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Idunn Varangr | Skyggen følger meg men jeg er fortsatt her

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Idunn Varangr
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Idunn Varangr
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Pseudo : Artchie
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Idunn Varangr
Une citation bien à toi


Nom Varangr. Le marin, celui qui vogue sur les océans, filant entre les vagues, bravant les tempêtes. Le voyageur, l'explorateur. Le déraciné qui porte avec lui les mémoires de son peuple.

Prénom(s) Idunn Celle aux pommes de jeunesse éternelle. Le destin scellé dans un prénom donné par une mère qui ne rêvait qu'à porter chance et santé à son enfant.

Âge  Figée dans les traits de ses trente-neuf années. Un âge avancé pour son époque. Un âge dérisoire au regard de ses six cent ans actuels.

Date de naissance Le jour et le mois lui semble bien quelconque aujourd'hui. Mais dans son cahier où elle note toutes sortes de souvenirs importants de sa vie, elle a noté le 8 août 1422. Vérité ou date imaginée ? Elle ne sait plus tellement elle-même.

Race Enfant de la nuit.

Particularité(s) Elle un tatouage à peine visible à la base de ses cheveux au niveau du cou représentant Freya (ᚠ). De nombreuses cicatrices marquent sa peau, notamment une récente le long des côtes, héritage mémoriel de la bataille d'Alicante.

Faction Indépendante. Elle pourrait être progressiste, sans doute l'est-elle au fond, mais son état d'esprit est tourné vers le repli sur la seule famille qui lui reste. Oui, elle prend la cause vampirique à cœur, et elle milite depuis tellement d'année pour une vie en harmonie des créatures obscures qu'il est presque étonnant de la voir si peu impliquée dans cette effervescence. Mais les récentes pertes lui donnent peu envie de s'engager trop rapidement dans de nouveaux nœuds politiques. Les choses pourraient venir à changer si l'Exclave venait à prendre un peu plus de place concrète ou si quelqu'un cherchait à la pousser un peu plus concrètement à se réveiller de sa léthargie.

Occupation Idunn a eu du mal à trouver sa place dans la cité, elle a l'impression de tourner en rond et de ne servir à rien. Après le désastre de Samhain elle a mis ses connaissances médicales à disposition des blessés. Mais le retour des tensions à l'approche des accords ont réveillé son amour des enquêtes si bien qu'elle a reprit son activité de détective privée, tout en acceptant certaines missions médicales auprès des siens en cas de besoin de discrétion.
Il lui arrive aussi de donner quelques cours de combat à ceux qui savent le lui demander.

Situation maritale Une vie de famille inattendue. En couple avec Nathan, en colocation avec Franz, en foyer avec Gabrielle.

Orientation sexuelle Pansexuelle polyamoureuse.

Avatar & Crédits Katheryn Winnick - Artchie




1. Idunn est très attachée à ses origines scandinaves et jure souvent en norvégien.

2. Très bonne guerrière, elle se bat à l'épée et bouclier gravés de runes nordiques. Elle tient à ces deux armes comme à la prunelle de ses yeux.

3. Elle un tatouage à peine visible à la base de ses cheveux au niveau du cou représentant Freya (ᚠ). Le temps et sa nature vampirique le rendent presque inexistant malgré qu'elle le fasse souvent refaire.

4. Elle a recommencé à boire du sang humain suite à la bataille d'Alicante et à du mal à revenir à un régime strictement animal. C'est un sujet sensible dont elle ne parle pas.

5. Idunn parle plusieurs langues, le norvégien étant sa langue maternelle. Elle maîtrise tout aussi bien les langues voisines que sont le danois et le suédois. Elle parle anglais, avec un reste d'accent qui s'accentue quand elle s'énerve. Elle maîtrise le français et apprend à se familiariser avec l'allemand pour pouvoir insulter Franz avec le plus de justesse possible.

6. La dernière guerre et les nombreuses pertes de personnes auxquelles elle tenait beaucoup l'a beaucoup secouée. Il n'est pas rare de la voir traîner dans les bars sous couvert de glaner des informations sur les rumeurs. En réalité, elle cherche avant tout la vie sociale pour ne pas plonger dans le vide qu'elle ressent profondément.

7. Incapable de résister à l'appel des grands espaces et de la nature trop longtemps, elle vadrouille parfois à l'extérieur. Elle part seule, et personne ne sait réellement ce qu'elle fait pendant ces escapades. En vérité elle chasse, souvent, et se recueille près des ruines de son clan et des siens. Elle a du mal à passer outre son sentiment de honte d'avoir survécut, encore une fois, seule. Peut-être que sans Gabrielle et Nathan (et le divertissement quotidien apporté par Franz) elle ne serait pas restée à Alicante. 


8. Idunn s'est remise à la pratique de la boxe pour extérioriser tout un tas de sentiments qu'elle cache comme elle peut : rage, désespoir, solitude. A force de traîner dans les bars, elle a commencé à trouver d'autres personnes qui partagent son besoin d'extérioriser, si bien qu'il lui arrive souvent de participer à des combats avec paris à la clé.

9. Idunn a été très proche du Petit Peuple dans un temps reculé, elle a très mal vécu la trahison des Fées et leur attaque sur le monde Obscure. Elle a donc énormément de mal à se rapprocher des survivants et accepte difficilement le pardon donné si tôt.  




Altruiste
Nostalgique
Persévérante
Guerrière
Loyale
Hyperactive
Charismatique
Sarcastique

Quaestiones
1. Les guerres, obscure et féérique, ont causé la perte du Monde Obscur comme on le connaissait. Y aviez-vous joué un rôle ou bien avez-vous été juste un spectateur, un réfugié ?
La guerre est inscrite dans mes gènes, et mes prises de position m'ont menées à la rencontre de la fureur de Morgenstern. Cheffe de mon clan, j'ai mené mes meilleurs guerriers dans l'armée des créatures obscures pour défaire sa rébellion contre les accords en 1991. Une participation marquée par un succès qui nous a donné confiance, trop sans doute, et qui a mis en première ligne de sa vengeance lors de son retour quelques années plus tard. En janvier 2007 mon clan a été décimé par les partisans du Cercle, seul mon deuxième enfant et moi-même avons survécut, marquant une profonde blessure dans mon être. La rage qui brûle dans mon cœur depuis ne s'est épanchée que dans ma participation aux autres combats qui suivirent. Je ne résiste que rarement à l'appel de la guerre, et le feu qui m'anime est au service des miens. Quand Alicante a été prise d'assaut par les Fées, je n'ai pas hésité à prendre les armes une fois de plus pour défendre la cité et ses réfugiés. En première ligne, les combats ont été rude et leur mémoire encore récente hante mes jours sans sommeil. Comment oublié tous ces visages connus déformés par le glas de la mort ? Comment oublié la perte de Marcus au beau milieu de la nuit ? Comment oublié ces images lorsque, dans un silence glaçant, les premières lueurs de l'aube dévoilaient un charnier gorgé de corps sanglants ? Comment oublier que si peu d'entre nous étions là, hagards de fatigues, blessés, à contempler la cruelle réalité qui se composait sous nos pieds ?

2. Votre arrivée à Alicante a forcément été un grand changement. Jusque là, hermétique au monde extérieur, la vie a du s’adapter à changements mondiaux. Y avez-vous trouvé votre place ? Vous êtes vous bien acclimaté ? Ou au contraire vous sentez vous comme un étranger entre ces murs ?
Habituée des grands espaces, amoureuse de la nature et de la liberté, Alicante est étouffante. Malgré sa beauté et les aménagements réalisés pour accueillir tout le monde, j'ai du mal à me faire à cette vie refermée sur elle-même. Je donne le change, facilement, aillant l'air de m'être bien acclimatée à ce nouveau quotidien et cette singularité. Je passe mes regrets du monde extérieur dans une vie nocturne active et dans une sociabilisation accrue. Mais se faire une place dans la vie nocturne, n'est-ce pas une façon comme une autre de s'acclimater ?

3.Qu’attendez-vous des représentants de votre espèce lors de la négociation des prochains accords ? Êtes-vous optimiste ou bien pensez-vous que cela remettra le feu aux poudres ?
Je voudrais être optimiste. Sincèrement. Je voudrais croire à l'utopie, une fois de plus. J'y ai cru longtemps moi-même mais je ne peux que constater que ce ne sont que des échecs qui se succèdent les uns aux autres. Jnai vécu beaucoup d'accords houleux pour ne pas avoir conscience que les tensions sont toujours là et savoir que les choses finiront forcément par s'envenimer. Cependant j'ai confiance en Nathan en tant qu'ambassadeur, il saura se faire la voix impartiale pour les siens.
A titre personnel j'espère que nous arriverons à apprendre des erreurs du passé et à trouver enfin le chemin d'une véritable entente. Bâtir de nouvelles bases communes sur les tombes encore chaudes de tous ceux que nous avons perdu. J'ai peut-être, encore, quelque part sous la désolation, envie d'y croire.

4.Aujourd’hui, le monde va une nouvelle fois changer, quelles sont vos aspirations pour l’avenir, vos objectifs ?
Le monde change si souvent, que je ne suis pas certaine de pouvoir dire qu'il a déjà été stable. J'aspire à la même chose que ces derniers siècles, trouver une paix, peut-être imparfaite, mais qui puisse permettre à chacun de se reconstruire. Aux familles de vivre sans craindre la disparition tragique de l'un des siens. J'aimerais pouvoir avoir l'espoir utopique de ranger, un jour, mon bouclier et mon épée et ne les contempler que comme des reliques d'un temps ancien. Peut-être que la solution est là, devant nous, à partir de main, dans cette vie en harmonie à Alicante, le cœur même de la magie qui se déverse dans ce monde. Les mentalités changent, plutôt que le monde et j'ai l'espoir, encore vaillant malgré tout, que l'on puisse donner l'envie aux nouvelles générations de vivre ensemble et non contre. Quand on regarde l'histoire, derrière nous, n'avons-nous pas tous le même passé ? Si emmêlé les uns dans les autres, il est stupide de prétendre que l'on vit tous chacun de notre côté. Ce passé, cette histoire, c'est tous ensemble que nous l'avons bâtie. Continuons de le faire ainsi, en l'acceptant.

Pseudo Artchie Âge Ces doux âges de la sagesse des plus de trente ansComment es-tu arrivé par ici ? J'attends avec impatience cette ouverture  cute Type de personnage Inventé. DC ? Non (que mes bonnes résolutions m'en préserve  drama Un petit mot pour la fin ? Le forum est magnifique, vous avez fait un travail incroyable, vous m'avez manqué, j'ai hâte de tout  luv
SHADOWHUNTERS :  FALLEN BROTHERS | 2023
Idunn Varangr
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Idunn Varangr
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Pseudo : Artchie
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Character Fabula
Suffocate me so my tears can be rain. I will water the ground where I stand so the flowers can grow back again. 'Cause just like the sea, everything wants to live. We are burning our fingers but we learn and forgive


1434 - Rødøy - Norvège
« Stå opp ! » La voix claque dans le froid de l'aube. Les brumes blanches venues du large aux eaux gelées par l'hiver filent avec vigueur tout autour de la plage de roche. La jeune adolescente lève un regard furieux à l'homme qui lui fait face. Contre son flanc la blessure fraîche vibre avec amertume délivrant aux températures extrêmes la blancheur de sa peau. Son souffle lui brûle la gorge et chaque expiration siffle dans ses poumons. Chaleur de l'effort contre le froid du nord. « Stå opp jente ! » Un éclair sombre perce les iris d'Idunn qui se redresse aussitôt sur ses pieds, l'épée plantée contre le sol rocailleux pour maintenir sa stabilité précaire. Elle déteste être renvoyée à son âge, et dans la bouche de son père c'est une insulte aussi mordante que le vent qui rugit sur ses côtes entaillées. L'homme de haute stature lui adresse un regard dur avant de lever son propre glaive et de faire rouler ses épaules en position d'attaque. Elle sait qu'il ne lui laissera pas plus de répit pour récupérer de l'assaut précédent, aussi la jeune fille serre les dents sans prendre le temps de sortir les insultes qui lui brûle la langue quand la voix du paternel grogne un : « Igjen » avant de s'élancer vers sa fille. Idunn mobilise ses dernières forces, et dans un cri de rage relève son épée pour contrer le fer qui s'abat vers son épaule. Les aciers se croisent, crissent, les râles se mêlent au silence du vent qui hurle le froid contre leurs corps. Les membres de l'adolescente exécutent des gestes avec un mécanisme lourds de fatigue, lorsque soudain, le cerveau comprend l'infime détail qui explique tout. Après des jours et des jours à répéter le même enchainement de passes et de combinaisons sans parvenir à trouver la faille dans la garde de son père, tout se débloque. Comme une clé dans un verrou. Dans un dernier élan de force mêlé d'une souffrance lancinante dans son flanc, elle s'engouffre sans réfléchir dans l'interstice du bras, bloque le sien dans une prise rapide, avant d'élancer son pied dans le poing serré qui n'a d'autre choix que de relâcher l'arme qu'il tenait dans un réflexe musculaire provoqué par la juste pression d'Idunn. Le rire du père exulte dans un tonnerre de joie victorieuse qui résonne contre les rochers alentours. Idunn s'écroule, haletante et transie sur la plage de roche. « Freyja være med deg, Idunn ! » A genoux sur le sol, un sourire perce sur les lèvres de la jeune Idunn. Rien ne la rend plus heureuse que de voir son père fière d'elle et la placer sous la protection sa gardienne. Quand bien même ils ne sont plus très nombreux à perpétuer les rites ancestraux des cultes scandinaves, les Varangr font encore exception. Dissimulés derrière les lignes rocheuses des îles de l'archipel de Rødøya, ils entretiennent et veillent sur l'un des derniers temples à la gloire des Dieux anciens. A chaque naissance, Magni Varangr, attribue une divinité au nouvel enfant pour en faire son protecteur, et le gardien de la mémoire d'une culture ensevelie sous la domination catholique. A son unique fille, il lui a offerte la protection de Freyja. Et respectant leurs légendes, il l'a forme pour qu'elle puisse être la mémoire des shieldmaiden.

Assise à la table familiale, elle sourit sans chercher à cacher sa fierté. Devant l'eau fumante du thé, elle trône avec assurance au milieu de ses frères qui la félicitent pour son exploit. Les moqueries vont bon train, l'un arguant chance et demande un nouveau duel devant témoin. Un autre raille sévèrement la vieillesse du paternel comme excuse tandis qu'un autre encore parle de mensonge pur et simple. Quelques coups partent, des poings qui heurtent des épaules dans un éclat de rire chaud et rond comme la douceur du feu qui réchauffe le dos d'Idunn. Légèrement à l'écart Magni Varangr contemple ses enfants un sourire narquois entre les fils de sa barbe tressée. Une scène familiale des plus classiques dans cette bâtisse rustique aux murs de bois. Un moment précieux qu'il prend soin de graver sa mémoire pour ne pas oublier la chance qu'il a d'avoir à son tour réussi à perpétuer le clan et les coutumes d'un peuple scandinave qui s'oublie petit à petit. L'homme fini par faire courir son rire face aux plaisanteries répétées de ses enfants avant de se taire quand Sølvi Varangr vient mettre un terme aux éclats de voix d'un ordre doux mais sans appel. La journée qui commence à illuminer plus franchement le village promet encore bien des défis avant le repos du soir. Et Idunn doit suivre sa mère dans sa tournée des villages de l'archipel. Car si la jeune adolescente s'entraîne à manier le bouclier et l'épée comme une véritable guerrière dont l'armée de Eric III serait jalouse, elle apprend surtout à soigner les autres. Un métier d'autant plus nécessaire que de nombreux maux viennent régulièrement frapper les côtes norvégiennes. C'est une époque difficile pour ce pays pris en dualité constante entre le Danemark et la Suède. Et la famille Varangr parvient à maintenir ses possessions que par le biais de la pêche et les compétences médicales transmises de génération en génération.

Au milieu de ces deux mondes, Idunn cherche une place sans parvenir à trouver des réponses à ses visions d'un futur qui ne lui appartient pas. Elle a conscience de grandir, et d'avoir le rêve secret de quitter l'archipel de son père et de parcourir le monde. Faire le tour des mers et des océans sur un voilier comme tant d'autres avant elle. Mais elle a conscience, avec toute l'injustice qui en découle, de sa condition de femme du peuple. Et il n'y a que peu de compatibilité possible entre ses espoirs et sa réalité. Alors elle rêve sous la voûte céleste, que son bateau se fait oiseau, et qu'il part naviguer sur les aurores boréales. Elle rêve, épée en main et cheveux au vent, qu'elle parvient à s'extraire de cette vie qui lui file entre les doigts.

traduction:

1444 - Oslo - Norvège
Sa voix n'est qu'un mince filet d'air. Un souffle ténu dans l'atmosphère lourde de l'immense bâtiment de pierres froides. Des murmures qui récitent des bénédictions qu'elle connaît par cœur sans toutefois y accorder la même ferveur que celui qui les reçoit. L'homme pleure doucement en écoutant les promesses qu'Idunn lui accorde tandis que les battements de son cœur s'affolent une dernière fois, poussés par l'adrénaline des derniers instants. Avant le râle final qui ferme les paupières de la jeune femme en même temps qu'elle ferme celle du valeureux chevalier. Elle n'est même pas certaine de la nationalité de celui dont elle a tenté en vain de soigner des blessures trop larges. Sa gorge abîmée ne laissait sortir aucun son que les lamentations de douleur. Idunn se recueille un instant, ne pouvant s'empêcher d'éprouver une certaine mélancolie face à ce mort sans nom. Est-ce que quelque part, une mère attend son retour ? Elle a noté ses traits jeunes, il pourrait avoir son âge et encore la moitié de sa vie à expérimenter. Elle pourrait être à sa place dans un autre hôpital de fortune. Mais elle ne l'est pas, et son cœur s'embrase d'une rage qui allume des leurs sombres dans ses yeux d'océan. Dans sa poitrine son âme de guerrière ne supporte plus de rester sur le côté à soigner les corps brisés par des guerres de royautés qui ne s'occupent pas de savoir qui sont les sujets qui meurent pour des morceaux de terre et quelques fjords gelés. D'un geste d'une douceur emprunte de respect la jeune femme retire sa main de celles du jeune homme mort sous des drapeaux qui, hier encore, étaient ceux de frères. Ses dents se serrent quand elle se relève pour jeter un coup d'œil circulaire. Des silhouettes penchées sur des corps rougis d'une bataille qui fait encore résonner sa cohue à travers les cris des mourants. Leur nombre lui donne le tournis. Elle entend ceux qui clament que leur peuple est plus en sécurité sous la couronne conjointe de la Norvège et du Danemark, mais elle voit que d'autres pays étrangers réclament leurs propres terres en échange d'une protection invisible. Elle entend ceux qui voudraient dépeindre leurs ancêtres comme des barbares, et pourtant elle ne peut que constater que les rois d'aujourd'hui n'offrent pas plus de sécurité à leurs peuples que les Jarl d'hier.
Un appel lui fait tourner la tête vers la vieille femme qui l'apostrophe avec inquiétude. Idunn croise son regard chargé de la même douleur. Ici, dans les gouffres froids de l'antichambre de la mort, elles se comprennent celles qui assistent aux ravages de ces traités signés puis rompus. Inlassablement. On parle de neutralité ici dans la capitale, mais quelle neutralité existe-t-il quand on accepte de voir son propre peuple subir les dommages des guerres des autres ? La ville dame pose une main sur celui de la blonde Idunn qui lui rend son regard sans prononcer un mot. Ses mains se lèvent avec lenteur pour réajuster les tresses remontées sur sa tête avant de se recomposer un visage lisse. D'autres cris l'attendent. D'autres corps à éponger. D'autres âmes à accompagner, droit dans les yeux, vers un silence glacé.

1454 - Tromsø - Norvège
Ses doigts effleurent délicatement le corps de l'enfant qu'elle n'aura pas la chance de connaître. Une brise chaude d'été fait voler quelques graines de fleurs vers le large de l'océan. Un secret qui restera à jamais sous la terre du chêne où elle dépose le fragment d'un rêve qui ne s'élèvera jamais au-dessus des projections.

Sans un mot elle se détourne. Elle n'a rien à dire de plus ni de moins, de ce corps devenu fleuve, elle n'a rien à dire que le vide qu'il a laissé derrière lui.

La douce journée d'été fait briller les tapis de barbarées comme un champ d'or sous ses pieds. Légèrement protégé des vents océaniques par les falaises alentour, le village situé à quelques encablures de Tromsø prospère depuis qu'Idunn a quitté la capitale pour s'y installer. Décimé par les traversées suédoises vers le Danemark, il ne restait que peu d'âmes pour faire vivre le port de pêche et cultiver les champs. Mais ensemble, et défait de toute supervision seigneuriale, ils avaient réussi à reconstruire une place commerciale forte largement défendue par ses propres habitants. Las de voir les villageois périr sous les bottes des armée royales, Idunn avait fini par s'installer ici avec la ferme intention d'honorer la gardienne dont on lui avait donné la responsabilité. Le cœur plein de rage contre les pouvoirs défaits d'intérêt pour leurs peuples, elle avait levé son bouclier pour résister, à sa façon. Et peu lui importe si pour cela, elle se place en marge de la vie qu'elle devrait mener. Peu lui importe si cela la met de l'autre côté de la légalité. Ce n'est pas comme si, là, dans la Norvège du quinzième siècle, une large marge de manœuvre étaient accordées aux individualités et aux actions libertaires.

Janvier 1456 - Rødøy- Norvège
Les traits de l'homme sont tirés par des années de fatigue et de soucis. Une lueur sans fond ne quitte plus ses yeux depuis que Sølvi a rendu son dernier souffle dans l'aube d'une pâle journée de printemps. Huit années de vie solitaire pour un homme qui ne vivait que pour les autres. Idunn observe le visage de ce père qu'elle estime au-dessus de tout depuis le départ de sa mère. Un vent fort vient frapper leurs fourrures contre leurs côtes respectives. Leurs cheveux se mêlent dans les bourrasques de la tempête froide d'un janvier gris. La nuit qui perce dans le regard de Magni est limpide, et plus chaude qu'elle n'était dans l'enfance de la fille qui se présente aujourd'hui face à lui. Une fille devenue femme au regard fier et à la silhouette droite. A travers ses yeux il voit la rigidité des Varangr et la persévérance de la roche qui abrite leur village. Cela fait plusieurs années que leurs routes sont séparées, et jamais il n'a été aussi ému de la considérer ainsi face à lui. Elle lui semble forte cette femme aux longs cheveux tressés de boucles de métal. Face à lui, elle s'est présentée avec son bouclier et son épée ceint d'un fourreau de cuir. Elle transpire cet aura des chefs des temps passés et, peut-être que l'âge joue sur sa perception des choses, mais il a la sensation de contempler Freya en personne. A travers elle, il voit tout ce qu'ils ont accompli, Sølvi et lui, sur cet archipel. Derrière la fière stature de sa fille, il voit les toits fumants des maisons de bois finement sculptées. Des entrelacs, véritables œuvres d'art, un village soudé et déterminé à survivre à travers les tempêtes. Il sait que leur havre de paix est menacé par les velléités des pays adverses et par la convoitise de puissance dont ils n'ont que faire. Il espère avoir encore la force de défendre les positions de ces rochers tranchants, mais il a peur de voir les choses s'effriter après son départ. Car Magni n'est pas naïf, il sent ses forces décliner comme les rayons d'un crépuscule avant les longues nuits polaires. Il aurait aimé placer ses espoirs dans l'ensemble de ses enfants, mais de tous il n'y a qu'elle, la jeune femme aux tresses blondes, qui a répondu à son appel. Il ne peut en vouloir à ses fils, ils ont chacun bâti leurs vies ailleurs, d'autres familles à s'occuper. D'autres rêves à poursuivre. Et de chacun il est fier d'eux, délaissant la rancœur pour les aigris d'un autre temps. Son regard balaie la nature encore sauvage qui s'élève en sifflement harmonieux autour d'eux et son âme s'apaise de contempler ce visage si déterminé qui lui fait face. Les cheveux blancs de Magni caressent les joues d'Idunn quand le père incline la tête face à sa fille. Et dans leur conversation muette, ce contact vaut mille mots.

Mai 1456 - Rødøy- Norvège
« Idunn, søsteren min. » La voix grave d'Asvaldr résonne dans la chambre funéraire et la jeune femme ainsi interpellée relève sa tête lourde d'une peine qui ne transparaît que dans la dureté de ses traits. « Asvaldr, du kom hjemme. » Le frère pose une main ferme sur l'épaule de sa petite sœur avant de se tourner vers le cercueil de bois qu'elle veille depuis plusieurs heures. Elle sent les doigts qui se serrent sur ses os et une douce sensation de chaleur parvient à chasser momentanément le froid qui engourdit ses membres. Elle ne parvient pas à réaliser qu'elle contemple la dernière demeure de Magni Varangr dans ce silence glacé. Même le vent d'ordinaire si bavard sur ces côtes a tue ses murmures. C'est un jour pesant pour le village de l'archipel de Rødøya. Il faisait nuit quand elle a ramené son corps brisé, et jamais elle n'oubliera les heures de cette longue journée.

Idunn se souvient la fermeté avec laquelle il avait donné ses ordres, l'obligeant à rester ici à veiller sur les siens. Son : « Du må bli her i dag. » Qui avait tendu la corde entre eux avec toute l'amertume de la femme qui se sent encore trop enfant dans le regard du vieil homme. Lui avait senti, peut-être, que son choix n'était pas le bon. Et quand ils avaient chevauché, ensemble, genou contre genou, vers la plage où un navire suédois avait déversé ses soldats, il avait eu l'air heureux.
C'est à son sourire, franc et droit, auquel elle se raccroche la Varangr qui serre les dents face au cercueil de bois. Ce sourire dans une barbe blanche finement taillée. Cet éclat de fierté qui remerciait les Dieux de leur avoir accordé cette chevauchée ensemble, l'épée à la taille, le bouclier rond contre les bottes. Comme s'il devinait, comme s'il savait les pensées qui se déroulent dans les iris de sa petite sœur, Asvaldr attire l'épaule vers lui dans un geste brusque et rude. Il s'en veut l'aîné, de n'avoir pas répondu au dernier appel  de Magni, des mois auparavant. Il s'en veut d'avoir manqué l'occasion de croiser le regard de ce père qui les avait élevés à la force de ses bras. Il avait cru, alors, l'homme, que cet appel n'était rien d'urgent et qu'il pouvait délayer quelques mois de plus, sous prétexte d'avoir son propre petit dernier à veiller. Il regrette d'avoir mal compris les augures et les signes qu'on lui envoyait. N'avait-il pas entendu le corbeau, trois fois, se plaindre au-dessus de son lit le jour-même où il avait pris la décision de ne pas venir ? Tout ce qu'il peut espérer désormais, c'est qu'Idunn, l'intrépide Idunn, lui pardonne son absence lors de cette bataille qui leur avait ravi leur père. Et dans cette communion muette, chacun sait qu'il ne pouvait y avoir de plus belle mort que celle-ci pour Magni Varangr. Mourir pour défendre les siens. Si un Valhalla existe bel et bien quelque part, les adelphes ne doutent pas qu'il y sera accueilli à bras ouverts.

« Du kan si nei. » Le murmure chuinte comme une roue mal graissée. Asvaldr a conscience de paraître rustre et dépourvu d'émotion à parler ainsi de l'avenir matériel de leur village d'enfance face au cercueil de leur père. Mais il refuse de laisser sa petite sœur prisonnière de cet archipel de pierres coupantes. Il veut lui faire savoir qu'elle a le droit de partir, de ne pas prendre la suite de Magni. Que rien ne l'y oblige. Il n'a pas oublié les rêves de cette petite fille qu'elle était de parcourir le monde. Idunn non plus, n'a pas oublié. Mais le peu du monde qu'elle a eu l'occasion de voir ne lui donne plus aussi envie qu'avant. Pas dans sa condition de femme, du peuple. Dans un monde d'hommes, de pouvoir. Au contact des autres, de leur misère, et des combats de ses sœurs, elle s'est trouvé une autre forme d'énergie. Un autre appel que celui du large, plus tempétueux et fort que le roulis des vagues contre les coques de bateaux. L'appel de la vengeance, ce cri de vie qui hurle dans les os de tant d'entre eux. Cette envie de vivre, libre, sans la peur de mourir de faim au prochain hiver. Ou sous le fil de l'épée du la prochaine garnison. Son regard brûle du même feu que celui qui brûlait dans les iris de jeune Varangr, il y a des années de cela. Et c'est presque avec défi qu'elle lève le menton vers son grand frère sous le hululement lointain d'une chouette. « Dette er hjemmet mitt. Jeg vil bor her. Jeg nekter overlater dem til seg selv. » Sa détermination traverse sa voix comme une flèche. Froide et précise. Un feu glacé qui fait hésiter Asvaldr. Il n'a jamais vu la jeune femme avec autant de prestance. Mais il doit reconnaître que la dernière fois qu'il l'a vue, elle avait dix ans de moins. Facilement. Il ne sait pas réellement la femme qu'elle est devenue et il ne peut que constater qu'elle a déjà revêtu l'allure d'une cheffe. Ce qu'il ne sait pas, en revanche, c'est qu'Idunn l'est déjà depuis des mois. Depuis ce gris janvier bercé de tempêtes. Et que parmi les descendants des habitants de l'île, se sont ajoutées quelques familles qui l'avaient suivie depuis Trømsø.

Lentement, d'une voix profonde et lente, sa voix s'élève dans le silence de la pièce. Une complainte, quelques vers dans un ancien langage qui n'est presque plus parlé aujourd'hui. Un vieux norrois qui martèle les sons comme des coups de tambours contre le bois mortuaire du cercueil. Une complainte inspirée des écrits de Völuspa, contes prophétiques du grand Ragnarök que leur mère leur chantait le soir sous la voûte céleste des aurores boréales. Un dernier hommage froid qui porte en lui l'espoir de jours nouveaux rendus plus lumineux par le sacrifice des Dieux. « Bræðr munu berjask ok at bönum verðask, munu systrungar sifjum spilla. Skelfr Yggdrasils askr standandi, ymr it aldna tré, en jötunn losnar. Sér hon upp koma öðru sinni jörð ór ægi iðjagræna. Falla fossar, flýgr örn yfir, sá er á fjalli fiska veiðir. » La voix grave d'Asvaldr se joint à celle de la petite sœur alors qu'une bourrasque de vent venu du large vient faire gémir les planches de bois du toit au-dessus de leur tête sous les cris plaintifs d'oiseaux de mer.  

traduction:

Janvier 1461 - Rødøy- Norvège
La nuit sans fin étire quelques lueurs plus clair à l'horizon sans donné la moindre lumière aux terres froides de l'archipel. L'homme vêtu d'une simple cape d'été ne semble pas craindre le gel mordant qui fait craquer les pierres sous les bottes fourrées d'Idunn. Il a un sourire indéchiffrable qui le rend jeune et délicat. La jeune cheffe ne peut que constater l'attrait mystérieux que cet étranger irradie autour de lui et sa curiosité est forte. Il est rare de voir des personnes, seules, s'aventurer jusqu'à eux sans raison. Si au fil des ans sous sa responsabilité Rødøy est parvenu à toucher les côtes par sa renommée de village autonome, rares sont ceux qui osent chercher asile ici. Le climat dissuade de nombreux téméraires, et les nombreuses routes parsemées de dangers achèvent souvent de couper l'herbe sous le pieds des plus hardis. Quand ce ne sont pas les pieds eux-mêmes, qui sont délestés de leurs propriétaires. La couronne n'a cessé de voir cet archipel d'un mauvais œil et rend son accès difficile sans pour autant en faire disparaître les habitants. Farouches fermiers et pêcheurs aux regards durs, le peuple qui s'est construit sur ce bout de cailloux balayé par les vents a déjà montré par le passé l'avantage stratégique de sa position face aux navires suédois venus du large en quête d'une plage pour débarquer sur les côtes et prendre le Danemark à revers. Mais Idunn a une rancœur sévère et durable envers ceux qui ont transpercé le cœur de son père et chaque personne vivant sur cette île à appris à lever une arme pour défendre sa vie. Un arrangement tacite qui convient à tout le monde, pour l'instant. Tant que dure cette vie de corsaire sédentaire, et que la couronne ne vient pas directement s'en prendre à Idunn et ceux dont elle a pris la responsabilité. Dans l'aube qui ne se lèvera pas, une chouette hulule au loin et la femme relève la tête comme un signe de défi envers cet étranger qui prétend porter un message pour elle. « hvorfor skal jeg stole på deg ? » Un sourire doux s'étire sur les lèvres de l'homme à peau aussi pâle que la neige qui recouvre les champs de culture autour d'eux. Elle déteste la chaleur que ce regard provoque en elle. Pourtant la scandinave n'en n'est pas à son premier homme rencontré, ni ses premiers amours, encore moins dans l'intimité. Mais elle laisse peu de place pour cette intrusion presque physique qui cherche à la conduire à un excès de confiance. Son regard se durcit et les ombres de son front se font menaçante. Nuages sombres sur la glace dur de ses yeux bleus. « Du må ikke gjøre noe. Men faren min  har hørt om denne øya. Og han er ikke som for ikke forlate når han får en idé. » Si l'homme dit vrai, les perspectives d'Idunn sont bien sombres. Si l'inconnu est bien le fils d'un seigneur suédois comme il le prétend, et que ce dernier à décidé de faire de l'archipel sa porte d'entrée pour la Norvège, la vie de tous ses habitants est menacée. Tant qu'ils n'avaient que quelques navires perdus à s'occuper, ils pouvaient repousser les invasions sur les côtes déchirées des pierres froides de Rødøy. Mais une armée dirigée sciemment vers eux, les enjeux seraient bien différents. Toute la question est de savoir pourquoi le fils d'un tel seigneur prendrait le risque de venir les avertir directement. Leur faire peur pour qu'il cède la place forte sans bataille ? Ou leur donne le temps de se préparer du mieux qu'ils peuvent ?  « Når å skje angrepet ? » Les traits fins de l'inconnu se ferme sous une réflexion intense qui anobli son visage et lui donne un sérieux que ses sourires aguicheurs ne parvenaient pas à lui conférer jusque-là. Le coeur d'Idunn se serre malgré elle. Sans qu'elle parvienne à comprendre pourquoi, elle éprouve un étrange sentiment de confiance envers lui. Ce qui ne lui donne qu'envie de se méfier encore plus. D'un geste d'épaule elle réajuste la lourde coupe bordée de fourrure qui couvre son dos contre les températures négatives de janvier. « Yule, sannsynligvis. » Une année jusqu'au solstice d'hiver. Une ancienne pratique viking qu'Idunn connait bien. Attaquer pendant les fêtes de célébrations, une vieille tradition qui permis aux premiers guerriers de remonter facilement les fleuves de la lointaine Angleterre. Une tradition qui semble ne pas se perdre dans l'esprit de certains conquérants qui se croient aussi malins que leurs ancêtres communs. La mâchoire de la cheffe se contracte et son regard dérive vers le large qu'elle devine au loin dans la pénombre de l'aube grise. Une houle sombre qui se heurtent aux rivages prisonniers des glaces. Elle pourrait ne pas croire les dires de cet étranger, car cela ne viendrait à l'idée de personne de mener une attaque maritime dans de telles conditions. Mais l'étranger est la preuve même qu'il semble avoir réussi à naviguer jusqu'à eux sans encombre malgré les eaux dangereuses de l'hiver nordique.

Un an, donc, pour préparer une potentielle attaque décisive.

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Décembre 1461 - Rødøy- Norvège
Le ciel brûle de milles étincelles. Le crépitement des feux craquèle les sifflements du vent océanique. Dans ce déluge de bruits, la glace qui se rompt en éclair froid sous son dos est le tonnerre qui scelle son destin. Son souffle court soulève à peine ses volutes de brume au-dessus de sa bouche ouverte sur un filet de sang. Le froid qui ronge ses os n'a rien à voir avec les températures de la nuit polaire, mais des multitudes des blessures qui alourdissent ses fourrures d'un liquide poisseux. Ses longs cheveux marbrés de rouge forment une dernière couronne de blé mûrs autour de son crâne brisé sur la glace. Ses doigts serrés autour du manche de son épée ne trouvent plus la force de lever le fer vers le ciel qu'elle voudrait pourtant défier une dernière fois. Défier ces Dieux qui ne cessent d'envoyer la guerre tuer leurs plus vaillants défenseurs. Malgré la vie qui s'échappe de son corps, elle sent la rage brûler en écho aux brasiers des maisons de l'archipel. Son archipel. Sa ville. Son peuple. Ceux qu'elle a mené vers une vie simple et efficace jusqu'à la destruction. Elle rage Idunn, de savoir leurs vies détruites pour avoir osé vivre, simplement. Vivre. Comme l'océan qu'elle entend qui gronde sa force au large, léchant des glaces qui viendront à se dissoudre et retourner en son sein. Dans un dernier effort, un dernier soubresaut de volonté, elle roule sur le côté. « Stå opp jente ! » La voix d'un passé lointain se fracasse contre son squelette et l'oblige à se redresser. Un genou à terre, l'épée plantée dans la glace qui craque de plus belle. Son lugubre et chantant à la fois. Sous ses pieds les zébrures d'un blanc éclatant courent vers d'autres corps étendus dans leurs couronnes de sang. Tous des rois et des reines, des chefs, gouverneurs de leurs propres vies, morts pour leurs libertés. Son bras tremble quand elle s'appuie sur le pommeau de l'épée qui s'enfonce un peu plus dans la glace sous le poids mort d'un corps qui lutte de ses dernières forces pour contempler un paysage dévasté. Son œil aiguisé embrase la scène qui l'entoure avec la vivacité de la chouette. Le village brûle, lueurs plus vives que les soleils d'hiver. Des corps, trop nombreux, gisent depuis la grève jusqu'aux hauteurs qui s'offrent à sa vision. Des armures luisantes sur lesquelles dansent les flammes de la rage de Rødøy. Elle aperçoit également les fourrures blanches de son frère qui avait répondu à son appel lors de sa préparation à la défense contre l'attaque injuste d'un seigneur avide d'un pouvoir qu'il ne mérite pas. Il ne verra pas ses enfants grandir dans leurs lointaines contrées. Elle les a privé d'un père, d'un mari, d'un pilier. Seulement, elle réalise sa méprise et son égoïsme. La peine lui serre l'âme dans un frisson glacé. Une peine qui donne le dernier coup de massue qui la refait tomber à genoux dans le tumulte des bruits incessant qui suivent les cris des combats. Assise sur ses pieds, elle voudrait relever la tête et contempler une dernière fois la voûte céleste et les premières pâles lueurs d'un jour lointain qui ne fera qu'effleurer la ligne  sombre de l'horizon. Mais sa tête s'ouvre dans une douleur qui lui donne la nausée. Elle sent le sang qui s'épanche tout autour d'elle et l'odeur de la mort la tire vers l'inconscience. Dans un dernier moment de lucidité elle se sent tomber Idunn sans que son épaule ne vienne heurter la glace qui gronde toujours comme un tonnerre cristallin. «Sér hon upp koma öðru sinni jörð ór ægi iðjagræna » Son dernier souffle. Celui qu'elle guettait dans l'hospice froid d'Oslo, il y a une éternité. Son dernier souffle qui murmure cette vieille langue oubliée, murmurant un espoir pour ce monde qu'elle quitte sans avoir réalisé le tiers de ses rêves d'enfant. Le goût de sang contre son palais se fait plus fort, plus riche, plus frais. Elle le sent couler dans sa gorge comme un dernier cocktail de vie qui s'échappe. Incapable de réfléchir clairement, elle ne peut savoir qu'il ne s'agit pas du sien mais de celui qui, dans un dernier acte désespéré, condamne celle qu'il sauve.

Décembre 1461 - Rødøy - Norvège
Le goût de la terre sablonneuse lui pique les narines. Le sang collé contre son palais lui donne envie de cracher la bile métallique. Mais l'obscurité sourde et oppressante qui l'entoure lui empêche tout mouvement. La conscience qui s'éveille lentement ne parvient pas à comprendre où elle se trouve. Lovée dans une chaleur humide, elle se sent étrangement bien derrière le voile de ses paupières closent. Entièrement entravée, son corps lui donne la sensation de flotter dans un espace-temps inconnu. Est-ce cela, mourir ? Des limbes d'un sommeil qui se déchire, le cerveau envoie les premières impulsions de souvenir. L'odeur des brasiers, le vent océanique qui hurlait, la douleur de la bataille, et le déchirement du cœur. De tout cela il ne lui reste rien. Rien que ce silence et cette étrange sensation de flotter dans un entre deux-monde. Jusqu'à ce qu'un premier sursaut de conscience plus puissant que les autres fasse frémir ses paupières. Un infime mouvement des muscles qui rencontrent la sensation de pression contre l'épiderme. Une bouffée d'angoisse viscérale s'empare de nerfs qui répercutent des informations diverses et contraires jusqu'au cerveau qui s'affole. Les mains s'agitent, la terre roule, s'effrite tandis que la poitrine se compresse dans une succession paniquée de respirations hachées. Elle est sous terre. La première pensée logique qui jaillit de tout ce non-sens est qu'elle a survécut à ses blessures, malgré tout, d'une certaine façon qui lui échappe, mais que, laissée pour morte, quelqu'un l'a enterré dans ce qui semblait être son dernier sommeil. Cette éventualité est plus forte que tout, l'appel de la vie qui se fracasse contre son crâne n'est que terreurs et angoisses. Une lutte pour respirer, quitter le carcan de terre fraîche qui l'étouffe. Idunn, prisonnière de ses habitudes d'humaine, n'a pas conscience de n''étouffer que par réflexe, et non par réel besoin d'air. Ses poumons morts, magiquement réanimé par une force qui lui permet de déchirer des lambeaux de terre à mains nues, ne se soucient plus d'apporter le moindre oxygène à son cerveau pour le faire fonctionner. Le semblant de vie puise ses aliments ailleurs. Pourtant, quand son visage trouve la fraîcheur de l'air extérieur, sa bouche aspire une large et profonde goulée d'air. Comme si elle avait été trop longtemps en apnée sous le manteau terrestre. Et, d'une certains façon, c'est bien cette information que son cerveau lui transmet. Parce qu'il ne connait encore que cette réalité.

La voûte céleste est piquée d'étoiles, le vent frais transporte les mêmes odeurs que d'habitude, avec une multitude de saveurs qu'il n'avait jamais eu. Idunn sent tout, le sel de l'océan, les plumes mouillées des oiseaux marins qui picorent le sol rocailleux de la grève, l'humus frais de la terre, le sucré de la sève des pins, les restes du bois calciné, le sang séché, la neige fraîche, la mort qui s'étire en long lambeaux. Chaque chose lui parvient avec une netteté qui l'aveugle d'informations et son cœur s'emballe. Non, il ne s'emballe pas d'ailleurs. Dans sa poitrine aucun tambour sourd ne vient cogner ses côtes, la morsure du froid de gèle pas ses poumons à chaque aspiration. Les brumes d'incompréhension revienne obstruer ses pensées. Rien ne fait sens dans sa tête tandis que les siens s'abreuvent de sensations incisives. La peur et l'incompréhension se lise dans ses traits plissés, des gestes sont décousus alors qu'elle finit de s'extraire de la terre sablonneuse où elle était enfouie. Elle se redresse, un genou à terre, avant de se hisser sur ses pieds. D'un regard circulaire elle fait le tour de son paysage, reconnaît la petite crique qui lui fait face et son regard s'assombrit encore parce qu'elle sait que l'endroit est à l'opposé du dernier combat qu'elle a mené. « God kveld, Idunn ». Ses iris tombent sur la silhouette de l'homme qu'elle distingue parfaitement malgré l'obscurité nocturne. Une nouvelle information qui fait voler en éclat toutes ses certitudes. La nervosité mène à la colère, ses muscles se bandent dans un regroupement des forces, elle est prête à se défendre encore. Peu lui importe le sourire doux qui étire les lèvres de l'homme qui l'observe avec une tendresse notoire.

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SHADOWHUNTERS :  FALLEN BROTHERS | 2023
Idunn Varangr
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Idunn Varangr
The Accords
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Décembre 1491 - Rødøy - Norvège
Trente années se sont écoulées depuis la sanglante défaite du village. Le jeune homme qui se tient droit et sombre au pied de la croix prie avec une gravité de marbre. De son père il n'a que des souvenirs flous, le son d'une voix, l'éclat d'un rire, la silhouette massive et chaude qui se penchait sur son lit. Il n'a qu'un nom en mémoire, Asvaldr Varangr. Un frère venu au secours d'une sœur que le jeune Bjørn n'a pas connu. Si pendant longtemps l'enfant qu'il était a gardé une amère rancœur envers celle qui lui avait ravi son père, aujourd'hui il est venu demander pardon à la fratrie de ses ancêtres, et prier pour leur repos éternel. Lui-même devenu père, il a commencé à entrevoir la rage que l'on peut ressentir quand on prend à sa charge la vie d'un autre être vivant. Cette rage qui vous fait déplacer des montagnes pour les ériger en barrière entre eux et le monde acerbe de la guerre. Le vent souffle avec fureur autour de l'archipel qui a repris vie. De nouvelles maisons aux toits fumants répandent des odeurs de poissons salés. Un nouvel avant-poste norvégien, une ville de pêcheurs qui se développe malgré les maladies et l'indigence de ses habitants. Un archipel qui reprend lentement des allures de ville commerciale. De l'ancien village il ne reste que cette croix tendue vers le ciel sur un tertre fleuri de fleurs blanches. Quelqu'un l'a gravée de runes et de formes qui rappellent certaines anciens cultes païens. Bjørn a le souvenir des vieilles histoires que son père lui racontait au coin du feu, des vieux mythes et des noms des anciens dieux. Mais le jeune homme n'y accorde pas plus de valeurs que celles des vieux contes d'un monde passé. Élevé dans la foi chrétienne, il n'est pas en mesure de reconnaître les symboles qui s'enroulent autour de la croix comme aux branches d'Yggdrasil lui-même. Un long soupire s'échappe de ses lèvres alors qu'il relève la tête vers le ciel. Des nuages sombres couvrent un soleil qui ne se lève pas. Trente années, et ce soir il sent le poids de cet anniversaire sur ses épaules. A ses côtés la jeune femme qu'il a l'impression de connaître depuis toujours est aussi silencieuse que la nuit. Celle qu'il appelle Alvhild a accepté de faire le voyage depuis les lointaines forêts de Ånderdalen quand il a parlé de faire ce pèlerinage jusqu'au lieu de naissance et de mort de ce père qu'il n'a pas réellement connu. Une femme mystérieuse qui a jalonné son existence de sa présence et de son aide au fil des années, allant et venant au gré des saisons et des nuits polaires. Une femme dont la venue était toujours respectée dans le village, pour ses connaissances en médecine et son habilité à se battre et sa volonté farouche de transmettre ses savoirs à ceux qui osait le lui demander. Il l'apprécie, malgré son existence nimbée de secrets. Elle est comme ces vieilles femmes qui errent le long des routes, plus sages et prévoyantes que beaucoup d'hommes. Il ne saurait dire si son respect n'est pas légèrement mêlé de crainte. Un soupçon de superstitions persiste à rendre sa compagnie inconfortable, et leur longue chevauchée à travers des paysages magnifiques de la Norvège n'a fait qu'augmenter son sentiment d'étrangeté. Il a remarqué qu'elle mange peu, voire pas du tout. Les affres de la fatigue ne contaminent pas ses traits toujours lisses. Il s'est même fait la réflexion qu'elle ne semble pas avoir changé depuis ses plus lointains souvenirs d'elle. Aucune ride, aucun cheveux blanc dans sa longue chevelure d'or. Alvhild a senti les doutes et la méfiance grandir dans l'âme de son neveu, et elle ne peut que les comprendre. Elle a bien usé, de temps en temps, de ses nouvelles dispositions pour endormir ses pensées et envoûter sa réalité afin de lui permettre de retarder l'inévitable. Là, au pied de la croix qui symbolise le jour de sa mort et de celle de son peuple, Idunn sait qu'elle devra quitter le jeune Bjørn. Trente années passées à surveiller et de plus ou moins loin les enfants de son frère mort par sa faute. Elle a tout fait pour rendre leur quotidien moins lourd de cette perte irremplaçable. Mais il est temps, désormais, pour elle, de se retirer de leur vie. Sa longévité viendrait à soulever des questions pour lesquelles elle n'a pas de réponse. Elle-même n'est pas encore en accord avec la nature de sa nouvelle condition. Un puissant sentiment de rage et une douleur indicible vibre en elle. Idunn a honte d'avoir survécu, de la plus monstrueuse des façons. Honte de n'avoir pas su défendre les siens. Honte de s'être abreuvé au cou des derniers survivants à l'aube de sa nouvelle faim animale. Honte d'aimer l'homme qui l'a transformée en une créature des ombres.

Délicatement ses doigts effleurent la chouette qu'elle a elle-même gravée dans le bois de la croix qui s'élève vers le ciel. Idunn n'est plus certaine de mériter sa protection, elle qui s'est éloignée des chemins ensoleillés pour trouver les pavés lugubres de Hel et de ses dualités. Moitié morte, moitié vivante. Gardienne d'un autre royaume. Son cœur se serre, ou plutôt ses sentiments l'empoignent, tandis qu'elle ferme les yeux dans une tristesse profonde qui ne trouve plus de fond. Devant elle s'étend un avenir qu'elle ne parvient pas à imaginer, trop attachée à ces terres qui ne lui appartiennent plus, la jeune vampire ne parvient toujours pas à trouver sa place dans un double-monde dont elle ne comprend encore pas grand-chose.

Novembre 1567 - Oslo - Norvège

La forteresse d'Akershus a laissé retomber les cris de la bataille sanglante qui s'étale encore sur ses pavés blancs. Les troupes suédoises, bien que victorieuses, laissent s'échapper quelques râles d'une douleur fiévreuse dans les campements montés tout autour de l'austère bâtiment militaire. La guerre dure depuis trop longtemps dans des paysages escarpés que les hivers blancs rendent chaotiques. Idunn, le visage maquillé de noir, escalade avec une agilité exemplaire la façade la moins exposée de la bâtisse, à quelques mètres de Baldr. Deux ombres dans la nuit brûlante des flambeaux qui tentent, vainement, de repousser les ténèbres au loin et réchauffer des corps tremblant de froid. Ses adelphes dissimulés dans quelques recoins attendent l'ordre de leur créateur commun avant de passer entièrement à l'action. Cela fait cinq ans qu'ils passent de batailles en batailles pour venir en aide aux norvégiens, victimes collatérales d'un conflit dont ils ne voulaient pas. Pris en étaux, une fois de plus, entre la belligérante Suède et l'arrogant Danemark. Ombre furtive, Idunn se coule sur les remparts, sa lame blanche tranche la nuit d'un éclat d'argent. Le corps s'effondre dans ses bras sans un bruit avant qu'elle ne le déleste de quelques millilitres de son précieux et appétissant liquide vermillon. Elle a juste besoin de quelques gorgées pour sentir l'ensemble de ses forces bondir contre son épiderme. Malgré l'odeur alléchante qui bouillonne des charniers autour d'elle, la vampire ne se laisse pas gagner par l'excitation dévastatrice qui pulse dans ses veines maudites. Au fur et à mesure des batailles, elle a appris à contrôler ses envies et ses réactions aveuglées par l'odeur du sang. Elle ne prend que le nécessaire pour s'assurer une longue nuit de chasse. Car si les humains se disputent des parcelles de territoires, des créatures obscures ont commencé à se mêler de ces guerres pour assouvir leurs propres rancœurs. Derrière cette attaque, un autre clan de buveur de sang agit dans l'ombre. On raconte que le cousin de Baldr, un héritier Vasa transformé en même temps que lui, mène en secret une haine résolue contre celui qui fit tuer leur ancêtre commun sur une plage de galet de Rødøy. Là, entre les murs de la citadelle norvégienne, se joue un deuxième acte d'un drame lointain qui ne devrait pas être l'affaire des vivants. Idunn en a conscience, mais sa propre haine envers les suédois suffit à justifier, pour cette fois, la tempête qu'ils s'apprêtent à faire tomber sur leurs épaules de mortels.
Rassasiée et plus que jamais prête à l'attaque, elle bande son arc d'une flèche de feu qui traverse le ciel déjà orange des flambeaux des vainqueurs. Ce n'est qu'une étincelle parmi les autres qui n'alerte aucun veilleur. Et quand la vague de vampires ronge les premières défenses sous l'appel silencieux de leur chef, il est déjà trop tard pour que les humains puissent réagir. Les premières défenses de la citadelle tombent sous les lames et les crocs de ses adelphes de sang tandis qu'Idunn ouvre les portes du complexe militaire, bien déterminée à débusquer les vampires ennemis qui y seraient cachés.

Février 1577 - Parc du château d'Örbyhus - Suède
Derrière les murs de la prison, les cris d'alerte résonnent. Dans les bois du château, Idunn serre les dents. Il ne lui en faut pas beaucoup plus pour savoir que l'ancien roi est mort et que la mission est un échec. Elle réajuste sa prise contre la garde de son épée avant de jeter un dernier regard à Baldr. Les traits tirés de ce dernier suffisent à lui faire comprendre que les choses risquent de devenir très compliquées pour eux. Un frisson parcourt l'ensemble du clan, ils n'ont pas besoin de mots pour comprendre qu'une nouvelle bataille est imminente et qu'ici, dans les bois de Suède, ils sont en désavantage. Au fil des années, Georg Vasa a mis sur pied une cohorte de vampires qui lui sont tous étroitement liés. Aveuglés par leur envie de supériorité, ils n'ont que faire des tentatives de traités du monde obscure. Mais Baldr n'a pas belle presse non plus auprès des autres protagonistes de ceux-ci, et le trio de Nephilim qui a accepté de rejoindre leurs rangs exceptionnellement ne suffira pas à contrecarrer les plans du tyran sanguinaire. Ils sont en sous-nombre, dans un territoire exposé qu'ils maîtrisent mal. Sans oublier que Georg est aidé par un sorcier particulièrement avide de carnages et dénué d'empathie. L'atmosphère est lourde dans la forêt de chênes, et Idunn a la désagréable sensation d'être à l'aube d'une nouvelle ère qui ne lui dit rien qui vaille. Au loin, derrière elle, un hululement de chouette transperce son âme de part en part.

La ferveur du combat fait chanter son âme et hurler ses muscles d'un enthousiasme dont elle ne se cache plus. Depuis plus de cent ans désormais, elle manie ses lames à travers les guerres et les batailles avec une précision qui en fait une redoutable adversaire. Agile et disciplinée, elle ne laisse rien au hasard. Parfois, il lui arrive encore d'entendre les conseils de son père. Comme des dogmes devenus des mantra qui ne la quittent plus. Ancrés dans sa chair, dans ses os. Depuis qu'elle a eu l'occasion de déployer de nouvelles forces et une rapidité accrue, elle assume le rôle qu'on lui avait donné dès la naissance. Défendre et se battre. L'éclat d'une lueur farouche brûle dans ses yeux cernés de noir tandis qu'elle lâche un cri de rage en dégageant sa lame du cou d'un adversaire. Ils sont nombreux à assaillir leur cercle, et son bouclier à volé en morceaux depuis longtemps. A l'horizon, le ciel commence à pâlir, annonçant un repli forcé qui ne devrait plus tarder. Mais les deux camps refusent d'être le premier à lâcher et battre en retraite jusqu'au prochain coucher de soleil. Aussi la vampire fait à nouveau teinter l'acier contre le sabre d'un autre assaillant. Elle n'attend qu'un signe de son créateur pour se replier avec ce qu'il reste des leurs. Si la femme se refuse à songer aux douleurs qui ont percé son âme tant que le combat fait rage, elle a senti chaque perte de ses adelphes tombés au milieu des feuilles du sous-bois. L'aube allonge les ombres des corps qui se fracassent les uns contre les autres et une suspension fébrile s'empare de l'ensemble des vampires. Le sifflement retentit enfin, et Idunn assène un dernier coup de pied avant de se reculer, le regard ardent. Un dernier regard avant la morsure glacée de la mort qui lui déchire les entrailles.
Elle n'a pas besoin de regarder derrière elle pour savoir d'où vient ce gouffre qui s'ouvre dans son être. La douleur est si intense qu'elle suffoque, elle qui ne respire plus depuis longtemps. Une larme perle au coin des cils avant qu'elle ne se mette à courir, se jetant à corps perdu dans la protection des arbres pour trouver un refuge aux premiers rayons du soleil qui transperce les brumes du matin. Seule, elle retrouve les souterrains creusés par son clan. Seule, elle s'y allonge, visage contre terre. Seule, elle hurle dans la poussière la peine qui lui ravage les pensées. Baldr est mort. Et si celui qui lui avait redonné la vie n'était plus, quel but pouvait-elle bien trouver dans cette existence de créature ?

1638 - Londres - Angleterre
La nuit londonienne étire ses ombres orangées dans les rues pavées. La capitale anglaise, véritable dédale de ruelles insalubres, regorge de coins sombres et de renfoncements. Les épidémies ravages de temps en temps certains quartiers, rétablissant pour de courtes années une démographie stable avant de se faire à nouveau submergé par une vague de surpopulation nocive. Cela fait quelques décennies qu’Idunn est arrivée à Londres. Après la mort de son créateur, les intrigues scandinaves ne parvenaient plus à chasser le souvenir de sa douleur. Seul l'appel de la guerre était parvenu à réveiller en elle des sentiments assez forts pour lui donner envie de reprendre cette vie en main. Venue avec la flotte espagnole dans l'espoir d'apporter un sérieux revers à une Angleterre Elisabéthaine sur le déclin, Idunn avait trouvé sur place un panel de divertissements dans lesquels elle s'était oubliée. Dans les tréfonds d’une civilisation gangrénée par une aristocratie tournée vers les conquêtes d’un nouveau monde, la vampire avait tenté de guérir ses plaies et trouver, enfin, un sens à son existence presque deux fois centenaire. Des années d’errance, à découvrir des pays, des villes, des civilisations qui veulent se prétendre toutes différentes mais qui ne sont rien d’autres que des répliques des unes et des autres. Elle a changé Idunn. La solitude l’a rendue plus sauvage, plus déterminée que jamais à gouverner sa vie et à mener ses propres combats. Plus définitive dans ses choix, plus fière, plus maline aussi. Son intelligence s'est exercée aux jeux politiques et aux intrigues des puissants avec la même délicatesse que celle dont son créateur savait faire preuve. Elle qui n’a jamais été une fille des villes voilà qu’elle arpente, ombre serpentine, les rues pavées d’un Londres meurtri par un hiver terrible. Incapable de rester inactive, la vampire n'a eu aucun mal à trouver le moyen de se faire accepter dans les hospices de fortunes que les maladies et les famines voient s'ouvrir rapidement de tous les côtés. Elle n'a aucune honte à utiliser ses charmes pour trouver auprès de la compagnie d'un homme, des professeurs d'anatomie de plus en plus intéressés par des avancées médicinales qui ne cessent de la rendre curieuse. Si les premières décennies, elle arrivait à rester en retrait, vampire solitaire et libre, elle a rapidement commencé à se faire une petite renommée auprès des siens. Tant par ses habilités au combat que par son besoin farouche de refuser toute proposition de rejoindre un clan. Mais elle est attachée à cette liberté qui lui permet de cumuler de nombreux contrats sans avoir besoin de se justifier auprès de qui que ce soit. Car si certains soirs, elle perfectionne ses compétences médicinales, elle vit surtout d'une multitude de petits contrats. Certains l'appellent mercenaire, d'autres espionne. Mais peu lui importe les titres, seul compte l'argent qui en découle, et l'excitation de la chasse.  

Et c'est pour honorer le dernier en date qu'elle s'engouffre silencieusement par la fenêtre d'un manoir élégant. L'odeur de lavande et de camphre qui règne dans la pièce lui fait pincer le nez tandis que ses yeux vérifient d'un regard circulaire que personne ne surveille sa mission de la nuit. Cette dernière n'a rien de bien exceptionnel, une nouvelle histoire d'enfant illégitime à cacher pour éviter un déshonneur familial cuisant pour cette héritière d'une famille de la haute noblesse londonienne. Des histoires si communes que cela devient ridicule, selon elle, de déployer tant d'efforts pour entretenir des coutumes qui ne conviennent visiblement à personne. Mais elle n'est pas en charge de faire changer les lois, encore moins les mentalités, et cela lui permet toujours de lui assurer un revenu confortable. Parce que dans ces moments-là ils sont tous prêt à payer, cher, pour se débarrasser du problème. Près d'elle, la respiration saccadée d'un cœur encore chargé de chagrin fait échos à la douce respiration d'un tout jeune être vivant. Aucun doute possible, elle est dans la bonne chambre. La pièce est particulièrement sombre mais sa vision nocturne lui permet de distinguer sans mal le mobilier de la chambre et de se faufiler jusqu'au berceau d'osier. En son cœur, d'un sommeil apaisé, le nouveau-né dort, la tête recouverte par un large bonnet de dentelle immaculé. Tout son petit corps respire le sang frais et la vie verte à peine éclose. Elle a enfanté Idunn, dans un passé si lointain, qu'elle s'en souvient à peine. Pourtant la vision de ce minuscule visage endormi dans une paix innocente la touche. Comment peut-on vouloir faire un mal quelconque à être aussi jeune ? Un soupire silencieux soulève sa poitrine alors qu'elle dirige son regard vers la jeune femme que le chagrin accable. Ses grands yeux ouverts fixent la vampire en silence, entre peur et surprise. Aussitôt la viking a bloqué son regard sur le sien, emprisonnant ses sens et sa raison. « Hello sweetheart, don't be afraid. I won't hurt you. » Mais le visage de la femme se creuse et de nouvelles larmes roulent dans les vagues de son visage de porcelaine : « Please help me. Don't kill him. Tell my father I've never. I didn't knew any man. Please. I swear. I've never...I love someone, it is true, but please. We have never slept together. I...I don't know how...» La détresse étrange sa voix dans son souffle épuisé et la folie perle au coin de ses iris. La vampire serre les mâchoires sous le volume trop fort des supplications de la jeune humaine qui ruine tous ses efforts de discrétion si bien qu'elle finit par faire claquer sa langue d'énervement. La mère écarte un peu plus ses yeux, l'effroi remplace les supplications et Idunn se détourne de celle-ci pour reporter son attention sur l'enfant toujours endormi dans le berceau. Il n'y avait aucun mensonge dans les mots de l'humaine, et la scandinave pose un regard plus intrigué que menaçant sur l'être qui respire sous ses langes. Soudain, l'éclat d'un ricanement s'échappe de ses lèvres serrées, elle s'en veut presque de n'avoir pas senti plus tôt la nature du nouvel enfant. « Don't hurt him. » La détresse serre la voix de la jeune femme et Idunn la fusille du regard, pour lui intimer encore une fois la discrétion. D'un geste négatif de la tête, la vampire se détourne pour de bon de l'humaine pour soulever distraitement les habits du nouveau-né : « And obviously you will tell me that he is an ordinary child...» Le silence est brisé par quelques balbutiements maladroits qu'elle ne prend même pas la peine de relever. « Anyway, I will not harm you, neither your child. You are coming with me. Now. Both of you are under my protection for now. » Ses murmures sont directifs et sans appel. Elle a déjà passé beaucoup trop de temps dans la chambre et la vampire craint que les bruits ne finissent par alerter quelqu'un. De ces mêmes murmures elle donne quelques ordres, s'habiller simplement, prendre les affaires du petit, le minimum. Et sortir avec elle.

La nuit est bien avancée lorsqu'elle laisse la mère et son enfant warlock s’éloigner dans la calèche qui doit les mener en sécurité auprès de celui qui a engagé ses services. Un vent frais menace de faire pleuvoir ses larmes sur les toits de Londres et la faim commence à se faire doucement sentir dans ses entrailles. Idunn s'apprête à remonter sur les toits, quand un cri strident attire son attention dans la rue devant elle. Une autre calèche prise comme cible par quelques moribonds en mal d'argent. Les malheureux terriens sont déjà à terre, rossés par leurs assaillants. Un quotidien pour cette ville aux milles dangers. Elle s'apprête à poursuivre sa propre route désintéressée par ces luttes entre humains, quand ses pupilles entrent en contact avec celles de l'homme qui s'est redressé dans un dernier sursaut de survie. Un frisson glacé parcours son échine et en une fraction de seconde elle a arraché la vie à ceux qui plantaient un dernier coup de couteau dans les côtes du londonien. Ses gestes sont trop rapides pour les pauvres réflexes des humains, elle a la surprise de son côté. Il lui faut moins d'une minute pour arracher la vie des truands et rassasier sa faim criante à leur cous encore chaud. Un silence surpris retombe sur la ruelle, seuls les renâclements des chevaux nerveux trouble les derniers échos des battements cardiaques qui s'estompent à leurs pieds. L’odeur du sang répandu sur les pavés embaume l’air nocturne. Tellement de gâchis. Rapidement Idunn fait l'état des lieux : un seul cœur battant. Celui de Nathan Lancaster. Sa mâchoire se contracte alors que son cerveau s'active dans une urgence qui lui fait peur. Elle n'est pas prête, pas totalement. Ce serait mentir de dire qu'elle n'y songeait pas depuis quelque temps. Mais pas de cette façon, pas comme ça, dans un bain de sang, par hasard, au détour d'une banale attaque de calèche. Mais elle n'a pas le temps de réfléchir trop longtemps, alors dans un grognement sombre elle soulève le corps de l'homme et se glisse avec lui dans l’ombre des bâtiments.
Nathan Lancaster...Ses yeux luisent de ce regard humide qu’ont les âmes qui se meurent. Fièvre et incompréhension dans un dernier éclat avant le souffle de flamme qui s'éteint. Les lèvres de l'humain bougent à peine, essayant vainement de murmurer quelques mots. Un doux sourire étire ses lèvres encore rouges, sa voix prend elle aussi des accents calmes qui se veulent rassurants et son regard se plante dans le sien : « It's ok Nathan. I will take care of you. Don't be afraid. Everything is going to be fine. » Une phrase, sans doute vide de sens pour lui, mais qu’elle essaye de rendre la plus rassurante possible. D’un geste rapide, elle coupe sa propre chair pour laisser glisser dans sa gorge le liquide éclatant. Elle s’assure qu’il déglutit correctement avant d’enrouler ses bras autour du corps. Elle doit lui trouver une tombe. Elle doit l'enterrer pour mieux l'accueillir à nouveau.

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1658 - Londres - Angleterre
Nerveusement, il arpente la pièce sous le regard droit de la vampire qui l'accompagne. Les mots de Nathan Lancaster résonnent dans sa tête, et si sa décision de partir lui brûle les nerfs, elle n'en laisse rien paraître. A la place de la colère, elle laisse les souvenirs prendre le dessus. Elle revoit l'homme qu'il était, jeune et beau, à l'aube de son mariage. Elle songe avec une certaine émotion au contrat qui l'avait rattaché à lui pendant de longues semaines. « Surveiller les coucheries de Nathanaël Lancaster. » Les consignes avaient été simples, le petit coffre largement rempli de pièces frappées de la couronne, et Idunn d'une discrétion sans faille. Elle avait écumé les lieux de luxures, hanté ses pas et ses sorties nocturnes, épié ses soirées et ses nuits, veillé nombreux de ses sommeils au milieu de draps fins. Un noble aristocrate à la vie remplie, aux amis nombreux et divers  - n'avait-elle pas remarqué la présence d'une sorcière dans son entourage direct ? - et aux fameuses coucheries devenues d'une raisonnabilité outrageante pour les habituées délaissées. Dans les premiers temps, seuls les coffres remplis par le beau-frère lui avaient donné la motivation nécessaire à mener sa mission correctement, mais au fil des nuits elle avait appris à connaître l'homme derrière la cible. Partager son quotidien, connaître ses habitudes et épier nuit après nuit son intimité avait ouvert une brèche dans sa conscience professionnelle. Pourquoi lui plutôt qu'un autre ? Peut-être parce qu'il avait dans le magnétisme de son regard quelque chose qui lui rappelait un homme qu'elle avait connu des centaines d'années en arrière. Ou bien parce que la solitude avait fini par peser sur ses épaules. Quoi qu'il en soit, lentement, la cible était devenue un passe-temps, un compagnon qu'elle prenait plaisir à retrouver et jamais elle n'avait mené ses investigations avec autant de sérieux. Presque jusqu'à l'obsession. Ses preuves de sa nouvelle passion exclusive pour sa future femme données à celui qui avait engagé ses services, elle avait mis du temps Idunn à ne plus rôder autour de ses fenêtres. Le sevrage avait été long, et cela l'avait beaucoup agacée de se trouver ainsi éprise d'un homme qui ne l'a connaissait pas.
C'est à tout cela qu'elle repense tout en suivant ses mouvements énervés à travers la chambre. A son agitation elle oppose un immobilisme de statue, menton légèrement relevé, elle reste sur ses gardes. Dans l'histoire, elle est et restera toujours la fautive. La créatrice. Celle qui a condamné, à son tour, à une vie de drames, un humain qui n'avait rien demandé. Il est en droit de lui en vouloir. Il est en droit de passer la douleur des pertes récentes sur elle alors que se profile devant lui un long futur immortel loin des personnes qui composaient sa vie d'humain. Elle sait les douleurs et cette difficile étape qui l'attend. Alors elle ne dit rien, comme souvent lorsqu'il s'énerve ainsi. Elle regarde, observe, pince les lèvres et durcit son regard. Mais elle ne prononce aucun mot. Car il n'y a rien à dire de plus.

Elle a tout fait pourtant la scandinave, pour lui rendre cette nouvelle vie moins effrayante. Usant de patience et de pragmatisme face à l'acte qu'elle venait de commettre, elle s'est toujours accusée elle plutôt que de remettre ses troubles sur lui. « Et barn spør ikke å bli født. Det er opp til oss, foreldrer, å passe på ham. » D'un passé trop lointain pour être compté, la voix de Magni Varangr surgit des ténèbres dans un frisson glacé. Souvent elle a songé à Baldr et à ses enseignements chargé d'une bienveillance qu'il avait pour ses enfants, sans parvenir à associer la mémoire de son père biologique. Pourtant cette nuit c'est bien sa voix qu'elle entend, et les souvenirs de sa persévérance, reliant celle dont elle avait fait preuve envers le jeune vampire Lancaster, et celle dont le vieux viking avait toujours usé la concernant. Dans la pièce, Nathan s'est arrêté et il la fixe avec toute l'intensité dont il est capable, éveillant une douleur plus vive encore dans l'âme d'Idunn. L'amour qu'elle lui porte vibre dans un craquement sombre. Il s'éloigne, et elle ne fera rien pour l'en empêcher. Parce que cet amour, justement, va bien au-delà de ça. Dans un soupir, elle se force à sourire et chasser les ombres de son visage de marbre pour y déposer l'éclat de celle qui soutient son choix. « We will meet again my love. And I will keep all our memories and love locked inside of me until then. » Le murmure roule contre la peau du cou où elle a lové sa tête dans une dernière étreinte. Elle n'aime pas les au-revoir qui s'éternisent quand les décisions sont prises. Tout est dit, il ne reste que le dernier rayon du soleil qui tarde à mourir pour retarder encore son départ. Quelques instants, infimes, où leurs yeux parlent plus que les mots. Elle retient à peine la tristesse qui secoue un océan de tempête dans ses iris bleus. Et quand l'ombre s'étire enfin derrière les volets, Idunn ne se détourne pas. Elle affronte la tête haute le départ de celui qu'elle aime et que, malgré tout, elle a maudit pour une vie d'éternité. Elle a tout perdu ce soir, le bonheur de ces dernières décennies, la fille de Nathan qu'elle avait appris à aimer à son tour, la perspective d'un futur radieux de quelques années, et l'envie de rester à arpenter les rues de Londres. Dans la profondeur de ses entrailles, la nature l'appelle, impétueuse, sauvage.

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1872 - Nouvelle-Orléans - Etats-Unis
A la lueur des éclairages publics, elle se faufile entre les docks de cette ville qui a bien changé depuis son arrivée sur le nouveau continent. Il y a deux cent ans de cela. Ils sont loin les bateaux chargés d’immigrés de l'ancienne Europe venus chargés d’espoirs de liberté et d'utopies de richesses promises. Loin les coques remplies de tous ceux qui fuyaient, comme elle l'avait fait, des passés troubles ou des douleurs qu'on souhaitait laisser derrière. Depuis, de nombreuses guerres ont redessiné des contours et formé des pays, des états, des factions, forgeant toute une culture de lutte et de conquêtes. Une culture partagée entre esclavagismes, massacres et amour des grands espaces. Une culture à l'odeur âcre de la poudre à canon. Si Idunn s’est parfaitement sentie à l’aise dans cet univers sanglant, retrouvant ce dans quoi elle a toujours excellé, elle commence à avoir le mal du pays. Le vieux continent lui manque, les landes escarpées et gelées de Norvège, les forêts de pins aux chants de ses ancêtres. Et le souvenir de Nathan la hante souvent. Il est en vie, quelque part, elle le sent au plus profond d'elle. L’ardent désir de revoir ces anciennes connaissances lui fait regarder trop souvent regarder à l’est. L’océan l’appelle à nouveau, de cette voix impétueuse contre laquelle elle ne parvient pas à lutter, elle qui rêvait, dans une enfance presque oubliée, de parcourir le monde. Elle, la marin aventurière guidée par la voûte céleste, ressent le besoin de partir.

Mais cette fois elle n’est pas seule. A ses côtés un jeune vampire au regard ténébreux lui emboîte le pas. Un affranchi à la peau sombre récemment transporté derrière les voiles du monde. Un jeune vampire privé de son créateur par une horde de chasseurs. Une jeune âme qu’elle a pris sous son aile, immédiatement, pour lui éviter le pire. Elle sait ce qui arrive aux inexpérimentés assoiffés de sang dans ce monde cruel de la nuit. Il est hors de question de le laisser seul subir les conséquences d'une année de tensions qui ont mené à des bains de sang de tous les côtés de façon plus ou moins arbitraires. Les tensions n'ont jamais été aussi fortes, même au sein des créatures de la nuit. A l'aube d'un accord historique entre Nephilim et Créatures obscures elle avait l'espoir de voir certaines choses changer. Elle croyait en ce nouveau départ et à l'entente entre les races pour construire les bases d'un avenir moins sanglant. Mais Idunn et Marcus n'ont plus le temps d'attendre un jour de plus. Les chasseurs qui ont remonté la piste de Leton ne devraient pas mettre longtemps à les retrouver eux aussi. Son pas est rapide quand elle remonte le quais, la main encore sanglante serrée dans celle du jeune vampire. Elle était présente ce soir, lorsqu’ils attaquèrent car Leton était un ami. De ceux duquel elle aurait pu rejoindre le clan, un jour. Mais le cours fluctuant de la vie en a décidé autrement. Comment avaient-ils découvert leur repaire ? Difficile à dire. Il lui faudrait mener une enquête, questionner habilement, chercher des preuves, remonter les miettes jusqu'au commanditaire. Mais pour ça il faudrait rester sur place. Ce qui en l'état est hors de question. La détresse, la peur et la douleur de Marcus en fait un nouveau-né trop instable pour le laisser si proche de l'épicentre de tous ses problèmes. Elle préfère faire le choix de l'extraction et d'un recommencement complet.
Son pari est risqué, car ils vont devoir passer les prochains mois enfermés dans la coque d'un navire. Idunn a envisagé toutes les situations possibles, mais elle ne pouvait prendre le risque de payer un sorcier pour ouvrir un portail, pas si rapidement. La seule option à sa disposition avait été celle de la mer, une solution que leurs chasseurs n'envisageront pas immédiatement, ce qui leur donnera une infime longueur d'avance.
Une main sur l'épaule de Marcus, elle regarde les lumières du port s'éloigner. Sa poigne est loin d'être douce, elle tient fermement les muscles qui vibrent sous sa paume, le vampire brûle d'une émotion dangereuse et elle tente de le contenir encore un peu. La prochaine escale est dans quelques jours et d'ici-là elle devra faire en sorte qu'il ne décime pas tous les passagers. Et surtout pas les membres d'équipage. « Come my child, we have to feed you. » Le jeune homme tout juste sorti de l'adolescence la regarde, il est perdu et désorienté. Il a accepté de la suivre par réflexe que par réel envie et il ne sait pas quoi penser de cette femme autoritaire et douce à la fois. Il a désespérément besoin de confier son existence à quelqu'un, et en un regard, une caresse, un murmure, il accepte le rôle qu'elle se propose de prendre. Quand bien même Marcus n'a pas encore pleinement conscience de tout cela et des enjeux derrière cette simple phrase, il choisit de se placer sous la protection d'Idunn Varangr. Et quand, plus tard, on lui demandera qui est sa créatrice, il la désignera elle. Toujours. Et du plus profond de son être il souhaitera que ce soit vrai. Nourrissant une haine froide envers le seul qui peut légitimement revendiquer une telle ascendance, et qui a osé l'abandonner dans un moment de faiblesse.

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Décembre 1916 - Somme - France
Idunn essuie ses lèvres trempées de sang alors que le soldat lâche son dernier souffle dans un râle sec. A peine a-t-elle pris le temps de se rassasier, qu’elle retourne auprès des autres corps encore vibrant d’une vie qui vacille. Les blessés sont nombreux, mais pas autant que les morts, et ses connaissances chirurgicales sont mises à rude épreuve dans la boue et l’insalubrité qui règne autour d’eux. De tranchés en tranchés les râles de souffrance emplissent la nuit sombre. Aucune lune, aucune étoile. Rien d’autre que ces nuages épais, mélanges de soufre, de fumée âcre des feux sans chaleur, de pluie boueuse, de poudre et de désespoir. Idunn ne se laisse pas émouvoir pour autant par ce spectacle de désolation. La guerre, elle l'a connaît sous toutes ses coutures. Les rapides, les assauts qui fracassent les boucliers et laissent un champ rouge en quelques heures. Les longues, qui s'étalent sur des années, des siècles, et épuisent les corps, les âmes, et rongent l'humanité de ceux qui se battent sans plus savoir pour quoi, ni pour qui. Vêtue de la livrée française d'un bleu roi passé, la vampire, méthodique, se contente d’arracher les membres gangrenés, suturer les trous béants, stopper les hémorragies, faire repartir des cœurs fatigués, et en dernier recours, pratiquer une saignée salvatrice à l'abri des regards. Mais dans ces trous de l'enfer il n'y a personne pour fureter un œil indiscret à ceux qui se penchent contre les oreilles des mourants pour leurs murmurer les dernières paroles réconfortantes et les promesses d'un paradis lumineux. Aux souffrances inutiles, Idunn préfère leur administrer le meilleur anesthésiant dont elle dispose, le venin de ses propres canines, et le souffle salvateur d'une paix relative. Un dernier cadeau offert à ces fiers humains, ces combattants d'un front qui s'étirent à l'infini, mâchant leurs corps et les âmes sans la moindre empathie. Un soupire échappe des lèvres de la vampire alors qu’elle replace une mèche blonde derrière son oreille à l'aide de son poignet encore rouge du sang de celui qu’elle opère, à ciel ouvert. Si la journée elle se terre au cœur des tranchées, dans les coins les plus sombres, les plus humides, les plus profonds, la nuit elle s'élance à l'air libre avec les autres valeureux de son clan. A l'ombre des barbelés, ils ramènent des corps déchirés par la violence d'une artillerie qui bat la terre comme un tambour. Le plafond tremble au-dessus de sa tête. « Faen » L'insulte filtre entre ses dents serrées tandis qu'elle s'empresse d'attraper une tasse d'eau pour nettoyer la plaie recouverte de poussière. Elle n'accorde aucun regard au visage qui geint de plus belle, entièrement concentrée sur le torse et la chair meurtrie. Ses doigts achèvent enfin les dernières boucles de couture quand une nouvelle salve de bombardement coupe momentanément la faible lueur électrique de l'unique lampe de la cavité souterraine. Les jurons reprennent de plus belle autour d'elle mais Idunn continue de placer les pansements, loin d'être gênée par la nuit qui s'est abattue sur eux. Quand la lumière revient enfin, elle a déjà changé de corps. Malheureusement celui-ci n'a pas été capable d'attendre qu'un des soignants présents puisse se libérer. Elle devrait s'en émouvoir, mais la seule chose à laquelle elle songe, c'est que la personne qui a fait le tri des blessés à l'entrée, à mal estimé celui-ci et qu'il prend la place d'un autre pour rien. Son agacement gagne du terrain et sa voix est plus froide que jamais quand elle interpelle une silhouette à quelques pas d'elle : « Marcus, dégage-le, j'ai besoin de place. » Il hoche la tête, siffle ses propres ordres, et la danse des corps reprend de plus belle jusqu'à qu'un cri d'alarme résonne. Malgré la longueur des galeries, Idunn capte les mots hurlés en français. Son corps se raidit en même temps que celui des autres personnes présentent. Un officier s'écrase contre la poutre qui maintient la tranchée debout, haletant, il prononce difficilement ses informations : « L'arrière-poste est attaqué, ils sont passés par la rivière et coupé les ponts. Ils nous prennent à revers. – Quelle heure est-il ? – Seize heures. La douzième division devrait arriver dans deux heures. » Elle hoche la tête, grave, avant de replonger les mains dans le bac d'eau sale. Deux heures pour tenir avant l'arrivée des renforts. Est-ce qu'Eloïse, restée dans le régiment de l'arrière-poste en question, tiendra, elle aussi, ces deux heures-là ? Rien n'est moins sûr. Même si Idunn a une totale confiance dans l'équipe de femmes qui défend la position dans la forêt, elle sait aussi qu'elles doivent compter leurs munitions, et les derniers rayons du soleil rendent toute percée extérieure impossible pour les trois vampires restées sur place. Son front se plisse sous l'inquiétude et la colère qui tambourine dans ses veines. « Dans une heure le soleil sera couché, avec la décharge d'artillerie, la couche nuageuse est déjà bien sombre dehors. » Comme s'il devinait les pensées de sa cheffe, Marcus glisse un murmure doux contre son oreille. Tous savent la relation intime que les deux femmes entretiennent, ce n'est un secret pour personne, et il ne peut que comprendre l'angoisse qu'il voit valser dans les iris de sa protectrice. « Préviens les autres. Sortie de la source, dans quarante minutes. » L'échange a été rapide, inaudible pour les autres. Mais encore une fois, les autres ne prêtent pas attention aux échanges entre deux soldats. Les autres grognent de douleur ou serrent les mâchoires sous la pression nerveuse qui tire de tous les côtés.

Février 2007 - Archipel Rødøy - Norvège
La tête posée en arrière contre la poitrine d'Eloïse, la vampire observe, soucieuse, l'aurore boréale qui étend ses couleurs froides au-dessus de leurs têtes. Dans les premières décennies de sa vie immortelle, la douce sensation des rayons du soleil sur sa peau lui a manqué. Mais aujourd'hui elle en a même oublié les plaisirs, profitant aux éclats brillants d'une aurore matinale, ceux dansant des aurores polaires. A ses côtés, un feu brûle joyeusement autour duquel plusieurs personnes rient, profitant d'une soirée alcoolisée sous la protection d'un clan d'Enfants de la Nuit peu commun. Le monde a changé et Idunn, lassée des guerres des humains, est retournée depuis plus d'un demi-siècle reconquérir l'archipel de ses ancêtres. Sur les ruines d'un passé oublié par les humains habitants cette terre de rocaille, elle a bâti un nouvel havre de paix. Une large maison dédiée à la protection des âmes qui ne trouvent dans les conflits que les affres de la souffrance. L'émergence du Cercle et le massacre aux Accords de l'année 1991 ont réveillé en elle un farouche sens de l'honneur et l'envie de se battre pour ce peuple qui est le sien désormais. Cinq cent siècles à parcourir cette terre en tant que créature de l'ombre, et, enfin, un premier pas vers la paix intérieure. Un sens à cette dualité qui, si elle était acceptée depuis longtemps, ne cessait de voler libre, sans objectif auquel se rattacher. Désormais elle sait où elle souhaite placer ses espoirs et ses forces. Lorsqu'elle avait rejoint l'Armée Obscure pour traquer et vaincre Morgenstern, Idunn avait embrassé ce vieil idéal qui avait été le sien de son vivant. Offrir un endroit de vie pour ceux qui souhaitent se soustraire aux conflits d'intérêts et trouver une harmonie dans les échanges et les découvertes des uns et des autres. Utopie et idéalisation qui lui valent de nombreuses critiques. Mais Idunn et son clan n'ont que faire de ces moqueries. Quand bien même ils seraient seuls à vivre cet espoir, il vivra ici. Au creux d'un royaume caché derrière des rives escarpées.

Au cours des dernières années et de la menace fluctuante laissée par l'ombre du Cercle, elle avait eu la surprise de voir que son idéal séduisait d'autres créatures. Si bien qu'il n'est pas devenu si rare que cela, de voir comme ce soir, un loup solitaire ricaner grassement à une boutade délicate d'un vampire narquois sous le regard placide d'une fée. Des solitaires, comme Idunn l'avait été pendant trop longtemps, venus se cacher de leurs passés pour certains. Ou simplement venus profiter de cette paix relative qui émane de cette crique bordée de pins. Mais la vampire n'est pas entièrement sereine cette nuit. Elle a entendu parler des nouvelles vagues qui assombrissent l'océan du monde. Bien que son clan ait trouvé refuge de l'archipel reculé, elle n'est pas sourde ni aveugle au monde. Au contraire, jamais elle n'a été plus impliquée dans la vie politique du monde obscure. En accueillant les âmes errantes, elle est en première loge pour entendre et récolter des informations diverses et variées. Or, les rumeurs qui s'élèvent des profondeurs ne sont pas bonnes. On raconte que Morgenstern cherche à se venger de ceux qui ont contribué à sa chute après l'échec de sa révolte aux derniers Accords. En tant que combattante, elle est placée en première ligne des cibles potentielles de sa vengeance. Elle et tout son clan. Ses doigts se serrent contre ceux d'Eloïse avant qu'elle ne se redresse. Ses lèvres effleurent celle de sa compagne avant qu'elle ne s'éloigne de quelques pas. Au loin, un hululement de chouette déchire le froid polaire. Dans un frisson, la vampire dégaine sa lame, mais elle n'a pas le temps de s'interposer, pas le temps de hurler. La flèche a transpercé le cœur de la française l'emportant dans la mort sans un bruit.

La rage qui puise sa source dans la douleur est dévastatrice. Pourtant elle ne suffit pas, cette fois, à empêcher le massacre. Idunn n'est que souffrance, désespoir, et force brute quand elle trouve le sol moelleux d'un tapis d'orient luxuriant. Des gouttes sombres roulent le long de ses bras fichés dans la laine d'un vert émeraude envoûtant. Des larmes déchirent des rigoles sur ses joues terreuses, plus rien n'a de sens. Tout n'est que ruine et nuit noire. La culpabilité ronge ses dernières barrières mentales et elle hurle d'un cri terrible en se relevant, le regard fou. « Send me back. Now. – No – It was not a fucking question. Send me back. – They are all dead by now. It's useless. You saved me, years ago. I came to fulfill my debt. Now please, put me back down so I could take care of your last friend. » Ses doigts relâchent le sorcier qu'elle tenait en l'air à quelques centimètres du sol, les mains accrochées à son col de chemise. La vampire le repousse presque en arrière quand elle aperçoit Marcus allongé sur le tapis vert qui se teinte peu à peu d'une large tâche sombre. Il bouge, légèrement, juste ce qu'il faut pour lui assurer que son sang maudit circule encore. C'est plus que nécessaire pour qu'elle se jette à ses côtés, oblitérant le reste, pour l'instant. Si elle doit n'en sauver qu'un, ce sera toujours un. Pour tous les autres. Pour Eloïse. Pour son clan. Un avec qui graver dans sa chair les plans de sa propre vengeance.

traduction:

Début 2010 - Londres - Angleterre
Debout face à Marcus, elle réajuste les ondulations de sa chevelure blonde. Depuis leur appartement londonien, Idunn est prête à renouer avec un passé qu'elle a trop longtemps laissé de côté. Le vampire aux traits juvéniles croise les bras, une mine boudeuse sur les lèvres, il sait où sa protectrice se rend et il n'aime pas du tout cette idée. Lui qui a tout fait pour lui cacher où Nathan se trouvait dès qu'il entendait parler de ce dernier, il n'apprécie pas que suite à leur rencontre fortuite des jours précédents, elle ait souhaitée le revoir. La haine froide du vampire envers le premier-né de la scandinave ne s'est jamais réduite. Il jalouse bien trop ce lien unique qui les unit pour être capable de passer outre. « Don't make this silly face Marcus. I will not abandon you for him. – He doesn't deserve you. Did he tried, just once, to hear from you for the past centeries ? Never. For he simply doesn't care. You should stay away from him. He could have bad feelings for you. You don't even now if he will not try to kill you this time. – Come on Marcus. Stop being so stupid. » La voix de la vampire s'est durcit sous l'agacement que cette conversation lui procure. Elle sait que son protégé de toujours, celui qu'elle appelle enfant face aux autres, est jaloux de cette relation qui ne sera jamais réelle entre eux. Sa main caresse néanmoins la joue sombre de l'homme qui cherche à se dérober de la colère qu'il sent poindre. Elle voudrait pouvoir le rassurer, mais ils savent tous les deux la vérité, elle veut retrouver Nathan. Elle veut rouvrir cette partie d'elle-même trop longtemps restée enfermée dans le secret de son cœur. Elle en a même besoin dans ces années troubles. La perte d'Eloïse et des autres membres du clan est encore une plaie à vif et il est fort probable qu'elle cherche dans l'affection de l'anglais un refuge où achever de se reconstruire. D'un coup d'épaule Marcus se dégage de sa caresse, il souffre lui aussi, sa perte aussi immense que celle de sa protectrice, et il a tremblé de la perdre elle-aussi au profit de adversaire contre lequel il ne peut pas lutter. Ses mâchoires se serrent tandis qu'il lui tourne le dos, de ce revers qui frise l'exagération dramatique. – Promis, Marcus, je serai rentrée avant l'aube. Je n'oublie pas notre enquête en cours sur les derniers assassinats. Fais attention à toi, le Petit Peuple agit étrangement ces derniers temps. » Marcus ne répond rien mais elle sent ses muscles se tendre, la rencontre qu'il a ce soir avec l'un d'entre eux le met mal à l'aise. Depuis que son amant a mis fin à leur relation de façon assez brutale, il lui est difficile de le revoir dans le cadre professionnel. D'un geste tendre, Idunn enroule son bras autour du vampire, une accolade pleine de toute l'affection qu'ils se portent et qu'ils n'ont plus besoin de se dire.

Quand la porte de leur bel appartement londonien claque derrière elle, Idunn ne pense plus à rien d'autre qu'à retrouver Nathan. Elle aurait voulu être capable de faire preuve de retenue, revenir vers lui avec parcimonie, petit à petit. Cultiver comme un semblant de fierté rancunière, des retrouvailles lentes et délétères. Mais à peine se retrouve-t-elle face à lui, que le feu de ses sentiments s'embrase à nouveau avec la même fureur qu'avant. Au diable la retenue et la fierté, quand tout son être aspire à retrouver le sien. Le jeu de cartes est changé, délaissant les rancœurs aux autres, elle choisit l'attaque de front. Après tous ces siècles, le temps semble lui manquer. Le temps qui file inlassablement entre ses doigts, il serait stupide d'en gâcher le moindre jour.

traduction:

Début 2017 - Londres - Angleterre
Un visage croisé dans une foule un soir de décembre, et des mois de recherches pour arriver à une conclusion qui l'avait laissée songeuse. Elle avait vérifié elle-même toutes les informations avec une minutie extrême afin de ne laisser aucun doute possible sur la véracité de ce qu'elle s'apprête à annoncer à Nathan. Longtemps elle a pesé le pour et le contre, ravivant des histoires et des douleurs d'un passé qu'elle aurait préféré laisser derrière elle. Idunn n'a pas oublié la rage qui avait poussé l'anglais à la quitter des siècles auparavant. Sachant cela, elle se demande forcément si lui dévoiler que sa petite-fille n'était pas morte à la naissance comme on avait voulu lui faire croire, est une bonne chose. Ou si cela ne risque pas de réveiller sa rage contre elle-même. Ses doigts portent le verre rouge à ses lèvres tandis qu'elle croise son regard qui attend, entre surprise et inquiétude, qu'elle reprenne la parole. Profitant de sa gorgée, elle noie ses dernières hésitations dans le sang dont elle se rassasie avant le grand saut. Après tout, les vampires se font de plus en plus rares. La mort frappe de tous les côtés, les créatures obscures meurent par dizaine sous les coups des Fées dans une traîtrise qui acidifie le cœur d'Idunn. N'est-ce pas le meilleur moment pour sauver le peu de famille qu'il leur reste avant l'extinction finale ? S’octroyer les dernières miettes d'un bonheur avant la fin inévitable. Car elle ne doute plus que celle-ci finisse par arriver au vu des derniers événements. L'alliance entre les Créatures Obscures arrive trop tard. Elle aurait voulu qu'elle arrive bien plus tôt, dès 2014 et la décimation de leurs races. L'amertume la rend plus cinglante qu'avant, et si elle prend les armes à la moindre occasion pour défendre ce qu'il reste de leur monde, ses espoirs d'une issue s'amoindrissent de jour en jour. « I have found a living Lancaster. A human one. » La coupe vide tinte contre la surface de la table où la vampire la dépose, son regard rivé dans celui de l'homme qui lui fait face. Elle observe la moindre de ses réactions, savourant, elle doit bien l'avouer, l'effet de l'annonce sur lui. « She is sixteen, she lives here in London. Orphan, her parents died couple years ago. Her name is Gabrielle, and she is Catherine's spitting image. » La scandinave revoit encore le sourire malicieux qu'elle avait vu sur le visage de la jeune humaine, retrouvant dans ses traits un fantôme vieux de plusieurs siècles. C'est étonnant comme la génétique peut produire de telles coïncidences. Un doux sourire effleure les lèvres de la femme avant qu'un mouvement derrière elle lui face jeter un regard en coin vers l'autre vampire qui cohabite avec eux. Franz. Elle retient le soupir agacé qui voudrait traverser ses lèvres. Si elle tolère sa présence ce n'est que parce que Nathan est attaché à l'allemand avec la même force désespérée qu'elle l'est au Lancaster. « Is your English so poor that you don't understand the word privacy I asked for, Franz ? » Sa voix douce n'est qu'un miel de façade et l'éclair glacé qu'elle jette au principal intéressé par est suffisant pour signifier la rage qui s'est embrasé en elle. D'un geste lent, libérant un soupire las, la vampire se redresse dans son fauteuil, plongeant un regard brillant dans les iris de Nathan : « I thought you might wish to see her. If my informations are correct, and they are, she is at the movies tonight, Phoenix Theater most probably. I can come with you if you want me to. » Avec toutes les informations en main, la décision lui revient. A lui, et à lui seul.

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1er novembre 2017 - Alicante
Ses jambes tremblent sous le poids de l'horreur qui se dessine devant elle. A l'Est, le ciel s'éclaircit mais Idunn ne peut bouger. Sous ses pieds, les corps ensanglantés de ceux qui ont péri en trop grand nombre, forment un tapis de lamentations. Pour la première fois depuis un temps immémorial, l'effroi de la guerre lui coupe le souffle. Son corps est tétanisé par l'ampleur des dégâts perpétré par l'assaut des fées contre Alicante. Le dernier refuge de tous ces peuples massés derrière les frontières magiques de l'Enclave dans l'espoir d'une survie. Ses yeux sont secs et rouges de la fatigue d'avoir bataillé jusqu'au bout de la nuit. Une large entaille traverse son dos, une autre ronge la chair de son épaule jusqu'au coude. Une de ses pommettes goutte contre sa mâchoire noire de terre et de sang séché. Elle est blessée, meurtrie au plus profond de sa chair, mais encore une fois. Elle vit. Debout au milieu des cadavres. Debout au milieu des décombres, son épée ébréchée d'avoir tant fendu des vies. Le visage tourné vers le sol, elle ne parvient à se défaire des visages brisés qui lui rendent un regard vide. Elle a conscience que le jour se lève, et qu'elle doit trouver un refuge rapidement. Qu'elle n'aura pas le temps de chercher le corps de Marcus dans la montagne de ceux qui sont tombés sur le pavé d'Alicante. Mais son cerveau ne parvient pas à donner l'ordre aux muscles. A la place, elle lève un regard vers le ciel, vers cet est brillant dont les teintes rosées annoncent un premier matin frais de novembre. Le soleil n'a que faire des drames qu'il viendra illuminer de ses rayons d'or. Et la brise qui souffle doucement est comme un murmure, une promesse de sa douce caresse sur sa peau. Un infime instant de chute, vertigineuse. Un abandon des forces, épuisées de devoir supporter tant de drames. Ses iris d'un bleu de glace se perdent dans la contemplation passive de cette aube qui se lève, chaque seconde éclaircit un horizon embrumé des vapeurs de la bataille. Elle n'entend pas les cris des blessés, ni les appels de ceux qui voudraient, peut-être, l'éveiller de sa torpeur. Ils ne sont pas nombreux à se tenir debout au milieu de la mer rouge, elle devrait les rejoindre, mettre ses dernières forces au service de ceux qui souffrent. Mais elle n'entend plus rien que le murmure du vent. Un murmure de paix et de liberté qui lui semble doux. Un appel venu d'un horizon d'océan lointain. Au bord du précipice, elle tend une main blanche marbrée de sang, comme pour saisir le premier rayon qui tente de percer la couverture des brumes qui la protège encore. Est-ce que c'est si douloureux que cela ? La morsure du soleil ?
L'âme hésite, un cri parmi les autres frappe ses oreilles et la ramène à la réalité. Une aspiration entre deux eaux qui la ramène brutalement sur l'autre rive. Celles des ombres et des morts. Son visage se ferme en même temps que ses doigts dans un poing rageur. Le moment est passé, elle ne l'a pas saisi. Pas encore. « Jeg gir ikke opp, Jeg lover deg Marcus. » Un murmure lancé en défi à cet horizon trop clair qui lui fait face. Elle reviendra, à la prochaine nuit, chercher le corps de cet enfant qu'elle n'a pas su protéger jusqu'au bout. En attendant, d'autres missions l'attendent. A peine entrée dans les souterrains, Idunn demande à se rendre utile. Si sa bataille en surface est finie, celle pour la survie des blessés ne fait que commencer et elle se doit de leur donner toutes les chances possibles. Retrouver Nathan attendra. Elle sait que lui, au moins, vit toujours. Et c'est avec cette infime lumière au fond de l'âme qu'elle trouve la force de continuer.

traduction:

2022 - Alicante
Six cent années plus tard, et toujours les mêmes rengaines qui reviennent. Rien n'a changé depuis la lointaine époque où prise en étau entre la Suède et le Danemark, la Norvège subissait pertes et famines pour des querelles sans valeur. Idunn rage en silence derrière le mur glacé de son regard face aux regains des tensions qui agitent le monde obscure. Elle qui n'a pas encore entière fait son deuil de ses nombreux amis morts sur le sol d'Alicante, elle qui porte encore la perte de Marcus comme un sédiment noir qui lui ronge les entrailles, elle ne peut supporter de voir les vieilles querelles reprendre le dessus sur la force des souvenirs. Installée derrière la porte de son nouveau bureau, elle fait tourner le stylo avec lequel elle notait ses dernières observations. Son entreprise de détective privée est devenue trop active ces derniers temps. Nombreux sont ceux qui soupçonnent leurs voisins de fomenter quelques coups bas contre eux sous prétexte qu'ils sont amis avec telle ou telle personne. Si elle se garde bien de faire le moindre commentaire sur les intentions derrière les contrats qu'on lui propose, elle se sert de ceux-ci pour tâter le terrain et les esprits entre les deux factions qui commencent à voir le jour. La vampire six fois centenaire se garde bien de prendre parti, pour le moment. Plus par manque d'espoir que par manque de certitudes. Si elle devait choisir une pensée directive, elle choisirait l'entente cordiale et le vivre ensemble. Comme elle l'a toujours fait. Comme ses anciennes tentatives. Bien que toutes soldées dans des bains de sang, elle a encore la force de porter ces utopies en son cœur. C'est ce qu'auraient voulu Magni Varangr, Eloïse Dulac et Marcus Lisbourne. Elle seule porte la mémoire de leurs noms, de leurs vies, de leurs rêves. Ne se doit-elle pas de leur rendre hommage ? Mais Idunn est devenue plus cynique que jamais. L'acide de leurs pertes alourdit ses espoirs et pervertit ses motivations. Alors pour l'instant elle reste en retrait, se contentant d'observer, prendre des notes, retenir des noms et épier des réseaux. Elle prend même avec plaisir les contrats les plus douteux pour mieux plonger au plus près des risques. Flirter avec le danger, avec les pensées plus dangereuses de ceux qui nourrissent leurs haines et leurs rancœurs au creux des arrières-salles. Même ici, à Alicante, les tours de passe-passe sont de mise et les arrières-salles cachées fleurissent de plus en plus. Elle traîne ses propres poings dans quelques salles de combat plus ou moins reluisantes selon ses envies et ses besoins nerveux de décharger sa propre rage brûlante dans des défis physiques qui l'épuisent, mais lui redonnent le souffle de vie qu'elle a laissé sous les charniers de Saimhain.

Elle ne l'a jamais dit à Nathan, mais souvent, elle repense à cet horizon lumineux. Au doux murmure de l'aube. Et elle frissonne de ne ressentir aucune peur à cette idée.

Son stylo s'arrête sur la feuille. Elle note quelques mots avant de refermer le dossier d'un coup sec. L'heure n'est pas aux pensées lugubres, elle a promis à Gabrielle de l'emmener faire une séance d'entraînement et la journée tire à sa fin. Derrière les murs sans fenêtre de son bureau, Idunn s'est laissée emportée dans ses recherches sans penser à surveiller l'heure. Si elle ne se dépêche pas, elle risque d'être en retard et elle entend déjà la voix de Franz la railler quant à son manque de ponctualité. Peut-être même qu'il oserait encore rapporter cela à une sieste improtue sur son bureau en raison de son grand âge. Un sourire amusé perce sur ses lèvres alors qu'elle imagine sans aucun mal la scène dans sa tête. Si la cohabitation avec l'allemand est devenue une évidence qu'Idunn n'a même pas songé à remettre en question au sortir de la guerre, elle doit avouer que la présence de Franz la divertit bien plus qu'elle ne l'avait imaginé. Jouer avec la susceptibilité de l'amant de Nathan est un plaisir qu'elle s'autorise trop souvent, tant il est facile à énerver. Un dernier regard à sa montre lui indique qu'il est plus que temps pour elle de rejoindre leur maison, son foyer. Sa famille. La seule chose qui compte. Le seul rempart entre elle, et cet horizon lumineux.

SHADOWHUNTERS :  FALLEN BROTHERS | 2023
Idunn Varangr
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Idunn Varangr
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Mundane
Vos listings
SOS Admins en détresse

Comme votre personnage représente une personne, mais également beaucoup d'informations pour le staff, nous avons remarqué que des fois nous inscrivions pas ce qui vous convenait dans les listings ! Afin de le faire au mieux, nous vous demandons de remplir les points nécessaires à votre personnage avant votre validation  

Pour recenser son avatar
Code:
<font style="color: #723a42;">Katheryn Winnick</font> ☩ @"Idunn Varangr"

Pour recenser son prénom et son nom, son anniversaire et sa race
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➺ Idunn
➺ Varangr
☩ Idunn Varangr → 08 août
☩ Idunn Varangr → Vampire

Pour recenser son métier
Allez jeter un coup d'oeil au bottin des métiers. Et pour ajouter un lieu de travail dans le bottin avant ou après votre validation, contactez le staff.
Code:
Nom du Lieu de travail ☩ Agence Byråfreya - Quartier vampirique
Poste occupé ☩ Détective privée</blockquote>

Pour ajouter votre personnage à une communauté
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Votre pseudo ☩ Idunn Varangr
Appartient à ☩ (x) Clan de Vampires  () Meute de Loups () Coven de Sorciers
Clan/Meute/Coven concerné ☩ Clan Exsanguis
Rôle au sein de la communauté ☩ Membre.

Pour recenser sa Marque de Sorcier et son Parent Démoniaque
Chaque sorcier possède sa marque depuis la naissance. Il est donc important aussi de les recenser pour peut-être donner quelques idées de ce qui est possible d'avoir en tant que marque. Chaque sorcier est également né d'un démon, afin de ne pas nous perdre ou de vous retrouver avec un frère ou une soeur inconnu.e vous pouvez vous déclarer à l'état civil ! Évitez les doublons, mais nous ne les interdisons pas. Si vous visez un démon déjà pris, contactez le joueur en amont !
Code:
<fc>Nom du démon du 5ème Cercle</fc><blockquote>☩ Marques : Ecrire ici
☩ Enfants : Places libres
☩ Agrandir la famille :Oui / Non</blockquote>

SHADOWHUNTERS :  FALLEN BROTHERS | 2023
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Coucou toi ! Trop hâte de reprendre le rp avec toi ! Bienvenue par ici en tous cas, on va bien s'amuser avec la famille promis ballon


We are a family

You are the most precious thing I have, and the thing I am most afraid of losing. Because we are a family.

KoalaVolant
Olympe de Briant
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Olympe de Briant
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Pseudo : Dezaia
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Bienvenue par ici petit papillon feu

Je suis contente de te revoir à la maison cute et même si tu connais le chemin, voici un petit rappel fire Tu as 15 jours pour rédiger ta fiche et la soumettre à la validation. omfg Au besoin, nous pourrons t'accorder deux délais d'une semaine chacun pour finir les détails ! fall

Mais bon courage pour cette fiche qui s'annonce très longue famille


don't let the hard days win
Olympe was different, though. Sweet and gentle, yet there was a little of her father in her, too. Cold and sarcastic, we don't really know when Lucifer stopped perverting his daughter.
Raziel
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Bienvenue !
La rédaction de ta fiche

Bonjour et bienvenue à toi sur l’aventure Fallen Brothers !

Alors que tu débutes ta présentation, voici quelques informations que tu dois savoir !  flowers

À partir d’aujourd’hui, tu as 15 jours pour rédiger et terminer ta présentation. Si ce n’est pas assez, nous pouvons te donner un délai de 2 semaines supplémentaires. N’oublie de signaliser ta fiche terminée dans ce sujet.

Le profil, situé sous votre avatar, est important afin de connaître les informations de base sur ton personnage. Aucune validation ne sera accordée si ce profil n’est pas rempli ! Alors, prends bien le temps de le remplir avant de nous demander ta validation.

Enfin, nous te souhaitons bon courage pour la rédaction de ta fichette !  loove
Le staff de SH Fallen Brothers

SHADOWHUNTERS :  FALLEN BROTHERS | 2023
Raziel
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Où en es-tu ?
Fin du délai réservé à l'écriture de la fiche de présentation

Bonjour à toi @Idunn Varangr
Nous n'avons plus de tes nouvelles depuis un moment, comment se passe la rédaction de ta fiche ? Comme tu le sais sûrement, le règlement propose un délai, par défaut, de deux semaines maximum pour terminer ta fiche.

Tu peux bien évidemment demander un délai supplémentaire, donc, nous pouvons t'accorder deux semaines au maximum, ce qui t'aura laissé un mois pour ta rédaction. N'hésites pas à nous le signaler, de pouvoir mettre ce délais en place !

Toutefois, si dans une semaine à compté d'aujourd'hui nous n'avons aucune nouvelle de ta part, nous serons dans l'obligation de supprimer ton compte et d'archiver ta fiche. Tu pourras toutefois revenir dès que tu en auras l'envie et le temps

En espérant te revoir très vite parmi nous !

SHADOWHUNTERS : FALLEN BROTHERS | 2023
Idunn Varangr
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Idunn Varangr
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J'ai réalisé que je vous ai même pas remercié pour vos messages pleurs
@Nathan Lancaster Merci j'ai si hâte de rp avec toi à nouveau et de faire tout plein de sujets trop cool please

@Olympe de Briant Merci ! coeur Vraiment je vois pas de quoi tu parles par rapport à la longueur de ma fiche pleurs pleurs pleurs



Although I felt like giving up It's not the road I chose. The path less often traveled held the highest of hopes
Raziel
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Validation
Félicitations ! Ta fiche est validée. Tu rejoins officiellement l'aventure de Fallen Brothers

Bienvenue dans l'aventure
Te voilà officiellement membre de SHFB !
Désormais, tu vas pouvoir aller te battre pour tes convictions dans le Monde Obscur ou simplement vivre ta vie ! Tu trouveras notre petit commentaire de validation, puis pour ne pas te perdre sur le forum : quelques liens et indications pour bien débuter ton aventure ! flowers

Notre avis sur ta fiche

Je suis tellement, mais tellement contente de pouvoir revoir Iduun sous ta plume et de rp avec toi ! Elle m'avait manqué ! J'ai bien hâte de voir son évolution en tout cas et te souhaite la bienvenue parmi nous bichette ! coeur

Informations utiles
Maintenant que tu es un membre validé, tu peux de suite aller vérifier si les bottins sont bien à jour concernant tes informations. Il se peut que nous prenions plus de temps pour les remplir, mais si sous 48h, elles ne sont toujours pas là, tu peux passer par le sujet des oublis du staff.

Et dès à présent, tu peux nouer du lien communautaire en passant par ta fiche de liens, pour bien t’ingérer à l’aventure. Pour la démarrer, n’hésite pas à poster une fiche de RP pour ne pas te perdre au fil de tes récits. En manque d’aventure ? Poste une recherche de RP afin de trouver des camarades de jeu à Alicante. keke Finalement ta fiche n’était pas assez longue ? Tu peux développer plus dans tes mémoires, un espace personnel et modulable selon tes envies t’y attend ! Besoin de passer un appel ? Les communications sont là pour ça également heros

D’ailleurs, si tu veux aussi discuter avec les autres membres du forum, tu peux passer par le flood et les jeux du forum. love Envie d’attirer de nouveaux copains et de gagner un peu d’éclats ? navet Vote pour SHFB sur les tops sites.

De plus, si tu le veux, un serveur discord est disponible ! cute2

Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’oublie pas que cette partie est le pont d’accès entre le staff et toi, même si nos MPs sont toujours ouverts en cas de besoin. Enfin pour finir, si tu dois t’absenter, n’oublie pas de nous prévenir de ton absence.

Voilà, c’est le petit mot pour t’aider, mais désormais, nous te souhaitons la bienvenue parmi nous et te souhaitons une longue vie dans la Cité de Verre ! Bon jeu coeur


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