Enquête passionnante? [Idunn]

Certaines enquêtes semblent faciles au premier abord, et se révèlent plus complexes après les premières investigations. Celle en cours était de celles-ci. Ce qui n'est pas pour déplaire à la vampire. Tout ce qui peut permettre à son cerveau de déployer ses techniques de recherches est bon à prendre. Quand bien même cela l'oblige à venir fouler le sol de l'institut, au beau milieu des Nephilim. Elle aimerait croire que sa présence laisse tous ses occupants indifférents, mais elle n'a pas cette naïveté. Idunn ne l'a jamais eu. Dans ce monde qui est le sien depuis plus de cinq cent ans, elle a appris à se méfier de tous, créatures obscures et chasseurs d'ombres. De ces derniers, surtout. Elle a rapidement appris à les fréquenter et à utiliser leurs atouts, mais elle n'a jamais oublié les nombreux Accords imposés, des décisions souvent mal négociées et trop souvent injustes pour les siens. De son point de vue, ils sont peu nombreux à faire des efforts de confiance dans le sens des créatures, faisant des amalgames souvent frauduleuses entre la magie démoniaque qui pulse dans leurs chairs et les habitants d'Edom.
Mais là n'est pas la question, depuis l'après-guerre Alicante est devenue mixte, terre d'accueil, de mélange et d'espoirs, infimes mais réels, d'un potentiel avenir plus balancé. Elle a pris soin de faire les efforts nécessaires pour sa venue, habillée d'un classique mais délicat tailleur sombre qui fait ressortir la pâleur de sa peau, ses longs cheveux blonds laissés libres retombent en vagues dorées sur ses épaules, et son sourire paré d'un rouge brillant lui donne l'air de la femme distinguée qu'elle sait être en représentation. Ce serait mentir de dire qu'elle n'aime pas se montrer ainsi, au contraire, la vampire a toujours aimé les jolis tissus et elle sait trouver les vêtements qui la mettent en valeur. Elle a même fait l'effort de venir désarmée, ce qui est une grande preuve de confiance de sa part, et une impressionnante démonstration de bonne volonté pour quiconque la connait un tant soit peu. Avec un sourire en coin elle songe à Nathan qui serait sans doute légèrement soulagé de savoir qu'elle a accepté de faire cet effort. Lui qui joue les ambassadeurs auprès des autres espèces, il verrait sans aucun doute d'un mauvais œil qu'elle se permette de soulever quelques tensions auprès des Nephilim lors d'une visite de courtoisie.

La semelle de ses talons claque doucement dans la grande salle des archives. L'endroit en apparence désert est plein de dossiers en attente de rangement, et elle lève un sourcil surpris en passant entre les allées. Certaines parfaitement rangées côtoient d'autres plus éparpillées comme si un ouragan avait soufflé ses vents par ordre alphabétique. Constater qu'elle arrive en pleine séance de réorganisation de l'espace l'agace, potentiellement cela voudrait dire qu'elle devra passer plus de temps ici à chercher les bonnes informations. Sauf si, avec un peu de chance, ce qu'elle cherche a déjà été réorganisé.

Ses pas s'arrêtent quand Idunn aperçoit enfin la silhouette d'un homme près d'une pile de dossier et son visage se lisse immédiatement. Les ombres de contrariétés s'estompent pour laisser place au masque de porcelaine éclairé d'un sourire doux. « Excusez-moi, on m'a conseillé de m'adresser à vous. Vous êtes bien Sigvard Karlsson ? » Elle tend une main dans la direction de l'homme en question dont elle a noté les consonances scandinaves du nom avec une nostalgie douce-amère. Un goût de citron dans son âme gercée du sel de la perte des siens. « Idunn Varangr, détective privée. J'ai été engagée pour faire des recherches sur famille d'humains arrivée en 2017. Il me semble que vous avez la liste de tous les réfugiés qui ont trouvé refuge à Alicante dans vos admirables archives. » Sa voix est calme, naturellement sûre d'elle malgré les biais détournés qu'elle prend pour évoquer la substance de sa demande. « Si vous pouviez m'indiquer les rangées traitant de cette année-là je me débrouillerai toute seule ensuite et vous pourrez retourner à votre rangement. Je ne souhaite pas vous déranger outre mesure. » Idunn incliné légèrement la tête dans un geste qui s'apparente à une excuse pour le dérangement qu'elle provoque. En réalité elle espère que l'homme lui laissera le champ libre pour mener ses investigations. Après tout, elle ne connait pas ce Karlsson, ni ses opinions, et se retrouver avec un nez fouineur dans ses affaires est la dernière chose dont la vampire a envie.

Des cils qui battent l'air comme pour chasser des poussières imprimées sur les iris, une respiration qui siffle, rapide, dans des poumons trop actifs, et les cognements sourds d'un cœur oppressé contre les côtes. Idunn voit comme elle entend les signes d'un mal être chez son interlocuteur. Pourtant elle n'en dit rien, observe, offre ses sourires courtois et son assurance naturelle comme seule réaction. Il lui est impossible de savoir ce qui a provoqué un tel déchainement corporel chez le Nephilim avant son arrivée, et cela ne la regarde pas. Elle est venue pour le travail, et il n'est pas question qu'elle se laisse distraire par l'humain derrière l'agent des archives. Du moins en théorie. En pratique, les choses sont bien différentes. Sous le masque de cire et la parfaite maitrise de ses traits figés, l'âme a frissonné. Son délicat altruisme toujours soucieux des autres s'interroge. La soignante en elle reconnait tous les signes d'une crise d'angoisse, un stress qui pourrait venir de beaucoup d'éléments différents qui filtrent dans une partie de son cerveau jamais en sommeil. Une situation personnelle délicate ? Un stress post-traumatique ? La dernière option perle avec une évidence encore rougeoyante des souvenirs des différents affrontements sanglants auxquels de trop nombreux survivants ici ont participé. Est-il lui aussi sur le champ de bataille pendant la nuit du 31 octobre ? Elle fouille rapidement sa mémoire sans parvenir à identifier les visages qu'elle ne connaissait pas. Sa propre attention était bien trop occupée à veiller sur les siens. Sur Marcus. Même si concernant ce dernier, cela n'avait pas été suffisant. D'un infime serrement de dent fugace, la scandinave ferme mentalement la porte qui tentait de s'ouvrir sur des images qu'elle ne souhaite pas revivre à cet instant. Son sourire se fait plus éclatant pour masquer le léger trouble qui s'est emparée d'elle. Heureusement pour elle, le Karlsson a accepté d'accéder à sa demande et sans prononcer le moindre mot, il prend la direction d'une section. La vampire lui emboîte immédiatement le pas tout en laissant son regard courir faussement distraitement sur les noms qu'elle devine sur les tranches de certains dossiers.

Lorsque l'archiviste s'arrête devant une épaisse pile, elle fait de même à une distance respectable, observant toujours avec une acuité perçante les attitudes de l'homme. Il se tourne enfin vers elle, le dossier en main, avec l'air interrogateur de celui qui attend la suite. La vampire hésite une seconde, cherchant à deviner les intentions du Nephilim derrière le silence qu'il observe. Est-ce qu'il retient ses mots pour ne pas déverser un flot de haine envers elle ? Est-ce qu'il n'a pas apprécié être dérangé ? Est-ce qu'il se sent honteux, peut-être, d'avoir été vu dans une position de faiblesse ? Ses yeux se plissent légèrement tandis que ses pensées tirent rapidement plusieurs fils possibles pour tenter d'établir des liens logiques. Un réseau complexe, comme une large toile d'araignée, tissée dans le secret de son cerveau. Elle pourrait se monter acide ou s'énerver face à un tel comportement, mais Idunn a trop besoin de ses informations pour prendre le risque de faire une esclandre au sein même de l'Institut. Ainsi se contente-t-elle de sourire plus doucement, une légère lueur amusée dans le regard. « Est-ce que je dois comprendre que vous ne comptez pas me laisser consulter ces fichiers par mes propres moyens ? » Son regard glisse dans celui du jeune homme qui est particulièrement grand, ce qui l'oblige à lever le menton dans sa direction. « Je préfère estimer que cette réserve de votre part vient du fait que vous êtes en plein rangement et que vous redoutez que je vienne mettre le bazar dans les documents que vous venez juste de trier. Et occulter l'éventualité d'une méfiance raciale déplacée. » Sa voix est douce, la scandinave tente par tous les moyens possibles de communiquer son envie de paix et envoyer des signes positifs au Nephilim. Tout en lui indiquant en sous-texte qu'elle n'est pas une ennemie pour lui. Enfin, dans un dernier effort de bonne volonté de sa part, elle sort son téléphone de sa poche, trouve rapidement les notes qu'elle a prise regroupant les informations qu'elle cherche, avant de tendre l'écran vers Sigvard. « On ira plus rapidement à deux, il est vrai, surtout que vous connaissez mieux vos classements que moi. Je cherche la famille Rossi, des terrestres donc, réfugiés d'Italie arrivés en mai. Deux adultes et trois enfants, normalement. » Une première slave d'informations, celles-là même que la mère de famille avait donné à la détective privée lorsqu'elle était venue prendre ses services pour retrouver son fils cadet. Mais des informations qu'Idunn soupçonne d'être partiellement fausses, ou erronées. Si ses doutes sont correctes, aucune famille Rossi ne sera présent dans le registre des terrestres. Ou alors pas avec trois enfants. A ce stade elle ne sait pas encore où ce situe la supercherie. Une fausse identité et un nom de famille inventé, ou bien un mensonge qui va plus loin qu'une lointaine descendance de Nephilim. Car Idunn avait senti la nature angélique du sang qui pulsait dans les veines de la femme qui était venue la voir. Un sang distillé et loin d'être aussi fort que celui qui embaume la peau de l'homme qui lui fait face. Mais qu'importe, les secrets de famille, c'est toujours palpitant à dénouer.

Le silence s'étire, vaste forêt peuplée de milles petits détails corporels qui parlent tout autant que le ferait des mots inutiles. Idunn commence à se demander si le Nephilim ne se terre pas dans son mutisme par caractère plutôt que par défiance envers sa race. La première option lui paraîtrait plus supportable que la deuxième. Dans ce cas-là, iels risqueraient d'aller au-devant de problème car la vampire n'a pas pour habitude de laisser les intolérants la mépriser. Quand bien même elle se trouve au cœur de leur Institut, cerné par nombreux des siens, désarmée. Mais est-elle réellement désarmée ? Même sans acier pendu à sa ceinture, elle reste redoutable par ses fines connaissances des techniques de combat et ses aptitudes décuplées par sa nature vampirique. Elle resterait une redoutable adversaire en cas de nécessité. Mais il faut espérer qu'elle n'ait pas à en venir là. Cela ferait désordre, évidemment, à l'approche des négociations. Ainsi, quand l'homme se détourne de l'écran de son téléphone pour consulter les pages du registre correspondant à l'année demandée, la scandinave reste en retrait, poliment. Comme une personne qui sait tenir sa place malgré la curiosité brûlante qui lui donne envie de se pencher à côté de l'épaule du Karlsson pour dévorer les lignes de noms avec lui. Elle aurait bien tenté de se glisser derrière son épaule pour lire par-dessus, mais la bonne dizaine de centimètres supplémentaires qu'il a sur elle rendrait toute tentative du genre complètement inutile. Elle se contente donc d'attendre tout en observant attentivement la moindre variation d'expression sur ses traits. Quand il trouve le nom cherché, les yeux arrêtent leurs courses et Idunn sent une pointe d'excitation exploser dans ses entrailles. Il s'est arrêté avant la fin de sa page, autrement dit un ou une Rossi est bien arrivé à Alicante en mai 2017. Un frisson électrique parcours ses nerfs tant elle fait des efforts pour garder son sourire doux - et factice - le plus longtemps possible sans trop révéler la tension qui vient de tendre ses fibres. Quelque chose dénote, visiblement, entre les informations données par Idunn et ce qui est inscrit dans le registre car Sigvard relève un regard où flotte un léger flottement de questions qui suffisent à faire luire ses propres yeux d'une lueur plus magnétique que jamais. Elle avait vu juste. Loin d'en avoir réellement douté, la gestuelle de l'archiviste confirme tout ses doutes sur la véracité des informations que sa cliente lui avait transmises, et cela n'a pas de prix. Son sourire s'étire de façon plus nette et franche quand il tend les papiers vers elle pour lui laisser le loisir de lire le registre à son tour.

Une seule Rossi, trop âgée pour correspondre à la personne qui était venue solliciter ses services. Autrement dit son enquête ne fait que commencer et prend la direction de l'usurpation d'identité. Fabuleux. Exaltant. « Vous permettez que je prenne une photo ? » Sans détourner les yeux du nom inscrit, elle pose une question purement rhétorique tout en activant déjà l'appareil photo de son téléphone portable. Un rapide cadrage, et elle enregistre précieusement la preuve dans son dossier cryptée installé par Gaby il y a quelques mois de cela. Après avoir remis l'objet dans sa poche, la vampire redresse enfin la tête pour croiser le regard interrogateur, et légèrement intrigué, du Nephilim. Lui aussi semble attendre des réponses, et elle le soupçonne soudain de trouver la situation suffisamment intrigante pour être devenue intéressante. Peut-être bien qu'elle peut profiter de cette énergie qu'elle lit comme positive, pour parvenir à ses fins. Après tout, elle n'a jamais été contre solliciter l'intelligence d'un autre pour avancer dans ses propres enquêtes. Le tout est de savoir doser les implications de chaque aide dans le processus d'investigation pour s'assurer que personne ne puisse faire tous les liens à sa place, ni compromettre ses recherches. Cela fait plusieurs siècles qu'elle exerce ce métier, et celui qui voudrait la doubler devra savoir faire preuve de beaucoup d'imagination. « Dette er veldig spennende...» Le murmure semble lui échapper comme une confidence. En réalité, elle tente de tester ce Karlsson et son appréciation des langues scandinaves dans l'espoir qu'une phrase dans une langue potentiellement maternelle puisse lui arracher un mot ou deux. Voilà une journée qui s'annonce bien plus amusante qu'elle ne l'avait songé. Deux défis à relever pour le prix d'un, c'est presque trop beau pour être vrai. Dans un quotidien devenu aussi sombre que les nuits qu'elle traverse, ce type de distractions sont plus que bienvenues. Aussi se laisse-t-elle entièrement prendre aux jeux qu'on lui propose : une chasse à l'homme, et le défi de faire parler un amoureux de l'économie de salive. « Vous n'êtes pas très loquace monsieur Karlsson, mais est-ce que vous aimez les mystères ? Nous sommes visiblement face à ce qui pourrait être une impasse. Est-ce que vous seriez partant pour éplucher les registres  avec moi pour retrouver notre famille ? Nous cherchons donc, deux parents et trois enfants, arrivés en mai 2017. Peut-être des dérunés ? Avez-vous un registre spécifique pour ceux-là ? » Au fur et à mesure qu'elle parle, son regard s'est illuminé de lueurs brillantes. Il devient clair que la situation l'amuse et que ce tour du sort était en réalité attendu, et particulièrement apprécié par la détective privée.

Le Nephilim se déplaça à nouveau sans ajouter le moindre mot et Idunn n'en fut que plus intriguée encore. Il avait souri néanmoins en l'entendant parler norvégien, ce qui avait suffit à la vampire pour analyser qu'il avait dû comprendre ce qu'elle avait dit. Que donc l'homme venait bien d'un pays scandinave comme elle. Restait à savoir lequel. Ce premier sourire avait tout de même été considéré comme une victoire en comparaison de son air passif offert jusqu'à présent. Il augmenta même ce sourire quand la scandinave lui proposa de l'aider, elle semblait avoir deviner juste, comme souvent, sur la potentielle curiosité du Nephilim pour le mystère avec lequel elle venait le questionner aujourd'hui. Il faut dire que les personnes entièrement réfractaire à l'appel d'une petite enquête dans leur cœur de métier sont assez rares. Et elle a un certain talent pour convaincre les autres, qui n'est pas entièrement éloignée de son charme vampirique elle doit le reconnaître. Même si de son vivant, sa force de persuasion était déjà sensible et suffisante pour rallier derrière elle se nombreuses âmes. Ces mêmes âmes qui l'avaient suivi jusqu'à la mort. Qu'elle avait mené jusque là. Une pensée fugace, lointaine, qui ne peut que la ramener à ce désagréable sentiment de culpabilité qu'elle étouffe aussitôt. Ce n'est ni le moment ni le lieu de faire ressortir ses vieux démons.

Le Karlsson tapote la chaise libre à côté de lui et Idunn ne se fait pas prier pour le rejoindre d'un pas souple et ferme à la fois. Ses talons claquent doucement dans le silence de la salle des archives. Ce n'est pas un bruit qu'elle apprécie tellement, mais au fil des siècles elle s'est habituée à l'entendre resonner dans toutes sortes de lieux et de circonstances, usant parfois avec ingéniosité de l'effet produit sur l'atmosphère de la pièce. Aujourd'hui elle se contente de le rendre le plus doux possible pour éviter d'instaurer la moindre tension nerveuse entre elle et le Nephilim. Encore une fois, la Varangr est là en paix, et elle tient absolument à faire comprendre que ses intentions envers l'homme sont cordiales voire même sympathiques. L'archiviste semble d'ailleurs se détendre de plus en plus et elle regretterait qu'un vulgaire claquement trop sec de talons contre un sol parfaitement entretenu ne vienne ruiner tous ses efforts de bonnes intentions.

Arrivée près du bureau, Idunn s'installe sur la chaise qu'on lui a désignée, posture droite, jambes croisées et la main droite posée sur le téléphone plaqué sur le bureau, prête à saisir la moindre miette d'information dans ses notes. Ou a prendre une nouvelle photo à la volée, sans donner l'air de se formaliser de savoir si elle en réellement le droit ou non.  Après tout Karlsson ne l'a pas arrêtée précédemment ni encore remise à sa place sur la question, elle prend donc son silence comme une autorisation tacite. Ce qui l'arrange évidemment. « Une liste numérique seulement pour les dérunés ? Ou bien vous souhaitiez me montrer autre chose sur cette tablette ? » Ses yeux glissent avec une curiosité brillante vers l'objet en question se retenant de le prendre dans ses propres mains. Bien que relativement habile avec les outils numériques, elle le serait de toute façon bien moins que son propriétaire, mais son besoin frénétique de voir les informations par elle-même oppresse sa raison. Elle se contient, réfrénant le tapotement nerveux qui voudrait agiter ses doigts derrière une immobilité de porcelaine. « Comment sont classés ceux-là ? Par date de dérunage ou par nom de famille ? Existe-t-il une possibilité pour qu'il s'agisse de Nephilim qui habitaient la cité de Verre avant le grand exil, qui ont été dérunés, qui soient partis dans le monde terrestre, avant de revenir sous un faux nom, donc, pour éviter d'être associés à leur ancienne vie ici ? » Elle parle presque pour elle-même tant sa voix s'est faite à l'orée du murmure, mais en réalité c'est bien à son interlocuteur qu'elle s'adresse, tout en déposant ses propres pensées, cherchant à démêler le nœud qui se cache derrière la façade de cette histoire de cette famille pas si ordinaire qu'elle voudrait le faire croire.