauché pour la soirée s'en est une autre.

D'un pas traînant je parcours les quelques mètres qui me séparent du bout du comptoir et de l'homme qui dégage une importante odeur d'alcool frais. Les mains fichées dans mes poches, mes doigts jouent machinalement avec le couteau lové dans celle de droite. Contact chaud et rassurant de l'arme, vieille amie, plus intime que Pola elle-même. Je referme ma paume contre le manche de bois, puise l'immobilité de la lame pour refermer les brèches de ma concentration malgré la fatigue qui commence à tirer sur mes traits juvéniles. L'envie de retrouver mon lit flirte avec l'appel alléchant des deux billets promis. Pour l'instant, c'est le deuxième qui l'emporte. Droit, debout face au regard légèrement embué d'alcool de l'homme d'un certain âge. Un âge probablement bien supérieur à ce qu'il donne à voir cela-dit. Selon les dires du patron, toujours. Mes propres connaissances des autres créatures obscures sont quasi nulles en dehors de la meute. Un manque d'intérêt, des ressentiments encore amers quelque part sous le déni des roches où j'ai tout enterré. « Eh vieux, c'est l'heure de se réveiller. Je t'offre un dernier verre, tu payes les précédents et tu vas décuver chez toi comme tout le monde, merci. » Sans attendre de réponse, je sors le fameux dernier verre que je rempli d'eau avant de le faire glisser jusqu'à lui. Au sol Pola qui dormait dans un coin sombre sous le bar s'est réveillée elle aussi et est venue frotter son museau contre mes mollets. « Comme t'as déjà une salle tête, je pourrais considérer l'effort de te faire un café si tu te défiles pas pour passer à la caisse. » C'est presque une marque d'attention qui me surprend, une ancienne habitude, peut-être, de gérer la madre quand elle abusait de guaro. Ou un effet réel des premiers efforts fait sur moi-même pour avoir l'air plus sympathique au quotidien.




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Je ne sais plus à quel moment la soirée avait dérapé et en réalité, je m'en moquais bien. J'avais rejoint d'autres sorciers, mais je n'étais de toute façon pas d'humeur à sortir ce soir. En plus, j'avais prévu de préparer mes cours en bon professeur que je suis censé être, mais au lieu de ça, j'avais fait la tournée des bars et après j'ai perdu le fil. Ils étaient tous rentrés sauf moi. Un dernier verre que je me disais à chaque fois. La blague. Je connaissais mon taux de résistance à l'alcool et j'étais loin de l'avoir atteint. C'est marrant de se dire que la vie c'est quand même une sacrée pute dans un sens, mais j'aurais dû m'y attendre, c'était trop beau pour que ça dure. Trop beau pour que ce soit vraiment réel. J'avais goûté à ce bonheur, celui d'avoir une famille, mais la guerre était passée par là et m'avait tout pris. Le bonheur, tout comme l'amour, ce n'était pas pour moi visiblement et au final, valait peut-être mieux que je reste seul. Je termine mon verre, pose de l'argent sur la table et sors, pour passer au prochain bar. C'est ma routine ces derniers temps. Non, depuis presque cinq ans. Putain j'en ai marre, je veux juste oublier, passer à autre chose et reprendre le cours de ma vie, mais visiblement, c'est trop demander.

L'air assez frais de septembre me fait du bien et je pousse un long soupir avant de chercher un paquet de cigarettes dans mes poches. Je regarde autour de moi et décide de partir vers le quartier des humains, il y a aussi des bars sympas là-bas. Une cigarette entre mes lèvres, je l'allume en utilisant la magie et puis je ne sais pas ce que j'ai foutu de mon briquet. Je fume assez peu, mais ça passe bien après plusieurs verres d'alcool. Je songe alors à Elias et je me demande comment il fait pour continuer de vivre. Je sais qu'il a perdu plusieurs élèves, ses enfants, comme ils nous appelaient. Moi je n'y arrive pas pour le moment, je reste bloqué sur la colère et le déni visiblement. Je sais qu'il va falloir que je me reprenne à un moment, mais je n'ai plus de responsabilités, à part celle d'arriver à l'heure pour donner des cours plusieurs fois par semaine. Alors à quoi bon dans un sens ? Ouais donné des cours avec la gueule de bois, c'est assez complexe, mais ça passe. Je soupire et me mets en route. Et les verres s'enchaînent, de même que les bras et je finis par en trouver un assez cool. L'ambiance n'était pas si mauvaise comparée à ce que je pouvais voir ailleurs et je commande une bouteille de whisky et part m'installer dans un coin du comptoir. Je sirote mes verres tranquillement, jusqu'à ce que j'atteigne mon niveau limite et que je finisse par m'endormir.

Puis dans cette inconscience qui est la mienne, j'entends une voix. Je ne sais pas quelle heure il est, tard sans doute. En vrai je m'en fous. J'ouvre un oeil puis le second et redresse légèrement la tête, ne comprenant qu'à moitié ce que le gamin qui se tenait en face de moi racontait. Un autre verre ? Ouais carrément. Je tends la main et avant même d'y poser mes lèvres, je sais que c'est un verre d'eau. Puis j'entends qu'il propose un café si je paye mes dettes de la soirée. " Remballe ton verre d'eau, j'suis pas aussi facile à duper." Certes, j'ai bu, mais je sais encore faire la différence. Je fouille dans mes poches et claque des billet(s, j'sais pas s'il y a assez ou trop. L'argent n'a jamais été un problème pour moi, après trois siècles d'existence, j'ai eu le temps d'amasser une sacrée fortune. " Puis ta mère t'a jamais appris a respecter les vieux comme tu dis ?" Je grogne, légèrement de mauvaise humeur. Il ne restais plus grand monde, signe que c'était l'heure de la fermeture. J'avise ma bouteille et vois qu'il en reste un fond. Je la vide donc, tant qu'à faire, je l'ai payée cette bouteille après tout. Puis mon regard se pose de nouveau sur le jeune homme. " Passe moi le café, ça me seras plus utile." Il avait proposer, je viens de payer, maintenant qu'il me donne mon café que puisse boire quelque chose de chaud avant de me traîner jusqu'à chez moi et donc mon lit. " Je t'ai déjà vu toi, mais pas ici. C'est pas toi qui joue de la guitare dans certains bars du quartier des loups ?" Fortement alcoolisé oui, je l'étais, mais pas assez pour perdre le fil des choses.  Qu'il réponde ou pas, j'en ai rien à foutre au fond, je veux juste mon café.

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@Charlie Ashford  | septembre 2022 - Nuit au alentour de trois heures du matin.



L'homme au regard humide d'alcool attrape le verre d'eau sans le boire pour autant. Un détail qui m'importe peu. Il pourrait tout aussi le jeter par terre que cela ne me ferait pas bouger le moindre cil. « Remballe ton verre d'eau, j'suis pas aussi facile à duper. » Un frémissement de rictus froid relève ma lèvre supérieure, ce n'était pas tellement une tentative de duper l'homme que d'offrir une trêve liquide à ses reins. Je ne donne pas cher de ces derniers à son réveil. A moins qu'il connaisse une potion miracle pour réparer ses organes des ravages de l'alcool et dissiper les effets des guayabos. Ce serait bien probable que les sorciers aient développés ce genre de magie avec les années. Encore un truc qu'ils gardent pour eux, très certainement. Le genre de secret qu'ils revendent seulement au prix d'or. Aussi peu partageurs que courageux quand il ne s'agit pas de leurs propres intérêts. Pourtant, contrairement à mes attentes, le sorcier - si le patron ne s'est pas trompé sur son identité - se redresse pour tirer de ses poches des billets qu'il claque sur le comptoir entre nous. Je plisse les yeux, observant plus attentivement son visage avant de glisser un regard en coin vers la pile d'argent. D'un geste lent d'une fatigue visible, j'entreprends de compter les coupures.« Puis ta mère t'a jamais appris a respecter les vieux comme tu dis ? » Les yeux baissés vers mes mains s'illuminent d'une étincelle incandescente qui manque d'embraser tout mes nerfs. Il existe peu de sujet capable de craquer aussi facilement les allumettes de ma rage, mais manquer ainsi de respect à Nerea Orozco en fait partie. Les doigts finissent pourtant de faire le compte des billets - bien trop nombreux en comparaison du prix réel de sa consommation - comme si sa conversation badine n'avait soulevé aucune douleur. Comme si aucune image de son visage n'avait immédiatement surgit dans mon crâne, inondant mes iris des souvenirs que je repousse trop souvent. Ses regards durs mais fiers, son rire quand elle me félicitait après une mission réussie, l'immobilité de ses yeux vides, le rouge de ses plaies. Ce cille, plusieurs fois, pour tenter d'effacer ces juepuchas d'images qui font monter trop vite la pression contre mes tempes.

Heureusement l'homme est occupé à vider ce qu'il reste de sa bouteille de whisky et je parviens à garder un minimum de contrôle, juste ce qu'il faut pour endiguer la coloration inévitable des mes iris qui manquerait de révéler une nature que je n'ai pas envie de mettre en avant ici. Pola, comme toujours, sent les variations de tension. Immédiatement, elle tente à sa manière d'attirer mon attention en frottant sa truffe contre mon mollet. Je tente de respirer le plus calmement possible, gardant un silence froid et distant, seuls mes poings serrés autour des billets trahissent malgré moi un certain énervement que je ne parviens pas à réfréner. « Passe moi le café, ça me seras plus utile. » D'un sec hochement de tête j'acquiesce, entamant un mouvement pour me détourner de lui et des dangereuses effluves d'alcool qu'il continue de souffler sur les braises de ma rage. La machine a café n'est qu'à une demie-enjambée derrière moi, si bien que j'entends distinctement la suite de sa réplique bien que je lui tourne le dos. « Je t'ai déjà vu toi, mais pas ici. C'est pas toi qui joue de la guitare dans certains bars du quartier des loups ? » Les gestes machinaux, rendus experts par des jours et des jours de pratique au Street Spice, remplissent le filtre sans s'émouvoir de sa question. Tout ce que je peux en déduire, c'est qu'il fréquente en effet tout type d'établissements pour avoir eu l'occasion de me voir jouer chez les loups. Car même si je parviens à cumuler de plus en plus de dates, mes créneaux sont encore limités. Selon moi, du moins. Mon colocataire, toujours trop positif, aurait un discours bien moins négatif sur la question. C'est d'ailleurs à lui que je dois les trois quarts de nos dates. Il a un don indéniable pour parler aux gens et vanter nos mérites. Un don qui me dépasse largement.

Je termine d'installer la tasse sous le bec verseur avant de lancer la machine à café et de me retourner vers l'homme, le dos appuyer contre les étagères de boissons. « Ouais, c'est possible. Je joue un peu partout. Je dois faire un set la semaine prochaine ici, si ça t'intéresse. » J'en doute, mais il paraît qu'il faut que je travaille ma communication. L'odeur du café frais s'enroule autour de moi, un parfum rond et chaud qui me rappelle la maison avec une douceur lointaine. Le café et la Colombie, une longue histoire d'amour qui me fait parfois regretter qu'Alicante manque de relation internationale en matière d'importation de produit. Ici, ils utilisent bien plus souvent du café italien, qui a ses qualités certes, mais qui est moins parfumé que celui de mon pays natale. A l'odeur en tout cas. Celui-ci est plus âpre, plus sec. Mais ce n'est pas moi qui fait les commandes de café, je ne suis qu'un serveur pas toujours hyper bienveillant avec ses clients. Autrement dit, je n'ai surement pas mon mot à dire.
Le souvenir des billets déposés près de la machine à café me revient en mémoire, et en attendant que le café finisse de couler, je décide d'aller encaisser ceux-ci avant de risquer de les oublier malencontreusement dans ma poche. Un rapide aller-retour jusqu'à la caisse pour récupérer la monnaie en trop, avant de revenir, tasse de café chaude en main, vers le sorcier toujours installé devant sa bouteille vide de whisky. « Le café, et ta monnaie. Comme annoncé, c'est moi qui offre le café. » Même si j'ai pas tellement d'argent en poche pour l'instant. Heureusement que je viens de gagne une moitié de mon pari avec le patron. Finalement, parfois, on fait bien d'avoir l'air trop sûr de soi et de tenter le tout pour le tout. Même si je dois redonner un des billets, j'en aurais toujours gagné un. Et un, c'est toujours mieux que rien. « Ma mère a peut-être pas eu le temps de m'apprendre le respect des vieux, mais je respecte toujours ma parole. » Ma voix est légèrement cynique et mon regard plus dur qu'à l'accoutumé. Mais ce type ne me connait pas, aussi ne peut-il pas juger de la valeur de cette expression qui perce sous le masque de la neutralité habituel. « C'est pas mon genre de verser dans les menaces en temps normal, mais si tu tiens à ton intégrité physique, parle plus jamais d'elle de cette manière. Et si t'as la tête encore assez claire, c'est le moment où tu fais le lien avec ma phrase précédente. » Et saisir que ce sont pas des paroles en l'air. Malgré le ton détaché avec lequel je viens de glisser cet avertissement. J'ai conscience d'avoir cette tête d'enfant, probablement peu dangereuse à ses yeux. J'ai conscience que c'est une menace inconsidérée, si on part du principe que c'est un sorcier quatre ou cinq fois plus âgé que moi au minimum, mais ne pas laisser quelqu'un insulter la madre sans réagir. C'est son honneur, celui de ce nom qu'elle m'a laissé en héritage, celui de la meute. Ma famille. Un honneur inutile qui ne rime plus à rien aujourd'hui, qui n'a plus que moi pour le garder en vie.




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Il est vrai qu'il y a certains avantages à être un sorcier, j'encaisse un peu plus l'alcool, à moins que ce ne soit le simple fait que je bois tous les soirs depuis cinq ans qui me conduise à cette résistance. Je ne sais pas et je m'en fous. Avant je ne buvais pas autant, sans doute parce qu'a cette époque, je n'avais pas autant de choses, de souvenirs que je voulais refouler. On m'avait dit que faire son deuil est parfois long, mais dans mon cas j'ai juste l'impression que c'est impossible. J'en ai perdu des gens, certains de façon plus tragique que d'autres. Sans doute aussi parce que c'est un rappel douloureux d'un évènement que je n'ai jamais pu oublier et que je n'ai qu'en partie pardonnée. Lui faire une réflexion au sujet de sa mère, me rappelle la mienne. Je sais qu'elle détesterait me voir comme ça, elle qui m'avait prédit un grand avenir et qui pourtant avait eu une mort injuste. Accusée de quelque chose qui n'était pas vrai. J'aurais pu essayer de l'en empêcher, de dire que c'était moi qui faisais preuve de magie et non elle, mais ça n'aurait sans doute pas changé grand-chose. Ah ! maman... La vie c'est franchement de la merde quand même. Mais c'est ça ma vie, perdre tout ceux que j'aime, même quand ils ne le méritent pas.

D'ailleurs lorsque je me redresse, je me rends compte que je le reconnais et je ne saurais pas dire si c'est vraiment une bonne chose ou pas. Ça veut sans doute dire que je traîne dans tous les bars de la ville sans distinction. Ce qui quelque part est un problème, mais bon pour le moment ce n'est pas moi qui en gère les conséquences. " Si je m'en souviens, p'tetre bien que j'reviendrais." A condition que je puisse rentrer. En général, je ne fais pas de vagues donc ça ne sera certainement pas un problème. Il s'éloigne et je regarde la bouteille vide en face de moi. J'eus un léger sourire sur les lèvres alors que je sens l'odeur du café. Une odeur que j'aime beaucoup. J'ai toujours bu beaucoup de café, plus particulièrement quand j'étais encore Grand Sorcier et que j'enchaînais les rythmes de fou, surtout au début des tensions. Pour ce que ça a servi au final, j'aurais peut-être dû faire comme la majeure partie des sorciers et me casser à Edom avec les miens, au risque d'en perdre la moitié. Peut-être qu'Eliott aurait eu une chance de survivre dans ce cas. Pas à Edom, lui je l'aurais envoyé auprès d'Elias. Enfin, c'est comme ça.

La tasse de café et ma monnaie sous les yeux, je m'empresse de rajouter le sucre et tourne la cuillère lentement, mon regard se posant sur le gamin en face de moi. C'est mignon, le voilà qui me menace maintenant. Et qui m'insulte au passage. J'ai peut-être trop bu, mais pas assez pour que je ne sache plus réfléchir. Le privilège de la pratique je suppose et ma nature de sorcier. En vrai, j'en sais rien. " Ton patron t'as jamais dis qu'il fallait pas insulter ni menacer les clients ?" J'eus un sourire amusé. " Surtout que j'pourrais te maîtriser en un claquement de doigt." Moi aussi je pouvais me montrer menaçant. " Mais passons, j'voulais pas manquer de respect à ta mère quoi qu'il en soit. Une maman, c'est toujours sacrée." Et surtout on en a qu'une. Je bois une gorgée de mon café. Cela faisait du bien ! " C'est quoi ton nom ? Que j'sache qui j'dois applaudir la prochaine fois que tu joueras." Ou pas. Je l'observe un peu plus attentivement, commençant
sortir de ce léger brouillard qui est le mien. J'suis grognon quand j'ai bu, surtout que là, je ne suis pas dans une bonne passe, mais il me faut plus qu'une bouteille pour me mettre dans les choux.

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@Charlie Ashford  | septembre 2022 - Nuit au alentour de trois heures du matin.



« Ton patron t'as jamais dis qu'il fallait pas insulter ni menacer les clients ? » La réponse claque sous un sourire amusé qui me fait hausser des épaules dans un regard inexpressif. Non, ce n'est pas vraiment le genre de conseils que le patron d'ici m'a donné, et de toute façon je n'ai pas tellement pour habitude de suivre les consignes qu'on me donne quand elles me paraissent inutiles. Et ne pas insulter ou menacer un client éméché dans un bar en ferait partie. Ce serait stupide de ne pas être capable de remettre de telles personnes à leur place quand c'est nécessaire, sous prétexte que le client doit être traité avec respect et humilité. Très peu pour moi ce genre de comportements. Ce n'est d'ailleurs pas pour ce type de bienséance que l'humain a parié avec moi que je parviendrais à faire sortir le sorcier de son bar. Mais raisonné un homme qui a l'habitude de s'enfiler des bouteilles tout seul dans son coin n'est pas une option non plus. Je suis fatigué de ma journée au Street Spice, puis de ma soirée ici, et ma bonne volonté s'est déjà dissipée depuis longtemps. Seule la promesse de l'argent suffit à me faire rester face à celui qui me sourit avec un amusement qui m'exaspère alors qu'il reprend, trop sûr de lui : « Surtout que j'pourrais te maîtriser en un claquement de doigt. » Je n'en suis pas si sûr, mais qu'il fasse l'erreur de me sous-estimé est l'une de mes meilleures armes. Ils sont nombreux à l'avoir fait, et s'en être mordu les doigts. Ou plutôt, à avoir récolté leurs doigts coupés au sol. Enfant, déjà, ma tête innocente servait les intérêts de la meute mieux que certains autres louveteaux plus expérimentés. Au début cette particularité agaçait Nerea, elle me trouvait mes traits trop doux, trop fins. C'est ce qu'elle disait en me tenant fermement le menton entre ses doigts forts. « Durcit ton regard, arrête de sourire à pleine dent, tu auras jamais aucune crédibilité avec cette tête d'ange. » Des phrases comme celles-ci, j'en ai plein la mémoire. Et de fil en aiguilles, de réussites en réussites, aidés de ces grands yeux sombres ouverts avec une apparence de candeur, elle avait fini par comprendre que les faux-semblants font plus de dégâts que les hostilités trop clairement assumées. Faire croire que je ne suis pas une menace, pour mieux surprendre celui qui baisse sa garde. El volcán dormido comme elle m'appelait le soir, au creux de ses bras de mère louve. La voix du sorcier se mêle aux images des souvenirs qui coulent derrière l'écran de mes iris. Cette mère, sacrée oui, qui n'existe plus que dans un passé amer. Sa dureté me manque, je me sens fléchir de plus en plus souvent. Je me suis même surpris à accepter des choses d'autres être vivants qu'elle n'aurait jamais permis. Certaines nuits, j'ai l'impression de me perdre entre les enseignements qu'elle m'a appris et la ligne de conduite qu'elle souhaitait me voir respecter, et que je considérais comme essentiel. Et mes nouvelles résolutions prises ici après la dernière grande bataille. Sans repère, la nuit paraît sans fin.

« C'est quoi ton nom ? Que j'sache qui j'dois applaudir la prochaine fois que tu joueras. » La voix grave me tire de mes pensées et m'arrache à la contemplation passive de la succession d'images qui mène, inexorablement, vers les derniers souvenir que j'ai d'elle, le visage marbré de la terre de notre village. Mes doigts se pressent très légèrement sur le comptoir, refoulant le plus rapidement possible de cette mémoire qui ne pourra rien m'apporter de bon ce soir. Je fixe mon attention sur le sorcier, semblant soudain légèrement hésiter à lui donner cette information sur mon identité, pesant les pour et les contres, avant de finir par reprendre la parole d'une voix légèrement plus habitée que jusqu'à présent. « Luan. J'vous force pas à venir. J'ai pas l'impression que vous soyez du genre à aimer la subtilité. » D'un geste sec je redresse légèrement les épaules avant de caler mon bassin contre le comptoir, pressant la lame accrochée à ma ceinture contre mon ventre. Bien que dissimulée par mon pull ample, l'étui tape dans un son étouffé sur le bord du meuble. « Je bosse pas vraiment ici, je donne des coups de main de temps en temps en échange d'une soirée de concert. C'est le genre de commerce qui doit te parler à toi non ? Moyenner vos services contre d'autres. » L'ombre d'un sourire cynique effleure mes lèvres avant de disparaître, fugace, remplacé par d'autres mots qui traversent mes lèvres.  « Les menaces ok, mais j'vois pas à quel moment tu t'es senti insulté. Le mot vieux ? Faudrait être stupide pour pas imaginer que vu ta tête et connaissant ta race, tu as dépassé la centaine depuis longtemps. Ou alors l'insinuation de ton état de lucidité actuel ? C'est pas moi qui était à moitié endormi sur le comptoir à baver mon whisky. J'y suis pour rien si tu t'es senti agressé par de simples constatations. » Je suis très légèrement de mauvaise foi, et passablement cynique, tout en étant tout à fait honnête. J'ai juste parfaitement conscience que ma façon d'exprimer ces vérités étaient telle qu'elle sous-entendait un fond de remarque peu reluisante. « Compte pas sur moi pour faire semblant de m'excuser, tu peux peut-être maîtriser le pauvre mortel que je suis en un claquement de doigt, mais de mon côté j'ai pas besoin de baby-sitter pour me tirer des bars dont je passe la porte. » C'est gratuit, et particulièrement salé comme remarque, malgré le ton à nouveau neutre qui s'échappe de mes lèvres fatiguées qui retiennent à peine un petit bâillement qui me rappellent que je suis attendu le lendemain au travail.




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A vrai dire, je n'en ai rien à foutre de tout ça. Il pourrait tout aussi bien insulter toute ma famille, ça ne changerait rien à la situation et lui cramer le cul n'arrangera rien non plus. Oh ! ça me fera du bien sur le moment et après il faudrait que j'explique ça à la Grande Sorcière de la ville et ça serait pire comme punition. Puis toute façon, elle ne peut pas comprendre, j'en suis persuadé. Enfin, peut-être, je n'en sais rien. Je me suis trop évertué à être meilleur qu'elle toutes ces années, consciemment ou non, que j'en suis arrivé à la conclusion que toute entente ne serait pas possible. Vu avec moi-même évidemment, sans la consulter, mais voyant l'estime qu'elle a pour moi, j'en déduis que je ne dois pas être loin de la vérité. Alors autant m'épargner de la salive et du temps et ne pas lancer de boule de feu sur ce jeune impertinent. Je pourrais tout aussi bien le tuer et là, je serais réellement dans une merde impossible. Mais il a du répondant en tout cas et c'est assez appréciable. Il ira loin ce gosse, enfin sauf s'il emmerde la mauvaise personne. Et puis après je m'en fous. La vie n'est plus qu'une succession de jours pour moi, certains moins pénible que d'autres et je me demande tout le temps si un jour je vais réussir à vivre avec ce qui s'est passé. De même que je me demande ce qui va arriver si je me rends compte que je ne peux pas.

Il se présente et j'eus un rire franchement amusé à ses dires. " Tu serais surpris mon p'tit, mais là n'est pas la question j'imagine." Mais il avait raison dans un sens, la subtilité, ce n'est clairement pas mon truc. Je manie le feu après tout, cet élément si imprévisible, capable de vous réchauffer pendant une longue nuit d'hiver, comme de carbonisé des mecs qui le méritaient. Pour la subtilité on repassera. " Tu crois qu'on est tous aussi cons que ça ? Sérieux ? J'ai autre chose à foutre que d'aider Pierre ou Paul, surtout en ce moment." Après, ce n'est pas totalement vrai. Il y a des gens que j'aiderais, même si je suis actuellement au fond du trou. D'autres, je me contenterais de les regarder crever. Ouais, je suis un connard, je sais."Ouais fin j'aurais encore cette gueule quand toi tu seras six pieds sous terre à pourrir pour nourrir les vers. Remarque c'est peut-être enviable comme situation." Surtout si ça signifiait de ne plus souffrir, de ne plus avoir cette culpabilité.

" Je n'attends rien de toi, ni de qui que ce soit d'ailleurs. Tes excuses j'en veux pas, ça nous fera un gain de temps pour toi et moi." Et puis, je suis loin d'être autant bourré que d'ordinaire, donc même si je suis fatigué, je sais encore où j'habite et comment rentrer chez moi. Je l'observe de longues secondes et son bâillement ne passe pas inaperçu. Je finis mon café d'une traite et remasse mon argent. A la réflexion, je laisse un billet sur le comptoir. " Pour le café." Je me lève et m'étire avant de passer le pas de la porte. Je fouille dans mes poches et trouve un paquet de cigarettes. Je ne fume que rarement, mais ça me fait toujours du bien. Je fais quelques mètres et m'asseois sur les marches qui mènent à une statue. Jamais compris ce qu'elle faisait là, ni même ce qu'elle représentait. Mais c'est le quartier des humains alors j'imagine que ça doit être important. J'allume ma cigarette et profite de la première bouffée. Tout est calme et silencieux et je regarde ma montre. Il est tard. Je lève les yeux vers le ciel, pensif tout en fumant ma cigarette avant de rentrer chez moi et d'enchaîner un autre jour avec les mêmes galères. J'entends des voix au loin, mais je ne me défait pas de cette comtemplation.

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Je le fais rire, et c'est déjà mieux que de l'énerver. J'imagine. Au moins je ne risque pas de finir avec une malédiction sur trois générations sur le dos une fois qu'il sera rentré chez lui. Quoi que, avec eux on ne sait jamais totalement. La fourberie et les coups dans le dos ce sont des choses qu'ils pratiquent bien aussi. Sa remarque suivante me fait hausser un sourcil curieux dans un geste d'épaule désabusé. Non je ne crois pas que les siens sont à la botte du premier venu pour lui vendre ses services. Je connais trop bien leurs statuts sociaux pour savoir que c'est plutôt l'inverse en général qui se produit. Les pauvres mortels venant quémander contre toutes leurs économies, ou une partie de leur vie, en échange d'un sort ou d'une potion. L'amertume que je leur réserve fait exagérer mes pensées, évidemment, mais cela est loin de me déranger. L'homme ne sait pas lire mes pensées, je crois, et quand bien même il le pourrait il n'y aurait rien de compromettant là-dedans. « Ouais fin j'aurais encore cette gueule quand toi tu seras six pieds sous terre à pourrir pour nourrir les vers. Remarque c'est peut-être enviable comme situation. » Il reprend la parole et ma bulle de pensée éclate pour se focaliser à nouveau sur le sorcier au visage passablement marqué par toutes sortes de choses : alcools, fatigue, lassitude et chagrins peut-être. Je ne suis pas certain de cette dernière analyse mais au vu de ses derniers mots on peut honnêtement supposer que son quotidien ne transpire pas la joie de vivre. En théorie ce ne sont pas le genre d'éléments qui me touchent. On a tous nos malheurs, nos épreuves qui nous marquent et desquelles on arrive à se relever, ou non. La guerre s'est finie il y a cinq ans, c'est déjà presque loin derrière et me concernant je suis déjà passé à autre chose. Du moins ce ne sont pas ces combats-là qui ont laissé une marque indélébile dans mes cauchemars. En pratique, certaines choses m'ont rendus plus sensible malgré moi à la détresse des autres. Cae fait chier, mais faut bien reconnaître que le gars en face de moi à l'air aussi heureux qu'un croque-mort dans un village de sorcier. Peut-être bien qu'aussi, ile rappelle trop Nerea à cet instant, dans ce cynisme grinçant nimbé de valeurs d'alcool. Mais elle avait tendance à s'emporter dans ces moments-là, de tout le feu rageur qui l'habitait. Et le seul moyen de laisser la louve brûler dans ses yeux sans ronger le contrôle de ses nerfs, c'était de 'a faire parler, de rentrer en introspection, de la faire raconter dix, quinze, mille fois, les mêmes anecdotes. Un temps lointain, ocho hijueputa anos. Un léger voile trouble mes iris, et l'autre se redresse dans un geste lourd. Je le vois ramasser son argent, hésiter, et laisse un billet sur le comptoir « Pour le café » dit-il. Mes sourcils se froncent et mes lèvres se pincent. Je déteste qu'on me fasse mentir ou manquer une promesse, aussi futile soit-elle qu'une boisson chaude offerte. Mais l'homme part déjà sans me laisser le temps de répliquer, alors d'un geste rapide je ramasse la tasse, la bouteille et le verre vide avant de retourner près du patron qui me regarde avec une expression mi-amusée, mi-satisfaite. Il siffle entre ses dents,  presque admiratif avant de me donner une table sur l'épaule et de lancer dans un sourire « Eh bien mon gars tu m'épates sur ce coup-là. Tu serais pas aussi occupé de tes soirées j't'aurais proposé un poste plus régulier. » Je hausse les epaules tout en continuant de ranger la vaisselle sale à sa place. « C'était facile, il est pas si terrible que ça votre sorcier. » Le barman ricane tout en s'approchant de la caisse pour en tirer deux billets : « Tiens pour toi, et merci pour ton aide ce soir. Rentre chez toi, je vais finir de ranger. » La porte du lave vaisselle se referme quand je me redresse pour croiser son regard étonnamment bienveillant. Il a raison, si je préférais pas passer mes soirées à gratter ma guitare, c'est le genre d'endroit où j'aurais pu avoir eu envie de donner un peu de mon énergie. Mais je sais déjà que ce se serait voué à l'échec. On finirait par s'engueuler, et il ne me laisserait plus jouer mes musiques de temps en temps, je serai doublement perdant. Non, il vaut mieux que ça reste comme ça, des coups de main certains soirs en échange d'une heure de concert, et quelques billets gagnés avec des paris faciles.

Mes billets en poche, je salue une dernière fois le patron avant d'appeler Pola d'un sifflement doux et de prendre la direction de la sortie. L'artent du café glissé dans une poche à part pèse aussi lourd que la fatigue dans mes yeux. Ça me fait chier, je vais devoir retrouver ce sorcier un jour prochain pour lui rendre son dû. Au moins avec celui-ci je sais où chercher, même si la perspective de faire le tour des bars pour trouver sa tête endormie sur un comptoir ne me fait pas rêver, je ne devrais pas mettre trop de temps à mettre la main dessus. L'air frais de la nuit glisse contre ma joue, hérissant quelques poils de la nuque après la chaleur moite du bar. Instinctivement je lève le nez au ciel, cherchant la lune du regard, pour poser un œil amical sur ses contours de plus en plus arrondis. La pleine lune approche inexorablement, comme la douce promesse d'une soirée entre amis, tout en sachant la fatigue qu'elle nous laissera dans le corps au réveil du lendemain. D'une grande inspiration, je gonfle mes poumons, aspirant l'air nocturne avec une certaine sérénité, jusqu'à ce que mon nez se plisse sous l'odeur familière du tabac qui se consomme. Là-bas, à quelques pas, près de la statue, la silhouette d'un homme grésille sous la lueur rougeoyante d'une cigarette. Tout l'air aspirer s'expulse dans un soupire, les mains dans les poches de mon pantalon, je m'approche du sorcier, Pola sur les talons, bien déterminé à lui rendre son argent et décamper ensuite au plus vite. « T'es encore là, tant mieux, j'avais pas envie de passer mes soirées à faire les bars du coin pour te chercher. » Mes doigts sortent le billet soigneusement plié pour lui tendre, un léger sourire froid sur les lèvres « Je te l'ai dis, je tiens toujours parole et j'aime pas qu'on me fasse mentir. Le café était offert. Je veux pas de ton argent. En plus d'être assez con pour penser que vous avez du mal à refuser de soigner une personne quand on vous propose le bon deal derrière, je suis assez con pour avoir un code de l'honneur personnel assez rigide. » Peut-être bien que ce code d'honneur n'est pas parfait, mais il est l'une des dernières choses qu'il me reste pour soulager ma conscience et me donner l'illusion que je suis moins mauvais que certains du milieu d'où je viens et qu'un jour, peut-être, j'aurais le droit de le laisser entièrement derrière moi. Vaste rêverie d'un gamin tapis au fond de la tanière d'un loup.




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Quand on est au fond du trou, la mort apparaît vraiment comme quelque chose d'étrangement réconfortante. Mais est-ce que j'en suis réellement là ? C'est une bonne question. Je pose les yeux sur ce gamin, qui sera en train de se faire bouffer par les vers quand je serais encore de ce monde. Du moins en théorie. Parce que dans les faits, je n'en sais vraiment rien. La mort est tentante, mais d'un autre côté, j'aime trop ma vie malgré les absences qui se font durement ressentir. Mais il ne pouvait sans doute pas comprendre, en vrai je n'en sais rien et je m'en fous. Je n'ai pas besoin qu'on compatisse, j'ai juste besoin qu'on me foute la paix. Et de boire, même si c'est dans des quantités qui paraissent astronomiques. J'ai dû encaisser beaucoup de choses dans ma vie et j'en venais à me demander si ce n'était pas la chose de trop. Mais qu'importe, ce n'est pas dans un bar du quartier des humains, ni dans le fond de mon verre que je trouverais la réponse à cette question. Alors après avoir fini et payer mon café, je sors, sans faire d'histoires.

L'air frais me fait du bien et j'inspire longuement avant de commencer à m'éloigner. Tirant le paquet de clopes de l'une de mes poches, j'en coince une entre mes lèvres et je l'allume, tout en prenant place au pied d'un monument aux morts. Enfin je crois, je ne sais pas et je n'ai pas envie de réfléchir à la question. Je lève les yeux au ciel à ce moment-là et je reste admiratif, sans dire un mot, laissant juste la fumée envahir mes poumons à intervalles réguliers. Et ce calme qui me fait du bien est rompu par des bruits de pas, puis une voix. J'eus un léger sourire aux lèvres, les yeux toujours rivés vers le ciel. " Tu sais, même les gens qui monnaient leur services pour survivre sont capable de faire preuve de générosité." Je pose enfin les yeux sur lui et je vois un animal derrière lui. " Mais soit, ça m'évitera de repasser à la banque demain pour avoir du cash." Pas vraiment, mais qu'importe. La cigarette étant finie, j'écrase le mégot et soupire légèrement. " Tu m'fais penser à ma fille sur certains aspects. Elle aussi avait un code d'honneur assez rigide, et ça me faisait bien marrer à l'époque." Sauf que ça ne l'a pas sauvée de cette guerre. Si seulement elle était restée à l'abri, comme elle nous l'avait promis avant que je ne parte me battre en première ligne... Je tire de nouveau mon paquet de cigarettes de ma poche, en coince une entre mes lèvres et le lui tends, s'il en voulait une. " Mais c'est pas ça qui l'a sauvée pour autant." Je hausse les épaules et reprends. " C'est bien d'avoir un code et de s'y tenir, mais faut pas être borné au point que ça te prive de ta vie." Putain mais qu'est-ce que je raconte ? Je ne suis pas son père.

Mes yeux se portent de nouveau vers le ciel et je reste de longues secondes sans rien dire. " Joli chien que tu as là en tout cas." Peut-être que je devrais prendre un animal aussi, ça me forcerait a rester en vie et à m'occuper de lui, mais en l'état, je ne suis franchement pas certain que ce soit une bonne idée. Mais plus tard qui sait. Pourquoi pas un chat ? Ca serait plus viable qu'une chèvre naine nommée Olympe. Elle doit vivre sa meilleure vie dans cette ferme aux alentours de la Nouvelle-Orléans. De même que Miguel, le lama emprunté au zoo de la ville. Ouais un chat c'est pas mal. " Enfin, rentre chez toi, t'as autre chose à foutre que de rester là." Je devrais sans doute en faire autant. Après ma cigarette sans doute.

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@Charlie Ashford  | septembre 2022 - Nuit au alentour de trois heures du matin.



Il sourit, le nez en l'air, tourné vers la même contemplation nocturne que la mienne précédemment. La cigarette disperse en rythme régulier des volutes de fumée qui s'étire dans la nuit étonnamment claire. Le sorcier ne tarde pas à répondre, évoquant une générosité qui me fait laisse un goût amer dans le fond de la gorge. Elle a un sale goût, leur générosité, s'il veut mon avis, mais je doute que ce soit le cas. Aucun de nous deux n'a l'air d'être un monstre d'objectivité de toute façon. Ce serait le genre de conversation qui ne mènerait nulle part. Pas pour une première rencontre, comme ça, entre un client trop alcoolisé et un barman à la capacité empathique d'une fourmi en hibernation. L'homme prend malgré tout l'argent sans faire plus de remarque que cela, si ce n'est une fausse excuse de banque et de cash pour sa journée du lendemain. Je doute qu'il aille très loin avec son unique billet, il à plutôt l'air du type qui en retire des liasses à la moindre occasion, que celui qui économise le moindre centimes pour se payer une bouteille chaque soir. Non, ça c'est plutôt mon genre à moi, et une infime partie de ma conscience se dit que j'ai peut-être été un peu con de le lui rendre. Parce que pour lui ça n'aurait fait aucune différence, alors que pour moi ça aurait pu être un tour au marché pour profiter de ces quelques sous en plus pour préparer un repas sympa pour moi. Et Sirice. Cependant, je repousse rapidement cette idée de mauvaise décision, me répétant mentalement que si, c'était la bonne décision, celle de mon code d'honneur, et que si je me permets de déroger à celui-ci, je ne vaudrais pas mieux que les autres. Ce genre de petites entorses peuvent faire plus de mal dans les murs de pierre que j'ai dressé en moi au fil des années, que n'importe quoi d'autre. Mes dents se serrent légèrement, les poumons inspirent plus longuement l'air frais pour replacer le contrôle là où il devrait être : à son maximum. Malgré la fatigue des deux journées de travail enchaînées, et celle de demain matin.

Les mains à nouveau dans mes poches, je l'écoute me parler de sa fille, de son code d'honneur rigide à elle et il me suffit de l'entendre parler de son à l'époque pour deviner que la suite ne doit pas être joyeuse. Parler au passé, c'est soit que la fille en question a changé pour le pire, qu'elle est partie ailleurs et à changé de vie, ou qu'elle est morte. Et au vu du ton des souvenirs que le sorcier vient de prendre, je ne peux que craindre qu'il ait envie de me parler, de se confier. Pire, peut-être, qu'il cherche une oreille attentive et compatissante à ses problèmes. Ce qui est bien loin d'être mon cas le concernant. Je sais être ce genre de personne avec les rares qui comptent dans ma vie. Mais même avec eux, cette disposition à ses limites. Mais avec un inconnu, il ne faudrait pas s'attendre à grand chose d'autre qu'un potentiel ennui significatif de ma part. Ou beaucoup de raillerie. Surtout s'il devient larmoyant, là, je risque carrément de devenir con. L'homme tire à nouveau son paquet de cigarette pour s'en fumer une deuxième avant de me tendre le paquet. Peut-être bien que la générosité est un truc qu'il pratique quand il est bourré, finalement. Sans me faire prier, ni insister outre mesure sur ma surprise face à cette proposition désintéressée que par un regard plat posé sur lui, j'attrape l'une des cigarettes du paquet pour la glisser entre mes lèvres. Le goût sec et amer du filtre s'ajoute aux sensations nocturnes alors que je me fais la réflexion que je n'ai pas de briquet sur moi et qu'il va me falloir lui demander, en plus, du feu. Mierda. Faut dire que je ne suis pas un grand fumeur, ça coûte cher ces conneries, et je n'ai pas les moyens de m'acheter des paquets tous les jours. Je compte plutôt sur la générosité des autres, pour profiter d'un peu de nicotine, de temps en temps.

Quand il reprend la parole, c'est pour éclaircir la situation évoquée précédemment, sur sa fille. Morte, donc. C'était à prévoir au vu de son état général, il parait que c'est le genre de chose qui tire les parents vers le bas. Involontairement, mon regard se fait légèrement plus perçant tandis qu'il continue de parler, passant de l'épanchement sentimental, au donneur de leçon d'un vieux grincheux qui voudrait se prendre pour un sage. L'ombre d'un rictus mauvais étire le coin de mes lèvres où est glissée la cigarette. Je n'aime pas tellement les conseils non sollicités venus d'inconnus qui ne me connaissent pas et qui jugent mes choix de vie de façon aussi frontale et stupide. Mon code d'honneur, aussi rigide soit-il, est bien la seule chose qui me permette de vivre sans m'enfoncer dans des conneries qui finiraient par me coûter la vie, à coup sûr. Sans lui, j'aurais peut-être déjà fini dans un caniveau, un couteau planté entre les côtes. Quoi que. Est-ce que je suis si exemplaire avec mes propres valeurs ? L'ombre grinçante d'Enrique racle contre ma rétine, le souvenir s'accroche et voudrait déchirer les voiles de ma conscience et mes poings se serrent plus durement dans mes poches retrouvées. Pour lui c'est différent. Et la culpabilité n'est jamais très loin à ressurgir. Stupide conscience.

Le silence s'étire légèrement dans des secondes de silence qui me permettent de digérer le souvenir et de le renvoyer au loin en me focalisant sur la présence chaude de Pola contre ma jambe. Ma main quitte même ma poche pour venir se poser distraitement sur le haut de sa tête quand le sorcier se remet à parler pour complimenter la petite chienne fauve. Mon regard tombe sur celle-ci avec un regard tendre qu'elle me rend de ses yeux doux.   « Enfin, rentre chez toi, t'as autre chose à foutre que de rester là.» Je hausse les épaules tout en continuant de regarder Pola et de gratter doucement sa tête. « Merci pour la cigarette, t'aurais du feu ? Je voudrais tester jusqu'où peut aller ta générosité. » Un fin sourire se claque sur mes lèvres quand je relève enfin les yeux vers lui. Furtif, il ne reste pas, mais avait le mérite d'être sincère, une douce moquerie, presque de connivence, le genre d'humour qui me caractérise, sec et piquant, qui se moque pour mieux exprimer en filigrane les émotions que je ne serai pas prêt à assumer en face. Une reconnaissance, réelle, envers cette cigarette partagée, et peut-être un début de reconsidération de la valeur de l'homme qui se cache derrière la bouteille d'alcool avalée. « Elle s'appelle Pola. Elle me suit partout. Elle est là pour m'rappeler que je dois m'en tenir à mon code d'honneur pour pas me faire tuer trop vite. » Ma main quitte la tête de la chienne pour prendre la cigarette et la faire doucement rouler entre mes doigts. « Désolé, pour ta fille. Elle est morte pendant cette guerre ? Ils sont pas mal à y avoir laissé leur peau, avec ou sans code d'honneur. J'suis pas sûr que ça aurait changé quoi que ce soit pour personne de les respecter ou non. Y a rien de juste pendant un combat, surtout quand ceux d'en face sont motivés juste par le plaisir de tuer tout ce qui bouge. » Je hausse les épaules, une nouvelle fois, la voix est neutre, le visage aussi lisse qu'une flaque d'eau. Aussi lisse que le silence qui régnait dans le village de la meute maternelle décimée. Aussi lisse que le détachement qu'il faut que je garde à ce sujet pour ne pas risquer de sombrer dans une de ces crises de panique qui me prennent sans prévenir. Non, il n'y a rien de juste ni d'honorable dans la guerre. Sinon ils auraient au moins, laissé les enfants en vie. « Mais peut-être que si certains sorciers avaient eu un peu plus d'honneur, certains auraient pu mieux se défendre, et peut-être survivre. Au lieu de ça, vous êtes restés cachés comme des lâches. J'imagine que c'est ça, la générosité dont vous êtes capable de faire preuve que tu évoquais. » La voix n'a pas changé, le ton est toujours neutre et détaché, mais une infime lueur sauvage passe rapidement dans mes iris, éclair brûlant dans mes yeux sombres, avant que mon nez ne se plisse légèrement dans un signe clair d'une rancœur bien trempée.




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Je ne suis pas le genre d'alcoolique a déballer toute ma vie pour me faire plaindre. Parce que ça ne change rien au résultat. Mon fils est toujours mort, de même que ma fille. Et ce n'est pas lui qui comprendra quoi que ce soit. Je ne le connais pas de toute façon. Et clairement, il n'a pas le profil du mec qui écoute un alcoolique comme moi sans broncher. Je sors mon paquet de cigarettes, en coince une entre mes lèvres et lui tends le paquet pour voir s'il en voulait une. Il ne se fait pas prier évidemment. Son attitude change tout de même lorsqu'il regarde sa chienne, mais je ne dis rien à ce sujet, pourtant, je souris légèrement en regardant l'animal, alors qu'il me demande du feu. Amusé, je claque des doigts et une flamme apparaît pour allumer ma propre cigarette. La magie à parfois du bon. Pour lui, je fouille dans ma poche et lui balance un briquet. " Garde le, je n'en ai pas besoin." Je suis un mage qui maîtrise le feu comme élément, alors forcément. D'ailleurs, ce briquet, je ne sais même pas où je l'ai récupérer et ça n'avait pas d'importance, c'était un objet tout à fait banal.

Sa chienne s'appelle donc Pola et elle est là pour le garder en vie. Ce n'est pas si con comme idée au final. Mais ce n'est pas ce qu'il me faut, je n'arrive déjà pas à prendre soin de moi en ce moment, alors d'un animal, surtout un chien qui est assez dépendant, non, je ne peux pas. Un chat encore à la limite. Et puis il continue sur sa lancée et je sens mes muscles se tendre très rapidement. Les souvenirs de la guerre sont encore bien présents. J'avais du vécu, ce n'était pas ma première guerre et sans doute pas la dernière, mais c'est là ou j'avais tout perdu. Je reste silencieux, mais ma mâchoire se crispe et je pose les yeux sur lui quand il continue sur sa lancée. Je vois un truc passer dans son regard et ça ne me plaît pas du tout. Ma fille n'était pas morte dans le déshonneur, elle est morte parce qu'elle me cherchait, elle est morte parce qu'elle était trop jeune pour savoir correctement se défendre malgré sa nature féerique. Elle est morte parce que cette guerre était injuste. " Tu ne sais pas de quoi tu parles gamin." Mon regard est aussi mauvais que le sien, l'espace d'une seconde et je reprends clairement sur le ton de la raillerie. " Pendant que j'étais en première ligne pour sauver cette cité et ce qui restait du monde obscur, rappelle moi ou étaient les loups ? Ah oui, pas là." Il y en avait eu quelques uns, mais la totalité étaient rester entre les murs de la ville. Et nous en première ligne on avait carrément dégusté. " Alors ta rancoeur tu peux la ravaler au lieu de t'en prendre à tous les sorciers que tu croise. Un jour tu en verras un qui sera trop susceptible et ta petite vie cessera." Je désigne sa chienne d'un mouvement de la tête. " Et tu ne seras plus là pour elle."

Je me relève, m'étire légèrement et repose le regard sur lui. " Mais bon après tout ce n'est pas ma vie j'en ai rien à foutre que tu meurs ou que tu vive. Mais ne crois pas tout savoir, ça te portera préjudice et tu seras mort avant même d'ouvrir la bouche." Je pourrais le réduire en cendres, le torturer au point qu'il en perde la raison, mais à quoi bon ? C'est juste un gamin en colère. Je suis moi aussi en colère, mais pour des raisons différentes. Parce que ce monde c'est de la merde. " Rentre chez toi et prends soin de ta chienne, c'est ce qu'il vaut mieux que tu fasse maintenant." Je lance mon mégot et fourre les mains dans mes poches. " A moins que t'as autre chose à reprocher aux sorciers qu'il faut que tu exprime, je crois que le mieux pour toi et moi, c'est que nos chemins se séparent ici pour cette fois." Et je suis sérieux.

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