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On se rencontre enfin [Torsten]
Oh ça, ça ne l’embête pas, le temps. Elle en a besoin pour se reconstruire elle aussi. Charlie sans s’en rendre peut-être compte l’a beaucoup aidé. Maintenant, c’est à elle de s’aider et de l’aider lui.
Seulement, il y a toujours un hic. Depuis quelques jours, ou quelques semaines, vu qu’elle dort mal elle fait moins le ratio des jours, depuis quelques temps, donc ; elle est suivi.
Au début, elle n’avait rien vu, parce que sortant peu, elle ne pouvait pas le voir. Lui. L’homme mystère qu’elle ne connait pas mais qu’elle retrouve partout où elle va. Elle l’a vu quand elle a le courage d’aller se chercher un café, juste pour dire de sortir. Elle l’a vu quand elle est allée à la galerie. Parfois quand elle va voir Charlie.
Elle n’en a pas parlé à Charlie, elle ne veut pas l’inquiéter. Pourtant, elle est manger par la frayeur. Son esprit essaie de raisonner, ça ne peut être qu’une erreur, une simple coïncidence, parce que de toute façon, qu’a-t-elle à apporter en étant suivi ? C’est une ermite qui sort peu, qui est obligée de sortir parfois pousser fortement par Luan.
Parfois, elle s’assoit par terre et dessine le portrait de Luan et Charlie, ses proches. Parce que c’est ce qu’ils sont, à leur façon ils les remplacent... Non, on ne pourra jamais les remplacer. Même si...
Revenons à ce jour ensoleillé qui fait presque briller le quartier féerique. Il fait un peu frisquet, mais c’est sans doute parce qu’elle doit être en carence de vitamine... Ah ça, sauter des repas, ça laisse des traces. Une chose aussi qu’elle cache à ses proches, même si elle soupçonne qu’ils soient au courant.
Le soleil lui fait un peu mal aux yeux, elle est pâle et ça, aussi, c’est normal. Un jour elle retrouvera une vie normale, elle l’espère de tout cœur. C’est pour ça qu’elle obéit, parfois en trainant la patte, et suit Luan dans ses envies de sortie. Elle le dit à demi-mot mais ça lui fait du bien.
Moins d’être suivi, puisqu’elle a remarqué qu’aujourd’hui aussi, il est là. Au détour d’une rue, dans sa vision panoramique. Elle va devenir folle !
Elle passe un moment dans la galerie, moins que d’habitude et s’apprête à rentrer chez elle quand elle l’aperçoit, au loin. Il est facilement reconnaissable. Si elle n’était pas fiancée de cœur elle dirait qu’un visage aussi bon on le confond rarement, mais elle n’a pas le droit.
Alors elle force le pas, se dépêche, ce qui la rend rapidement essoufflée. Il faudrait vraiment qu’elle se mette au sport et qui plus ai, au sport de combat pour se sentir forte et utile.
Puis elle se colle contre un mur au coin d’une ruelle et elle attend. Il n’est pas très loin. S’il tourne, il la suit, s’il continue, elle est folle.
Puis elle perçoit sa silhouette. Elle sort de sa demi-cachette et se plante devant lui, le regard sombre. En soit, son regard est toujours sombre, mais tout de même.
- Que me voulez-vous ? dit-elle, énervée.
Il ne mérite ni salutation, ni respect. On ne fait pas peur aux dames comme ça !
On se rencontre enfin
Lorsque Torsten s'est réveillé, après plusieurs semaines de coma, son premier réflexe a été de prendre la main de Sigvard à côté de lui, avant que ses esprits ne reprennent doucement leur place. Encore quelques jours, et il a pu enfin sortir pour passer sa convalescence à l'Institut et se mettre en quête ; en effet, à son réveil, il a retrouvé un pendentif avec deux photos à l'intérieur, celles de deux hommes qu'il a pu côtoyer un temps pendant la guerre avant qu'ils n'y laissent la vie, lui confiant le médaillon pour qu'il puisse le rendre à une certaine Leona Cooper, que Sigvard a pu repérer. Il a conscience de la douleur que ça pourrait réveiller chez la demoiselle, mais il est un homme droit et tient toujours ses promesses, aussi, même s'il ralentit le pas pour ne pas raviver ses propres blessures, il se met en quête de la retrouver du côté du quartier féérique, là où Sigvard l'a vue.
En déambulant dans le quartier, serrant le pendentif entre ses doigts dans la poche de sa veste en cuir, le Nephilim finit par retrouver la trace de la demoiselle, et se déclenche alors un pistage sur plusieurs jours, le temps pour Torsten de savoir comment l'interpeller pour lui rendre le médaillon ; cependant, du fait de son état de santé, qui va certes de mieux en mieux mais qui peine encore à complètement se remettre, il met plus de temps que prévu à concrétiser son objectif, mais il prend son mal en patience. Il finira bien par l'attraper pour lui parler...
Après plusieurs jours, il finit par lui mettre la main dessus, ou plutôt l'inverse. Après l'avoir suivie de loin, essayant de ne pas trop tirer sur la corde, il ne peut s'empêcher de grimacer lorsqu'elle disparaît de son champ de vision, mais il se doute qu'elle ne doit pas être bien loin, alors il avance jusqu'à ce qu'il arrive au coin d'une ruelle. Là, elle le surprend, fâchée, et Torsten sursaute lorsqu'elle apparaît devant lui et lui hurle presque dessus :
Que me voulez-vous ?
Du calme, miss, je ne vous veux aucun mal, se dépêche-t-il de répondre en levant les mains pour montrer qu'il n'est pas hostile.
Bon, d'accord, elle n'a pas tort à être agacée de la sorte, il aurait peut-être dû tenter de l'appeler dès la première fois qu'il l'a vue... Ok, elle est pas bonne, on la refait. Reprenant son souffle et grimaçant légèrement, il se redresse, gardant les mains toujours en évidence, et il reprend :
Torsten Nordahl, pour vous servir. Vous êtes bien Leona Cooper ? J'ai quelque chose pour vous, dans ce cas.
Son cœur s’emballe dans sa poitrine. Elle a regardé tant de films et séries terrestres pour avoir peur. En soit, il ne devrait rien lui arriver, les terrestres sont protégés et puis dans le quartier fée, on fait attention, non ? Mais diantre, pourquoi il la suit ?
Elle essaie de tisser des liens dans son esprit mais ce visage qu’elle voit souvent dans sa vie, elle ne le connait pas du tout.
Et puis, enfin, ils se font face, elle se découvre un courage qu’elle pensait ignorer. Elle ne semblait pas aussi vivace que jusqu’alors. Peut-être que la peur joue sur certaines stimulations pour lui donner du courage ? Peut-être.
Elle serre les poings, elle est prête à frapper... Seulement, son père ne lui a jamais appris à frapper, ni même Thomas. Ils étaient là pour la protéger, elle n’avait pas besoin de se battre. Maintenant, c’est différent ? Oui, non, elle n’est pas sûre.
- Miss ? Mais vous me prenez pour une gamine ?
Bon en soit, qu’on la rajeunisse ne lui fait pas de mal. Ne pas être une dame, sous-entendu mariée et tout ce qui va avec la blesse. Thomas n’est jamais loin finalement.
Il ne lui veut aucun mal ? S’amuser à suivre quelqu’un c’est ne lui vouloir aucun mal ? Et puis quoi d’autres ?
Tor...quoi ? Torsten ? Nordhal ? C’est quelle origine ? Oh Leona, on ne fait pas de discrimination, tu es la mieux placée pour savoir qu’il faut de tout pour faire un monde. C’est surtout la colère et un grand tas de peur qui fait en sorte que, dans sa tête, elle essaie de le ridiculiser.
Il est là, en fasse d’elle, massif, bel homme, certes, fouteur de trouille, surtout.
- Je me...
Elle s’arrête. Net. Elle lui coupait la parole quand il dit son nom et son prénom. Alors il la suit vraiment. Elle, pas une autre. C’est bien à elle qu’il en veut. Elle fait un pas en arrière, la peur se lit dans ses yeux. Il pourrait être rassurant mais ce qu’elle voit c’est qu’un inconnu qui la connait la pourchasse à travers la ville.
- Foutez-moi la paix !
Elle le contourne rapidement, la peur au ventre et sort sont téléphone. Charlie. Il peut faire apparaitre un portail, il sera plus rapide que Luan.
Son cœur se débat dans sa poitrine, si fort qu’elle a l’impression qu’il va exploser ou en sortir.
Son flux sanguin pulse dans ses oreilles. Elle qui voulait prendre un café se dirige de nouveau vers la galerie, à l’intérieur, elle sera sous protection et Charlie pourra la faire venir à lui. Ou intervenir, mais elle ne sait pas si c’est une si bonne idée que ça.
On se rencontre enfin
Bon. Honnêtement, Torsten ne sait pas trop comment appréhender la suite, à en juger la réaction de la jeune femme devant lui, mais il était certain d'une chose : il n'avait pas l'intention de lui courir après davantage, alors si elle pouvait juste l'écouter et le laisser terminer... Mais non, elle lui coupe la parole et il ne peut que constater la peur dans ses yeux, alors qu'elle recule et attrape son téléphone en lui hurlant dessus :
Foutez-moi la paix !
Elle le contourne, et Torsten, poussant un soupir, se tourne vers elle alors qu'elle s'éloigne précipitamment vers une galerie d'art voisine, avant de répliquer et de se lancer à sa poursuite :
S'il vous plaît ! J'ai quelque chose à vous remettre !
La douleur se rappelle gentiment à son souvenir, et le Nephilim finit par prendre appui sur le mur le plus proche, grimaçant de douleur et se tenant les côtes de son bras droit ; putain de bordel de merde... Fouillant dans sa poche de sa main libre, il attrape le médaillon qu'il était censé lui rendre, et le tend droit devant lui avant de siffler entre ses dents :
J'ai... J'ai ça, pour vous. De la part... de Thomas et de votre père.
La douleur le prend, mais il tient bon. Gardant le bras tendu, il essaie de se redresser tant bien que mal, histoire de garder son dos à peu près droit, et, grimaçant toujours, il finit par reprendre :
... Dites... vous pouvez me donner un coup de main, s'il vous plaît ?
Juste pouvoir se poser un peu, quelque part, histoire de reprendre ses esprits avant de rentrer...
Elle s’apprête à courir. Les chasseurs ne sont-ils pas là pour protéger les humains ? Mais pourquoi la suivre ! On en revient toujours à ce fâcheux problème. Pourquoi la suivre ?
Elle s’arrête dans son élan quand il dit avoir quelque chose à lui remettre. Dans sa vie humaine, dans les films humains, ça peut être une balle. Oui, elle est parano, mais sérieusement, qui ne l’est pas ? Elle n’est pas plus parano qu’un autre. Se rassure-t-elle ainsi.
Il a quand même dit s’il vous plait. Elle se retourne de trois quart. Il a l’air mal en point. Elle pourrait le frapper et s’en sortir facilement. Mais au fond d’elle, elle est inquiète. Il a l’air vraiment mal en point. Il se tient au mur, une main sur les côtes. La guerre n’a été facile pour personne... Est-ce un souvenir ?
Et puis elle se retourne totalement vers lui, les yeux écarquillé quand elle voit le collier. Une patte de loup, sculpté main par un ami de son père. Qui s’ouvre sur deux photos, Thomas et son père. Ses hommes. Elle pensait que jamais elle ne révérait ce collier. Ce signe de vie, de sa lignée, de ses amours.
Elle fait un petit pas, puis un autre, toujours en fixant l’objet. Il a parlé de Thomas, de son père. Il a combattu à leur côté. Il n’y a rien de plus évident, sauf la raison de pourquoi il l’a suivi mais peut-être qu’il cherchait la bonne personne ? Les terrestres se ressemblent tous... en même temps, les runés aussi, avec tous les mêmes marques sur le corps.
Elle glisse lentement sa main vers l’objet et le frôle des doigts, comme s’il était brulant ou comme si c’était un mirage. Ses yeux s’embuent de larmes quand elle le prend en main. Ils sont bien morts. Naïf étaient l’espoir... Elle regarde l’objet maintenant dans sa main et elle soupire avant de relever les yeux vers lui. Elle l’a traité mal et... Oh ! Oui ! De l’aide.
Elle s’avance vers lui, elle pose sa main qui est sur ses côtes et se met à son côté.
- J’vous préviens, j’suis pas très forte, j’peux pas vous porter... Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
Elle a tellement de question à lui poser mais il y a plus urgent. Il y a lui, qui va mal et elle a une dette énorme envers lui. Qu’elle n’est pas prête à rembourser, car elle n’en sais fichtrement rien ?
- Il y a un café pas loin, on peut peut-être y aller pour que vous repreniez votre souffle ou je sais pas trop. Juste, si vous pouviez éviter de mourir dans mes bras...
Ce sont des bêtises, ça sort tout seul, mais elle panique. Elle a tellement de questions, en fait pas vraiment beaucoup, mais elle en a. Et puis, elle n’est pas médecin, qu’est-ce qu’elle est censée faire ? Il n’a pas une rune magique ?
On se rencontre enfin
Enfin, elle se décide à s'approcher. Le temps de vérifier qu'il s'agit bien du médaillon avec le souvenir de son fiancé et de son père, et Torsten finit par voir ses yeux s'embuer légèrement, amenant le Nephilim à baisser légèrement la tête : il lui a brisé l'espoir qu'ils soient encore de ce monde, elle a désormais une bonne raison de lui en vouloir. Mais, cette fois, il l'acceptera sans rechigner, ou presque.
Cependant, elle se rapproche de telle sorte à pouvoir se tenir contre lui, et, posant une main sur ses côtes, lui souffle :
J’vous préviens, j’suis pas très forte, j’peux pas vous porter... Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? Il y a un café pas loin, on peut peut-être y aller pour que vous repreniez votre souffle ou je sais pas trop. Juste, si vous pouviez éviter de mourir dans mes bras...
Le café, c'est parfait. J'ai juste... Besoin de reprendre mes esprits, souffle le Nephilim sans lâcher ses côtes.
Se redressant tant bien que mal, il grimace, avise le café et acquiesce avant de prendre légèrement appui sur la demoiselle :
Essayez juste... de me tenir à peu près droit. Le temps de me poser, de reprendre mon souffle et mes esprits, et je... je vous laisserai tranquille. Ma mission est accomplie.
Il n'y a aucune fierté dans sa voix, simplement un constat. Bon, il sait très bien qu'il va se faire enguirlander par Sig et les autres Shadowhunters, quand il rentrera, mais au moins, son objectif est atteint, il va pouvoir passer à autre chose... Ou pas. Il se dirige donc vers le café, prenant appui sur la demoiselle, et ne peut retenir un long soupir de soulagement une fois qu'il peut s'asseoir et poser son dos endolori contre le dossier d'une chaise, grommelant dans sa barbe de trois jours :
Bon sang... Ça fait un mal de chien...
Il ferme les yeux quelques secondes, le temps de laisser passer la douleur, puis il repose son regard clair sur la jeune femme et reprend avec un léger sourire crispé :
Merci pour le coup de main. Et... toutes mes condoléances.
Reprendre ses esprits ? Ou plutôt ses forces non ? Il a l’air mal en point. Sa main est pour l’instant toujours posé sur lui, dans l’autre, elle serre la patte de loup terriblement fort que ça lui fait mal. Elle a juste besoin de sentir qu’elle est vivante, parce qu’il vient, sans le vouloir, de rouvrir ses cicatrices. Son cœur peinait à peine à s’en sortir et là... Mais il y a plus important pour l’instant. Elle a mille questions, mais il y a plus important.
Le tenir à peu près droit, bon, d’accord. Elle se redresse et... mission ? Elle semble surprise, alors il était vraiment en quête d’elle ? C’était donc si important pour lui de lui rendre son bien ? D’une certaine manière, elle aurait préféré que ça ne se fasse pas, d’un autre côté, elle récupérait son bien.
Elle marche lentement, les gens les regardent mais elle s’en moque, elle est concentrée, son visage est sérieux, elle n’aime pas voir les gens souffrir. Encore moins quelqu’un à qui elle en doit une. Parce que, comme il a appelé ça, mission, pour elle et lui c’est important et d’une certaine manière s’il a réouvert ses blessures, il en a fermé d’autres. Bientôt, un jour prochain, elle ressentira un lâcher prise. Un jour prochain.
Elle l’aide à s’asseoir et s’installe à ses côtés. Son visage est transi par la peur et l’inquiétude. Elle est humaine après tout. Très humaine.
- Vous n’avez pas de rune pour vous soigner ?
Elle ne connait pas si bien que ça ce monde, enfin, si, mais elle a toujours des questions sur les runes, questions auxquelles Thomas en avait assez, en rigolant, de répondre. C’était un temps béni. Temps désormais fini à jamais.
Elle baisse la tête quand il prononce les condoléances. Elle déglutit et ferme les yeux. Elle ne pleurera pas ici, pas comme ça. Elle doit se montrer forte...mais pour qui ? S’il lui a donné ce collier c’est pour une raison simple, tout est fini.
Malgré elle, une larme coule sur sa joue et s’écrase sur son genoux.
Elle déglutit une nouvelle fois et relève sa tête avec un sourire, mais son regard est criant de détresse.
- Merci à vous.
C’est presque solennel, mais c’est important pour elle.
Elle soupire et détache son regard de lui pour regarder ailleurs. Elle craint de fondre en larmes. Sa main serre toujours si fortement le petit objet.
- Comment vous remercier ?
Ses mâchoires sont crispées malgré elle, elle ne sent pas sa force et sa main lui fait mal. Elle a besoin de cette douleur, elle fonctionne à la douleur, elle fonctionnait à la douleur, tout se mélange, le passé, le présent, les cicatrices, la peur, le doute, l’amour. C’est un bordel mosntre.
Se concentrer. Sur Torsten, oui.