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Don't go breaking my heart - Luan

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Eros Price
Exclave Progressiste
Eros Price
The Accords
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Date d'inscription : 17/11/2023
Mundane
Don't go breaking my heart
So don't misunderstand me

Un soir de plus au Street Spice, c’était comme devenu une routine. Une routine relativement plaisante. Les client.e.s étaient relativement sympathiques, il y avait rarement des soucis finalement ! Alors, il n’allait pas se plaindre. Il était toujours plutôt content d’entamer son service ! Sauf quand Luan était sur les même horaires que lui. C’était… Compliqué avec lui. Il n’arrivait pas à comprendre ce qu’il lui avait fait, mais visiblement, Luan ne l’aimait pas du tout. Sauf qu’il n’avait vraiment aucun idée de pourquoi. Il n’avait pas souvenir d’avoir dit ou fait quelque chose de mal, et pourtant… L’autre loup le traitait comme un paria. Quoique non, c’était pire que cela, il l’ignorait. Comme si son existence avait été niée de ce plan. Autant dire que c’était presque pire que de l’agressivité à gérer. Cela ravivait sa peur de l’abandon et du rejet avec virulence. Et puis, cela le stressait énormément aussi. Alors… Ce service fut absolument désastreux, il bégayait devant les clients, il cassa même de la vaisselle. Bref. Une vraie catastrophe. Il fallait que ça s’arrête. Il avait vraiment besoin de mettre un terme à cette situation, ou il allait finir par perdre son job, et il en avait besoin de ce job ! Il devait mettre un terme à tout cela et ce serait ce soir. Parce que sinon… Il allait se défiler !

La fin de service arriva laborieusement mais finalement. Juste le temps de passer des vêtements plus confortables aux vestiaires et le voilà dehors. Il attendait que Luan sorte. Chose qui ne tarda pas à arriver. L’homme commença à partir (assez logiquement), et il lui emboîta le pas.

l…L….L...Luan ! A….a…a…attends !” bégaya-t-il maladroitement.

Heureusement que l’autre loup avait la même ouïe fine que lui, sinon il n’aurait pas pu l’entendre. Maintenant, il ne pouvait pas se défiler. Il se retrouvait face à Luan. C’était le moment de lui dire tout ce qu’il avait sur le coeur. Tout ce qui lui pesait. Il inspira un grand coup.

P…p…p...p…

Damn. ça ne voulait vraiment pas sortir. Au lieu de ça, il sentait les larmes rouler le long de ses joues. Oh c’était une catastrophe. Qu’est-ce qu’il avait fait au bon dieu pour être aussi sensible et aussi peu sûr de lui ?

P…p…p…p…pourquoi tu me détestes ?!” réussit-il péniblement à articuler, ou plutôt à cracher à Luan.

Ok. Ce n’était pas vraiment ce qu’il pensait dire mais… ça résumerait quand même un peu la situation. Enfin, comment il la vivait surtout. Il aurait préféré dire autre chose mais cela ferait l’affaire ? Peut-être ? Il devait aussi se concentrer pour que son loup ne sorte pas. C’était beaucoup à gérer. Il sentait son contrôle sur le point de lâcher. Il avait du mal à respirer. Bon sang, pourquoi il avait aussi peur de cet autre loup ? Pourquoi il se sentait aussi mal ?

D…d….d…désolé…

Et pourquoi il s’excusait maintenant ? T’es vraiment ridicule Eros. Définitivement. Tu pourrais juste lui fouttre une bonne raclée. Ce n’est qu’un bêta comme toi. Pourquoi tu n’agis pas comme un loup ? Fais toi respecter ! Il détestait définitivement cette voix dans sa tête qui ne lui ressemblait en rien.


SHADOWHUNTERS :  FALLEN BROTHERS | 2023
Luan Orozco
Modératrice
Enclave Conservateur
Luan Orozco
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Mundane

Don't go breaking my heart


@Eros Price   | octobre 2022




La journée de service avait été particulièrement longue, sans doute à cause de la petite nuit précédente et l'incroyable manque de discernement des clients qui avaient été tenté de croire que j'étais d'humeur à bavarder ou à faire de l'humour en s'amusant à changer plusieurs fois leurs commandes. Ceux-là, un groupe d'habitués, étaient particulièrement désagréable aujourd'hui. Depuis qu'ils ont commencé à venir régulièrement, un groupe d'adolescents qui viennent prendre leur petit goûter de gamins après les cours, ils ont l'air d'avoir trouvé drôle de se donner comme défi de me faire réagir. Rire ou hurler, tout est permis, selon les termes de leurs propres règles. Un défi auquel j'ai forcément mis un point d'honneur à rendre irréalisable, usant d'une neutralité exacerbée à leur encontre. Même quand leur attitude déplorable me donne envie de leur verser le contenu de leur café aromatisé dans les yeux, comme aujourd'hui. Tant d'effort pour rester impassible face à leurs ricanements puérils ont fini par user mes nerfs, et si je me suis fendu d'une ou deux répliques acérées, cela n'avait pas suffit à les faire partir et optant pour ma deuxième option favorite, je leur avait attribué le même traitement qu'à celui qui servait les cafés derrière le bar aujourd'hui : l'invisibilité. Eros qui en fait les frais depuis sa prise de poste au Street Spice a d'ailleurs ajouté son lot d'agacement à cette journée sans fin en multipliant les erreurs et les faux-pas. Je sais, j'ai conscience d'être l'une des causes principales de cet énervement qui sature l'ambiance de la salle quand je dois venir chercher des commandes au bar. Je le sais parce que je le vois, et parce que notre manager ne cesse de me le répéter et de me demander de faire des efforts quelles que soient mes raisons de le maltraiter ainsi. Une remarque déplacée à mon sens puisque justement je ne le maltraite pas. Je ne fais rien. Il n'existe pas. C'est une silhouette qui casse de la vaisselle, implore la pitié de la clientèle, une machine à fondre en larmes au moindre regard noir. Un élément inutile, qui met en péril le bon déroulé du service, et celui de la meute. Mais cette dernière ne doit pas entrer en ligne de compte ici. Rien n'entre en ligne de compte, puisque Eros n'existe pas dans mon environnement.

Les dernières minutes de service arrivent enfin à s'écouler, libérant ma présence de l'endroit où je commençais à étouffer. Après un rapide passage aux vestiaires pour récupérer Pola qui somnole sur mon pull, je m'empresse de sortir après un dernier mot à la personne qui est de fermeture ce soir. Ce n'est pas moi pour une fois, et j'en suis plutôt satisfait. L'envie de filer retrouver mon appartement et ma guitare est aussi immense que la faim qui fait gronder mes entrailles de loup. Dehors la nuit couverte obstrue la lumière de la lune de percer, pourtant je la cherche instinctivement, comme à chaque fois que je sors de nuit, cherchant ses pics et ses rondeurs, comptant mentalement les jours qui me séparent de la prochaine lune. Une pointe de déception de ne voir que des nuages et un sifflement pour Pola plus loin et me voilà en conquête du trottoir, les mains dans les poches de mon pantalon, en direction de chez moi. Je n'attends personne, et personne ne m'attend, aussi quand le murmure de mon prénom résonne derrière moi je m'arrête aussitôt. « l…L….L...Luan ! A….a…a…attends ! » Mes iris roulent dans leur orbite, déjà fatigués par la discussion qu'on veut m'imposer. Eros. Je me tourne néanmoins vers lui, le regard légèrement au-dessus de son épaule, comme s'il n'était pas vraiment là, à trembler comme une feuille, en tentant de s'adresser à moi pour me dire je ne sais quoi de probablement inintéressant. Peut-être bien que j'aurais dû accepter d'être de fermeture ce soir, finir un peu plus tard, et avoir la chance d'avoir loupé ce rendez-vous qui m'attendait à la sortie. Les mots, comme trop pressés de sortir tous en même temps, collent à la langue du loup, je le vois qui lutte pour les faire sortir et une légère pointe de pitié mêlée de remords vient crisser désagréablement contre mes os. Je sais que mon attitude ne l'aide pas, mais c'est plus fort que moi. Je ne parviens pas à être tout à fait détendu moi-même quand il est dans les parages de peur qu'il finisse par faire une gaffe au travail, sauf que mon stress ne se manifeste pas par des larmes et une perte de moyen dévastatrice, mais par une froideur écharpée.

Les larmes qui noient ses joues devraient m'émouvoir, sans doute. C'est le genre de choses qui fait fondre les âmes et dissoudre des murailles. Moi elles me font chier ces larmes, elles me fatiguent, me donnent l'envie difficilement résistible de tourner les talons et de tracer ma route comme si je n'avais rien vu ni rien entendu. Seule Pola, beaucoup trop aimable et soucieuse des autres, pointe timidement sa truffe humide vers les doigts du jeune homme qui parvient à cracher le morceau qui lui restait coincé au fond de la gorge. « P…p…p…p…pourquoi tu me détestes ?! » Sous la surprise de sa question, légitime mais inattendue par son audace, un sourcil se courbe au-dessus des cils avant de reprendre sagement sa place. Fugace mais réelle réaction sincère, peut-être l'une des premières, qu'il provoque en moi. Serait-il capable de faire preuve de témérité ? Ou bien s'agit-il juste d'un cri du cœur qui me dépasse ? L'excuse qui filtre presque aussitôt entre ses lèvres penaudes me fait pencher pour la deuxième option. Une émotion étrange qui le pousse à venir braver sa peur pour comprendre ? Le genre de sentiment que Nerea avait mis un grand soin à étouffer sous ses regards déçus. Ces pourquoi qui mourraient avant même de se formuler dans mes yeux d'enfants. Sans doute quelque chose du genre oui.

Ce n'est pas la déception qui perce dans mon regard, mais le manque d'intérêt, la lassitude, l'exaspération qui me pousse même à hausser les épaules avant de lâcher d'une voix neutre : « J'te déteste pas, pour l'instant. Mais si tu te risques à perdre le contrôle en pleine rue ici, juste devant le taff, ça pourrait changer. » Mes iris se dardent soudain dans les siens, un trait direct et perçant qui s'agrippe aux yeux noyés comme pour jauger de sa situation, avant de tourner les talons dans un léger souffle de dédain.

Je fais quelques pas avant de remarquer que Pola ne me suit pas. La petite chienne s'est à présent collée contre le mollet d'Eros en gémissant doucement et je la connais suffisamment pour savoir ce que son petit manège tente de faire. Cette fois c'est la colère qui monte en spirale le long de mes nerfs. En quelques enjambées larges je reviens sur Eros, planté droit devant lui, à quelques centimètres à peine de son visage, claquant d'une voix de glace un : « Hijueputa tu fais chier Eros. Viens pas me parler si t'es pas capable de te gérer tout seul. » Mes doigts agrippent son avant-bras d'un geste ferme pour l'attirer vers les rues perpendiculaires, légèrement moins passante que la grande rue du Street Spice. S'il perd définitivement le contrôle, je préfère que ce ne soit pas pratiquement sur la place centrale du quartier humain.




Used to be the weapon


Youth is broken, half of it was stolen
By a world I can't unsee