Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €


Moolight Shadow (Luan)

2 participants
Nympheas Oppenheimer
Libertatis Indépendant
Nympheas Oppenheimer
The Accords
Messages : 50
Pseudo : Sombrelune / Il/Iel
Date d'inscription : 17/09/2023
Mundane
Moonlight Shadow
walking in the moonlight

Les heures de travail avait pour intérêt de masquer l’ennui. C’est un bel atout. Bien pour cela que Nympheas aimait travailler. Pour ça, et pour mater secrètement les belles personnes aussi. On rencontre bien moins de monde quand on reste au fond de son lit. Bon, ce n’était pas pour autant qu’il harcelait les client.e.s. Non, il savait se tenir. Mais ça fait toujours plaisir de se rêver dans les bras de quelqu’un.e. Ce n’était pas au programme du soir cependant. ça n’avait pas été au programme depuis un moment. On pourrait croire qu’on devient hardi au fil des siècle pour courtiser, mais… Non. C’était plutôt l’inverse pour Nympheas.

Bref. Tout ça pour dire que son service fini, il ne se sentait pas le coeur à aller juste dormir. Alors, il avait embarqué avec Bolt pour une promenade nocturne. Doucement pour que les trois pattes de son camarade canidé suivent le rythme. Il flânait sans vraiment regarder où ils allaient. Il serait toujours temps de faire un portail quand son camarade à trois pattes en aurait marre de renifler les murs. Puis Bolt avait redressé le museau, émit un petit jappement et avait accéléré. Ah ! De l’animation visiblement ! Nympheas avait suivi son compère avec une pointe d’excitation dans le coeur ! L’aventure venait-elle à eux ?

En quelque sorte ! Bolt avait trouvé un complice à quatre pattes. Ou plutôt une complice s’il en jugeait bien. En tous cas, Bolt était tout heureux de rencontrer une autre truffe lors de cette ballade ! Nympheas afficha un grand sourire à destination de l’humain qui l’accompagnait.

Bonsoir ! Nos compagnons ont l’air d’être contents de se trouver !

Il s’était aussi accroupi pour saluer la chienne, lui faisant sentir ses mains sans crainte, l’accueillant pour des caresses si elle le souhaitait. Mais bien vite Bolt vint lui voler la vedette, léchant les babines de sa copine, jappant pour espérer jouer. Cabossé par la vie, mais joueur le Bolt !

Il n’a pas souvent l’occasion de croiser des copines ! C’est dommage ! Cette ville manque de chiens, je trouve !” lança Nympheas à l’autre humanoïde. “Bolt adore jouer mais il en a vite marre de mes tours de passe-passe… ça te dérange pas si il joue un peu avec elle ? Il se fatigue vite avec ses pattes mais j’aime le voir heureux !

Ha ça, ça se voyait qu’il aimait son compagnon à trois pattes le sorcier. En même temps, il n’avait que lui comme point d’ancrage depuis deux ans.

SHADOWHUNTERS :  FALLEN BROTHERS | 2023
Luan Orozco
Modératrice
Enclave Conservateur
Luan Orozco
The Accords
Messages : 134
Pseudo : Artchie
Date d'inscription : 22/10/2023
Mundane

Moonlight shadow


@Nympheas Oppenheimer  | septembre 2022




La guitare dans son étui tape dans mon dos au rythme régulier de mes pas. Les mains dans les poches, mes doigts cornent distraitement la carte qu'une louve m'a donné quelques instants auparavant. Un carte, avec un nom inscrit d'une écriture fine et serpentine, souligné trois fois. Une marque d'énervement que j'associe souvent à un objectif passionnel caché derrière la demande. Pourtant je n'ai encore pris aucune décision quant à la question muette qui avait filtré dans son regard après quelques mots en guise d'indication. Je ne sais pas comment Ingrid a entendu parler de moi, par la meute sans aucun doute, mais rare sont ceux à connaître mon ancienne vie. Elle visiblement, oui. Elle connaissait même le nom de ma meute maternelle. Une information pourtant jalousement gardée secrète autant que possible. La jeune femme avait eu l'air trop sûre d'elle quand elle était venue m'aborder à la fin de mon petit concert de ce soir dans un bar du quartier lupin. Je voudrais croire que je ne suis plus ce loup-là, que cette vie est derrière moi, loin, très loin, dans une autre partie du monde devenue inaccessible. Pourtant je n'ai pas décliné ouvertement sa demande. J'ai même pris la carte qui s'abîme sous l'action nerveuse de mes doigts. Ce qui me fait prodigieusement chier. J'aurais dû refuser, laisser la carte sur la table où elle l'avait déposée.

J'essaie de rester concentré sur la guitare qui pèse sur mes épaules plutôt que sur l'étui du couteau accroché devant à ma ceinture. S'accrocher à ma vie ici, mes efforts pour trouver une semblant de normalité et rester sur la fine ligne de conduite que je me suis donné. Mais je sens palpiter en moi l'envie de la décharge d'adrénaline que les petits contrats du genre me procurent. On n'échappe pas éternellement à qui nous sommes. C'était le genre de phrase que la madre me répétait inlassablement. Les dogmes qu'on nous enseignait depuis enfant, avant même que notre sang lycan ne s'éveille dans nos veines. Est-ce que Ingrid était une de ces louves élevées par la meute de la Mano Mara pour être ensuite dispersée ailleurs ? Cela pourrait expliquer certaines choses. Cette perspective resserre mes mâchoires qui durcissent les traits fermés de mon visage. Une partie de moi ne peut renier mon trop fort sentiment d'appartenance à cette ancienne meute, et l'idée de pouvoir un jour croiser un membre éloigné de celle-ci est un espoir aussi lumineux que terrifiant.

Soudain un jappement résonne derrière nous et avant même que je n'ai le temps de l'intercepter, Pola s'élance en direction du son avec une réponse joyeuse. Mierda. Un autre chien aux couleurs sombres s'approche de nous dans une démarche qu'une patte manquante rend sautillante. Je me retiens de lever les yeux au ciel d'exaspération quant à la perspective de devoir faire la discussion à l'être vivant qui accompagne l'animal. Mais la petite chienne fauve est si heureuse de croiser un autre compagnon poilu que je ne peux m'empêcher d'éprouver immédiatement une certaine sympathie pour le chien qui vient lui renifler la truffe. L'homme qui l'accompagne, qui s'est aussitôt agenouillé pour se présenter à la petite Pola trop heureuse de venir chercher des caresses auprès d'une main visiblement amicale, relève finalement la tête vers moi, un large sourire sur les lèvres. « Bonsoir ! Nos compagnons ont l’air d’être contents de se trouver ! » L'ombre d'un rictus effleure mes traits et mes quittent la chaleur de mes poches pour venir se croiser contre mon torse. « Il n’a pas souvent l’occasion de croiser des copines ! C’est dommage ! Cette ville manque de chiens, je trouve ! Bolt adore jouer mais il en a vite marre de mes tours de passe-passe… ça te dérange pas si il joue un peu avec elle ? Il se fatigue vite avec ses pattes mais j’aime le voir heureux ! » Une ville qui manque de chiens mais pas de loups. L'ironie perle dans une lueur acide dans mes iris tandis que je le dévisage sans retenue, trop habitué à fréquenter des milieux dangereux pour me laisser aller à des expansions aussi libres que lui au premier abord avec un inconnu. Encore une vieille habitude dont je n'arrive pas à me défaire. Une légère irritabilité s'installe un peu plus dans mes veines, comme une blessure en cours de cicatrisation qui démangerait encore en arrière plan. Rien d'envahissant, mais quelque chose qui persiste désagréablement. « Ils peuvent jouer ensemble bien sûr on est pas pressé. Pola n'a pas beaucoup d'occasions de croiser d'autre chien non plus, ça lui fait du bien de sociabiliser avec d'autres que moi. » Elle malgré son amour inconditionnel pour ma personne, elle s'ennuie souvent de mon caractère, inévitablement. Les deux chiens partagent la même joie de croiser un congénère et le spectacle des deux animaux et de l'homme au regard pétillant qui les observe est bien trop éclatant de simplicité pour que je puisse y rester insensible. Le masque placide se fissure légèrement, dévoilant un regard attendri pour les deux comparses de cette rencontre nocturne fortuite. Je tends même une main vers la truffe d'un Bolt qui a sans doute l'odorat aussi développé que le mien et qui a dû sentir mieux que l'être humain qui l'accompagne, l'animal touffu qui sommeille dans mes fibres. « Salut toi, Bolt alors ? Vous logez dans le coin aussi ? » La dernière question est destinée à son maître vers lequel je repose un regard moins perçant, dans un effort intérieur considérable pour tenter de faire preuve de moins de réserve auprès d'inconnu. Un jeune homme qui semble légèrement plus âgé, quelques années. Du moins en apparence, mais je suis le mieux placé pour savoir à quel point les apparences sont trompeuses. Pola, plus possessive que jamais, revient réclamer les caresses que mes doigts laissaient courir sur la tête de Bolt et je ricane doucement à son attention, ajoutant un : « Oye tranquilla... » murmuré tout en m'accroupissant à mon tour tant bien que mal, gêné par l'étui de la guitare dans mon dos, afin de permettre à la petite chienne de venir frotter sa tête contre la mienne avant de repartir sautiller autour du chien. « Elle, elle est infatigable... » Une nouvelle phrase prononcé d'un ton faussement exaspéré adressée à l'homme au regard clair et légèrement envoûtant, il faut bien le reconnaître.





Used to be the weapon


Youth is broken, half of it was stolen
By a world I can't unsee

Nympheas Oppenheimer
Libertatis Indépendant
Nympheas Oppenheimer
The Accords
Messages : 50
Pseudo : Sombrelune / Il/Iel
Date d'inscription : 17/09/2023
Mundane
Moonlight Shadow
walking in the moonlight


Bolt était autorisé à passer un peu de temps avec une congénère, une bonne nouvelle ! Nympheas ne put réprimer un sourire heureux à cette nouvelle. Il n’était pas sûr que le maître de la petite chienne soit ravi de le croiser lui, mais il ferait avec. Tant que Bolt était content, ça lui allait. Et puis, il était habitué à ne pas faire l’unanimité. Depuis des siècle alors, il n’était plus aussi susceptible qu’avant.

Ravi de te rencontrer Pola !” souffla-t-il avec son léger accent allemand.

Il attrapa son paquet de cigarette, s’autorisant de fumer pour rendre le moment encore plus agréable à ses yeux. Et quand on est sorcier, on ne craint pas vraiment le cancer, autant en profiter. Il tendit son paquet vers l’inconnu, qu’il puisse se servir si l’envie lui prenait à lui aussi.

Pas vraiment. Mais nous aimons marcher. Enfin… J’aime marcher, parfois Bolt a besoin que je le porte, mais ce n’est pas un soucis.” expliqua-t-il avec un petit sourire. “Nous habitons près de la porte de la Prudence.

Un aveu à peine dissimulé de sa nature. Les sorciers se rassemblent souvent. Même si finalement Nympheas ne s’est jamais senti complètement intégré à cette famille. Jamais vraiment intégré où que ce soit.

Elle est encore jeune, n’est-ce pas ? Bolt a quelques années. J’avoue craindre le moment où il disparaîtra. C’est toujours difficile. J’ai toujours l’impression que le temps passe trop vite.

Sans vraiment s’en apercevoir, sa voix avait imité l’accent hispanique de son interlocuteur. Le mimétisme social à l’oeuvre comme toujours. Nulle doute que si son compagnon du jour se mettait à parler espagnol, il lui répondrait dans sa langue sans aucun doute. Son espagnol serait sûrement un peu daté mais il aurait plaisir à le parler à nouveau !

Je m’appelle Nympheas. Ce serait étrange que je ne me présente pas alors que nos compères ont été présentés. Tu es musicien ? Vous sortez d’un concert ? J’aurai aimé voir cela ! J’ai toujours aimé les concerts ! Même si c’était souvent moi ou mes compagnons de troupe qui jouaient… En écouter, pour une fois, c’est appréciable !

Un nouveau sourire entre deux volutes de fumée, son regard bleuté qui repart vers les deux canidés qui s’amusent sans vergogne. C’est une soirée vraiment agréable. Presque hors du temps. De ces moments de plaisir simples qui rendent la vie appréciable.

Peut-être que je t’ennuie à parler autant ? On me dit souvent que je suis un peu agaçant… Je peux me taire si tu préfères. Je sais m’adapter.

Il lui sourit doucement.

Je peux parler en espagnol, sinon. Même si mon espagnol est un peu vieux… Je n’ai pas du le parler depuis… Un siècle. Du moins, pas vraiment.

SHADOWHUNTERS :  FALLEN BROTHERS | 2023
Luan Orozco
Modératrice
Enclave Conservateur
Luan Orozco
The Accords
Messages : 134
Pseudo : Artchie
Date d'inscription : 22/10/2023
Mundane

Moonlight shadow


@Nympheas Oppenheimer  | septembre 2022




L'inconnu salut la petite chien à son tour et je me relève avant de réajuster la position de la guitare d'un mouvement d'épaule. Mes mains retrouvent les poches de mon pantalon, et mes doigts effleurent la carte toujours trop imposante par les choix qu'elle me demande de faire. Cette foutue carte avec un nom dessus. Cette promesse d'argent facile, d'aventure et d'un peu d'animation dans un quotidien devenu presque trop calme en comparaison de ces huit dernières années. Je pose un regard neutre sur l'homme qui a sorti un paquet de cigarette de sa poche et qui est en train d'en sortir une d'un geste machinal. Trop heureux d'avoir autres choses à attraper que cette carte qui me brûle la conscience, je tire à mon tour une cigarette du paquet avec un signe de tête en remerciement. Je ne suis pas un grand fumeur, quelques unes de temps en temps en fin de soirée, une activité réalisée sans grande conviction, mais qui distrait les doigts quand l'envie de jouer avec des lames se fait un peu trop présente. Comme ce soir. La cigarette roule entre mes doigts avant que je ne réalise que je n'ai aucun briquet sur moi, et que mon interlocuteur a déjà repris la parole après avoir allumé la sienne. Mierda. Je l'écoute, jouant à faire tapoter le filtre contre l'ongle de mon pouce dans un geste distrait qui oscille vers une l'expression nerveuse d'un geste parasite. Je ne suis pas assez concentré, fatigué par une longue journée de service au Street Spice, puis par le concert de ce soir et mon duel interne suite à l’interaction avec la louve de la meute. Je devrais peut-être écouter cette rencontre et aller reprendre quelques forces dans mon lit. Mais Pola est si heureuse, ses jappements enthousiastes résonnent jusqu'à moi et vibre de cette joie simple dont les animaux sont capables. « Nous habitons près de la porte de la Prudence » La phrase craque comme un coup de tonnerre dans mes oreilles et mes gestes se figent dans un frisson glacé. Un sorcier. Le genre de désillusions auxquelles j'aurais dû m'attendre. Je n'ai pas la prétention de connaître tous les terrestres du quartier, mais j'aurais dû me fier à mon instinct et ne pas assumer qu'il était un simple humain. Mes yeux se plissent légèrement dans un pincement de narine, je retiens au dernier moment mes mâchoires de se serrer risquant de traduire trop clairement le mépris qui s'est déversé dans mes veines. Lui reprend la parole avec une question à laquelle je réponds d'un nouveau signe de tête, plus raide que le précédent, avant de laisser mon regard dériver les deux chiens qui continuent de profiter de la compagnie d'un congénère pour se défouler avec allégresse. Oui, il est encore jeune, et pourtant je ne peux me résigner à imaginer le jour inévitable où elle rendra son dernier souffle. Aussi lointain cette perspective semble être, ce sera toujours trop tôt. Je ne peux même pas imaginer ce qui se passera ce jour-là. Elle est ma seule famille depuis huit années. La seule qui compte, la seule qui sait tout. Mes doutes, mes failles, mes larmes de rage, mes crises d'angoisses, mes crimes, nos luttes pour trouver de quoi manger, la solitude. L'effroyable solitude de la mort. Mon seul pilier dans ce foutu monde dévasté par la guerre. Sous l'ombre sombre de mes cils, je jette un regard en coin ardent au sorcier. Un rapide coup d’œil avant de revenir le poser sur les canidés. Si lui et les siens avaient montré moins de réticences à venir soutenir les créatures obscures au début des attaques des Fées, les morts auraient été moins nombreux. Peut-être même qu'ils seraient encore en vie. Que j'aurais encore une famille, une meute, une mère. La rage nourrie de tristesse gonfle ma poitrine, le feu avance dans mes veines et manque de modifier les couleurs sombres de mes iris. Cette fois mes dents se serrent pour endiguer le déferlement d'émotions, durcissant les traits de mon visage. « Le Grand Sorcier t'apprécie, il t'écoutera. Va le prévenir. » Tirée de mes souvenirs, la voix de Nerea résonne avec l'amertume acides des ronces qui déchirent mon âme en remontant à la surface. Ses dernières phrases, notre dernier échange. Croyait-elle seulement à cette possibilité ? Je sais désormais que le Coven avait déjà refusé de donner leur aide. Je sais que les liens douteux de la meute envers le Cercle dans les guerres précédentes avaient motivé ces refus. Je sais les torts partagés. Je sais tout ça. Mais malgré tout je ne peux m'empêcher l'injustice de taper avec force contre mes tempes. Combien de loups avaient perdu leurs meutes parce que les sorciers avaient refusés de prendre position ? Beaucoup trop.

Lui continue de parler avec enthousiasme quand je m'enfonce dans un contrôle de plus en plus froid, travaillant ma respiration pour faire redescendre la pression. Je parviens même à me retenir d'effleurer la lame accrochée à ma ceinture. Dissimulée par mon large pull à capuche, il me suffirait pourtant de glisser ma main dans la poche ventrale pour trouver son contact rassurant sans éveiller le moindre soupçon. Mais je reste stoïque, les yeux obstinément rivés sur Pola comme pour aspirer ses humeurs et calmer les miennes. Le sorcier a même fini par se présenter avec une chaleur que certain pourrait trouver touchante, mais qui me laisse personnellement aussi froid que la cigarette toujours éteinte entre mes doigts. Je hausse légèrement les épaules, cherchant encore en moi la tranquillité pour faire redescendre le feu qui s'éparpille en étincelle contre ma peau. Je n'ai pas prévu de perdre le contrôle ce soir, encore moins dans mon quartier, ni devant un inconnu. Au contraire, je suis sensé faire profil bas, et tenter de faire retomber les conséquences de la trahison du coven de Bogota en acceptant de discuter avec un sorcier rencontré par hasard semble être une bonne idée. Non ? L'esprit tente de faire revenir mes bonnes résolutions sur le devant des pensées. Je ne suis plus l'adolescent de quatorze ans vibrant de rage au milieu du champ de ruine de notre village. Je suis un adulte, je dois avancer. « Je peux parler en espagnol, sinon. Même si mon espagnol est un peu vieux… Je n’ai pas du le parler depuis… Un siècle. Du moins, pas vraiment. » Une lueur mauvaise glisse dans l'ombre d'un rictus avant de disparaître lorsque je tourne ma tête vers Nympheas. « Sí marica, hice un concierto a cambio de los lukas. Debo pagar los piensos para Pola. » On n'a pas tous la chance d'avoir plus d'un siècle et d'avoir accumulé suffisamment de richesses pour vivre sans se poser question. C'est bien loin d'être mon cas. Je m'amuse néanmoins à utiliser un vocabulaire bogotais très moderne d'une voix rapide, assez convaincu que le sorcier et son espagnol vieux d'un siècle ne seront pas capable de tout comprendre. C'est mesquin, mais entre mes intentions d'être une bonne personne et la réalité, il y a encore un belle marche. « T'as du feu ? » Je reprends d'une voix toujours aussi neutre tout en levant ma cigarette vers lui, jonglant entre les deux langues avec une facilité déconcertante. C'est assez difficile à reconnaître, mais parler espagnol me manque souvent. Je ne suis clairement pas assez social pour aller à la recherche d'hispanophones ici, et les occasions sont rares. « Elle n'est pas si jeune qu'elle en a l'air. Tiene ocho años pero prefiero no pensar en su muerte. J'ai déjà assez de morts sur qui écrire dans mes chansons. » Un léger souffle de nez traduit un amusement acide face à ma propre situation. « Je t'aurais bien proposé de venir au prochain concert, mais mes petites histoires de mortel risquent de te paraitre bien insignifiantes. L'honneur, la loyauté, les liens familiaux tout ça. C'est pas trop des choses qui vous parlent à vous. » Mes yeux se sont accrochés aux siens, dans cette passivité si éloignée du sel de mes mots. « Me llamo Luan, por cierto. » Une simple phrase ajoutée dans un haussement d'épaule presque désintéressé par l'information qui ne vaut pas grand chose de mon point de vue. A nouveau, je détourne le regard pour chercher Pola et son acolyte, admirant avec envie sa capacité à se faire des amis sans se soucier du reste. « Tu jouais dans quel genre de groupe ? » La question filtre mes lèvres avant-même que j'ai le temps de penser à la retenir, une question d'une sincérité que ma curiosité exprime soudainement en dépit du renfermement flagrant de mon attitude envers le sorcier Nympheas.



traduction:



Used to be the weapon


Youth is broken, half of it was stolen
By a world I can't unsee

Nympheas Oppenheimer
Libertatis Indépendant
Nympheas Oppenheimer
The Accords
Messages : 50
Pseudo : Sombrelune / Il/Iel
Date d'inscription : 17/09/2023
Mundane
Moonlight Shadow
walking in the moonlight


Le moins qu’on puisse dire, c’est que le compagnon de Pola n’était pas aussi chaleureux et accueillant qu’elle. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir qu’il n’appréciait pas vraiment la situation. En même temps, il s’attendait sûrement à être tranquille à cette heure à marcher dans les rues silencieuse. Peut-être que tu es trop envahissant, Nympheas. Peut-être que tu veux prendre trop de place. Peut-être que tu devrais juste fermer ta gueule. Peut-être, oui. Mais c’est compliqué de réprimer son envie de côtoyer d’autres êtres. Mais il n’est probablement pas tombé sur la bonne personne. Il se mordille l’intérieur de la joue à cette idée. Il n’avait pas envie de l’embêter. Ce n’était pas son intention. Et même s’il était habitué au rejet, c’est parfois plus pesant. Surtout quand on ne s’y attend pas. Peut-être qu’il reste trop naïf et ce même après quelques siècles sur Terre.

Nympheas fronça les sourcils en entendant l’espagnol du jeune homme. Oh. Trop rapide et un vocable si différent du sien. Diantre comme les langues changent vite. Il a juste compris la substance. La nourriture pour le chien. Et le surnom pas très sympa. Ok. Bon. Peut-être qu’il embêtait encore plus ce jeune homme que ce qu’il pensait.

Oh… Oui… Les croquettes. Oui…

C’est vrai que la magie fait parfois oublier ce genre de choses. A dire vrai, Nympheas avait tendance à abuser un peu des sorts les plus basiques pour se simplifier la vie. Mais il avait connu la faim avant d’être chaperonné par un sorcier, il comprenait. Peut-être mieux qu’un autre de sa race. Second froncement de sourcil. Du feu ? Oh oui. La cigarette. Sans réfléchir, il avança son pouce enflammé vers le jeune homme, ne s’encombrant pas de feu terrestre avec lui. En même temps, le feu était son élément alors… Oui, bon, pas dit que ça aide vu les crispation que l’homme semblait avoir face aux gens comme lui mais il n’avait pas mieux à proposer. Au moins, sa clope était allumée maintenant, c’était déjà ça, non ? Erf. Nympheas avait comme l’impression de tout faire de travers.

Lamento tus muertes. Mis condolencias.” répondit-il avec un regard sincèrement compatissant.

Il laissa le garçon continuer sa tirade et eut une moue un peu désolée à ses mots. Il ne savait pas quels sorciers avaient rencontré ce garçon mais nul doute qu’il ne lui avait pas laissé un souvenir très positif vu sa rhétorique. Ce n’était peut-être que sa race le problème dans cette situation. Et c’était une chose qu’il n’avait pas choisi.

Todos tenemos una familia. Pero esta familia no siempre es lo que pensamos.” Il eut un sourire un peu triste. “Ya sabes, la inmortalidad no nos adormece a todos. Realmente me encantaría escuchar tu música.

C’était totalement Nympheas, ça. On le repousse et lui, il court après la personne en quête de miettes d’attention. Comme un enfant. Comme l’enfant abandonné qu’il a toujours été, en recherche d’une affection qui n’arrive jamais vraiment.

Luan. La lumière n’est pas forcément le concept qui colle le mieux à la peau du garçon. C’est toujours drôle de voir comme les prénoms ne reflètent pas toujours leur porteur. Il souffla une volute de fumée et ne put s’empêcher de retrouver le sourire à la question du jeune homme. Oh ? Finalement, il s’intéressait un peu à lui ? C’était inattendu !

Je faisais partie d’une troupe d’artistes de rue. Musiciens, acrobates, cracheurs de feu, un peu tout cela à la fois. On voyageait de ville en ville. On était rarement bien accueillis quand j’y repense. Mais voir le regard des enfants s’illuminer devant nos spectacles, ça n’avait pas de prix.” raconta-t-il avec une pointe de nostalgie. “Je jouais du violon mais je n’ai jamais été très doué. Je me débrouillais mieux avec le feu. Ce qui n’est finalement pas si surprenant mais à l’époque je ne savais pas ce que j’étais alors… ça paraissait incroyable ce que j’arrivais à faire.

Il haussa les épaules, soupirant avec une pointe de tristesse. Sa famille d’artiste lui manquait souvent. Pourtant, la vie avec eux n’était pas simple et il avait toujours été un peu le monstre mis à l’écart mais… C’était le premier groupe dont il avait fait partie. Sa première famille.

Il m’est arrivé de jouer en solo au fil des années. Je ne suis pas le genre de sorcier qui sait gérer sa vie et sa fortune alors… Il faut bien payer quelques trucs de temps en temps. Même si j’avoue ne pas trop attacher de valeur aux biens… J’ai un peu de mal avec le capitalisme…

Ironique quand on sait la réputation de négociant qu’à sa race. Il est sûrement le moins bon dans ce domaine, préférant négocier des choses absurdes plutôt qu’utiles. Peut-être pour ça qu’on le prend rarement au sérieux comme sorcier.

SHADOWHUNTERS :  FALLEN BROTHERS | 2023


Les trad':
Luan Orozco
Modératrice
Enclave Conservateur
Luan Orozco
The Accords
Messages : 134
Pseudo : Artchie
Date d'inscription : 22/10/2023
Mundane

Moonlight shadow


@Nympheas Oppenheimer  | septembre 2022




Nos deux énergies contraires ne manquent pas de finir par se faire remarquer même par l'enthousiaste Nympheas dont l'assurance et le sourire se flétrissent petit à petit. Mon espagnol le perturbe, et comme c'était l'effet recherché, je devrais m'en trouver amuser. Mais en réalité son malaise me gêne et j'avais détourné le regard pour fuir ce mélange de sentiment inhabituels. Je ne m'explique pas pour l'instant pourquoi ce sorcier inconnu m'est sympathique malgré tout. Je tire lentement sur la cigarette enfin allumée précédemment par son pouce enflammé. Une singularité qui m'avait arraché un haussement de sourcils de surprise. J'ai beau savoir qu'un sorcier a certains talents cachés, les voir en pratique est toujours une expérience saisissante. J'ai rarement eu l'occasion d'en observer d'aussi près, mise à part la préparation de quelques potions et l'apparition de messages de feu, mes expériences de la magie est assez lointaine, diffuse. Une connaissance théorique plus que pratique. Même lors de la dernière bataille d'Alicante j'avais gardé un œil concentré sur moi, mes couteaux, ma survie plutôt que de chercher à observer la façon dont les autres pouvaient bien chercher à sauver leurs fesses. Aussi, l'image de ce pouce enflammé continue de brûler ma rétine tandis que je l'écoute me raconter son expérience de vie dans la rue dans une troupe de saltimbanques. Une vie bien lointaine probablement, qui semble lui évoquer des souvenirs heureux derrière la tristesse de ses mots. Une nostalgie que le temps a sans doute enjolivée. Tant mieux pour lui. S'il compte sur moi pour lui exprimer une quelconque pitié sur la question il est mal tombé. Globalement, on peut dire que l'immortel n'a pas croisé la bonne personne ce soir en sortant promener son vieux chien. Je tombe rarement bien dans le quotidien des autres. C'est une réalité à laquelle je suis habitué. Depuis toujours. J'étais mal tombé dans le ventre de Nerea, il est normal que cette étrange habileté se perpétue. Para siempre.  
A force, on apprend à ne plus trop s'en formaliser. Peut-être même que je me suis conforté dans cette facilité pour forger ces murailles mentales plus facilement.

La fumée s'engouffre dans mes poumons avec son goût de cendre amer. Une nouvelle bouffée tirée, le regard pensif fixé sur Pola pour fuir le contact visuel de l'homme qui reste, malgré tout, faire la conversation avec moi. Peut-être bien que son enthousiasme commence à contaminer mes propres nerfs, ou que sa faculté à tenter de réchauffer l'ambiance envers et contre tous les signes glacés que je lui renvoie, me donnent l'infime envie de rester. Je voudrais croire que c'est juste pour tester ses limites. Voir quels pics supplémentaires il serait capable de supporter avant de baisser les bras et prendre congés. C'est probablement ce que je dirais si on me demandait pourquoi je suis resté sur place, plutôt que de reconnaître que j'écoute avec un véritable intérêt son histoire de vie d'enfants des rues. Plutôt que de reconnaître qu'il a un véritable air sympathique qui donne envie de l'écouter occuper le silence qui m'entoure trop souvent. C'est comme avec mon colocataire, je ne sais pas comment l'expliquer, mais son caractère solaire comble des manques avec une facilité simple. Et c'est déstabilisant.

La fin de sa tirade me glisse un sourire narquois sur les lèvres. Un véritable sourire, franc, bien que moqueur. Une troisième aspiration de nicotine ajoute un temps de délai à ma réponse avant que les mots ne s'échappent de mes lèvres dans un volute de fumée. « Dímelo a mí. Un sorcier qui ne vend pas ses talents à prix d'or. Incroyable. J'aurais du mal à y croire, mais faut bien reconnaître que jusqu'à présent tu m'as rien demandé en échange de ton coup de pouce pour la cigarette. » Le ton ironique se mêle d'un réel amusement qui éclaire mon regard sans que je m'en aperçoive. « Pourtant je suis certain que tu dois faire fureur avec tes tours de magie. Dans la rue ça devait bien marcher. Les talents cachés, c'est toujours ce qui fonctionne le mieux dans la rue. » Les miens m'ont apporté de quoi survivre, bien plus que ne l'aurait fait quelques airs de guitare grattés sur un coin de trottoir. C'est bien là l'une des raisons principales pour laquelle je m'accroche tant à la musique depuis mon arrivée ici. Je ne suis pas certain d'être aussi doué à pincer des cordes qu'à transpercer des côtes, mais les bars dans lesquels j'ai joué jusqu'à présent sont souvent enthousiastes à l'idée de me faire revenir. On peut donc imaginer que ce ne doit pas être si terrible. Je laisse une nouvelle fois ma voix se mourir dans une aspiration de nicotine avant de reprendre, en reportant mon regard vers celui de Nympheas. « Puedes venir al próximo concierto si insistes. Con la única condición de que guarda tu juepucha  compasión para ti. Todos hemos perdido familiares en esta gonorrea guerra. No busco piedad o compasión, listo. » Le ton a retrouvé ses accents neutres derrière se cachent des réalités que le cerveau se refuse à simplement effleurer. Je pousse même l'insolence jusqu'au haussement d'épaules avant de tirer une nouvelle fois sur cette cigarette qui se consume trop vite entre mes doigts qui s'occupent tant bien que mal pour éviter de retourner écorner la carte tentatrice dans ma poche. Peut-être que c'est là aussi une des raisons pour laquelle je reste auprès du sorcier à discuter dans la nuit. Pour éviter de me retrouver seul avec mes pensées, et cette foutue tentation de faire un pas de côté vers mes anciennes affectations. « Je joue au Mångata, jeudi soir. C'est dans le quartier des loups-garous. L'ambiance est sympa, pour ceux qui ont pas peur des bagarres de comptoirs. J'sais pas s'ils aiment vraiment ma musique, ou s'ils cherchent juste des bruits pour couvrir leurs querelles de chiens aux aboies, mais ils me payent correctement, c'est tout ce qui compte. » Mon sourire retrouve ses airs moqueurs, je suis rarement tendre avec les créatures obscures, peut-être moins encore envers les miens. Je déteste la réputation qui nous colle à la peau, celle de notre incapacité à gérer nos émotions. Et je déteste encore plus les loups qui s'alignent trop facilement sur celle-ci. Je reproduis inconsciemment le même jugement méprisant que la meute de la Mano Mara avait sur ses congénères. Ce même mépris qui m'a façonné, jour après jour, à devenir ce feu glacé, ce volcan endormi, enseveli sous une tonne de roche froide. Mais à quel prix ? « Ton espagnol est pas si mal pour quelqu'un qui l'a pas pratiqué depuis un siècle. » Un simple constat, légèrement impressionné par ses capacités à comprendre ce que je lui lance de temps en temps en changeant de langue entre deux phrases, malgré mon parlé rapide.





traduction:



Used to be the weapon


Youth is broken, half of it was stolen
By a world I can't unsee

Nympheas Oppenheimer
Libertatis Indépendant
Nympheas Oppenheimer
The Accords
Messages : 50
Pseudo : Sombrelune / Il/Iel
Date d'inscription : 17/09/2023
Mundane
Moonlight Shadow
walking in the moonlight


Un rire assez franc et limpide passa les lèvres du sorcier à la remarque sur son coup de pouce. C’est vrai qu’il n’était vraiment pas doué en affaires. Enfin pas au sens que l’on entend habituellement chez les gens de sa caste.

Je t’ai dit, je suis mauvais en capitalisme !” commenta-t-il avec un enthousiasme presque enfantin tant il était naturel et simple.

Il opina du chef. Oui, ça marchait bien dans la rue. Mais encore une fois, il n’était pas le genre à s’attacher au matériel. C’était vraiment pas son truc. Un sourire a souvent bien plus de valeur qu’une pièce jeté à regret. Puis l’argent n’a jamais acheté le bonheur, non ?

C’est vrai, mais je crois que je n’ai jamais vraiment cherché à être célèbre ou reconnu ni même riche. J’aime juste pouvoir me dire que si besoin, j’ai des talents qui peuvent subvenir à mes besoins. Je préfère la simplicité.” avoua-t-il avec un haussement d’épaules.

Même parmi les sorciers; ils étaient rares ceux qui comprennent cet état d’esprit. Surtout plus son âge avançait. On avait souvent tendance à le trouver trop instable. Mais le chaos a quelque chose de terriblement fascinant, non ? Tout comme les volutes de fumée qui quittaient sa bouche avec lenteur. Et son regard bleuté s’arqua d’un haussement de sourcil surpris. Vraiment, il avait le droit d’aller le voir ? C’était comme une énorme amélioration à ses yeux. C’était tellement inespéré vu l’attitude du garçon depuis l’annonce de sa nature profonde qu’il ne put réprimer un radieux sourire. Il avait une sacrée chance !

Vraiment ?!” lâcha-t-il un peu incrédule quand même. “Enfin je veux dire… D’accord… Merci !

Il ne fallait peut-être pas lui laisser une occasion de révoquer son invitation. Il écouta la description du lieu,mémorisant les informations utiles. Il n’avait rien contre les loups. Il était même plutôt apprécié vu ses maigres capacités à faire payer sa magie au prix fort. Il allait essayer de s’arranger pour ne pas travailler à ce moment-là ! Avoir des moments de divertissement et une chance de tisser des liens, c’est plus important qu’un salaire, non ?

Et bien je pourrai toujours faire payer mes soins après la bagarre, tu crois pas ?” plaisanta-t-il amusé. “Ce serait une vraie tactique de sorcier pragmatique, ça ! Mais je pense que je préférerai me concentrer sur la musique !

Et damn, encore un compliment ? Et bien, le vent tourne vite ce soir ! Ou c’est son jour de chance ! Il ne savait pas trop ! Il n’allait pas se plaindre ! C’est mieux quand on se sent un peu apprécié !

Muchas Gracias ! Mais mon allemand et mon français sont mieux je crois… Mon italien est bien aussi je crois… Par contre, mon russe laisse à désirer, je dois l’avouer !” dit-il en rigolant. “Ton anglais n’est pas mal non plus !

Il ponctua sa phrase d’un petit clin d’oeil. Puis regardant les chiens du coin du regard, il sourit.

On peut vous raccompagner ? Enfin si Bolt tient le coup… C’est souvent que je finis par nous faire un portail pour rentrer ou que je le porte parce que ses trois pattes ne suivent plus !

Arrivant au filtre de sa cigarette, il la fit se consumer entre ses doigts, histoire de ne pas jeter son mégot n’importe où. Au moins là, pas de preuve de son tabagisme assez abusif, avouons le !

Mais je veux pas abuser de ton temps non plus… Peut-être que tu n’as pas envie de parler avec un vieux relou dans mon genre… Je comprendrai !

Mais je serai grave déçu, ça, c’était assez lisible dans son regard. Il n’essayait même pas de le cacher !


SHADOWHUNTERS :  FALLEN BROTHERS | 2023

Luan Orozco
Modératrice
Enclave Conservateur
Luan Orozco
The Accords
Messages : 134
Pseudo : Artchie
Date d'inscription : 22/10/2023
Mundane

Moonlight shadow


@Nympheas Oppenheimer  | septembre 2022




Je regarde avec un regain d'intérêt ce sorcier qui diffère en beaucoup de points avec ceux que j'ai déjà eu l'occasion de croiser. Cette bonne humeur presque explosive qui se manifeste en rire et enthousiasme pétillant, si loin de la grande morosité et du sérieux parfois hautain de ses congénères. Tout du moins de ceux que j'ai déjà croisé. Soit pas tellement de personne, depuis mes quatorze ans, et ce foutu Coven fermé. Je l'observe, donc, haussant des sourcils passablement exaspérés quand mon invitation à venir me voir jouer le fait presque exploser sur place. Je ne m'attendais pas à une telle démonstration de joie pour une proposition aussi simple et presque désintéressée de ma part. Si oui est peu à l'aise avec le capitalisme, je le suis tout aussi peu avec mon auto-promotion. Et pourtant, me voilà à lui donner la date et le lieu du prochain concert, et le voilà lui à réagir comme s'il n'avait attendu que ça depuis notre rencontre. Franchement surprenant. Pas désagréable, mais surprenant. « Et bien je pourrai toujours faire payer mes soins après la bagarre, tu crois pas ? Ce serait une vraie tactique de sorcier pragmatique, ça ! Mais je pense que je préférerai me concentrer sur la musique ! » L'humour est bien trouvé, fin et grinçant à souhait et un sourire s'étire sur mes lèvres, creusant une fossette amusée. Savoir rire de soi-même est une qualité que je sais apprécier chez les autres. Quand bien même leurs races dessert grandement mon appréciation première.

Il prend ma déclaration passive comme une nouvelle preuve de quelque chose qui m'échappe, mais le voilà une nouvelle fois aux bords de l'explosion d'une joie que je ne comprends pas. Et qui commence doucement à me rendre méfiant. Que peut-il bien se passer dans la tête de cet homme pour qu'une simple remarque sur sa maîtrise d'une langue puisse faire briller avec autant d'intensité ses yeux d'inconnus ? A moins qu'il cache des choses et des intentions derrière ses grands sourires. Pendant qu'il m'enumère son panel de langues maîtrisées au cours de ses - peut-être - longs siècles d'existence, je plisse les yeux, détaillant sous ce nouveau prisme des possibles le sorcier qui me fait face. Je connais le pire de ce que cette terre laisse courir pour m'autoriser à croire qu'il est simplement candide dans ses relations sociales. C'est quelque chose dont je ne peux me défaire, cette méfiance qui ressurgi face à des comportements que je ne comprends pas. Et cette nuit, elle revient doucement après un court aparté. Quand il me retourne la qualité de mon anglais je hausse les épaules. Cela fait cinq ans que je suis forcé de le pratiquer tous les jours, malgré un accent encore marqué, il faut reconnaître que mon vocabulaire est devenu assez riche et parvient à mettre en lumière toute la douceur de mes émotions...A Bogota j'avais appris les rudiments dans la meute maternelle. Pour travailler avec les gringos il fallait maîtriser leur langue. Et les américains étaient indéniablement ceux parmi les plus gros clients. L'Europe était bien moins accessible, mais pas complétement inatteignable non plus. Nerea serait satisfaite de voir que je me fonds si bien dans la masse aujourd'hui. Unes des rares choses peut-être, qui l'a rendrait fière, de ma vie d'aujourd'hui. « On peut vous raccompagner ? Enfin si Bolt tient le coup… C’est souvent que je finis par nous faire un portail pour rentrer ou que je le porte parce que ses trois pattes ne suivent plus ! » Je ne réagis pas, le visage redevenu aussi placide que précédemment, à réfléchir à l'ensemble des éléments que j'ai en ma possession. Croire un inconnu sur parole est franchement stupide, mais sa sincérité me porte à accorder du crédit à pas mal de point évoqués : sa nature, son passé de rue, son manque de gestion capitaliste de ses services, et son espagnol parlé. Que des faits probables et factuels qui se sont vérifiés au cours de cette même discussion. Mais ce que je cherche, c'est le sous-texte, ce que cela pourrait me dire de plus. Et force est de constater que je ne trouve pas grand chose de plus inquiétant que cette paranoïa qui frappe dans mes côtes que, peut-être, quelqu'un cherche à connaître mon adresse personnelle. Certains de la meute actuelle la connaissent. Elle n'est toas secrète, sans pour autant être particulièrement connue. J'ai d'ailleurs donné une fausse adresse au Street Spice, par exemple. Et j'utilise une boîte postale pour mon courrier relatif aux rares contrats musicaux. Certains jugeraient cela inutile, mais de mon point de vue c'est le minimum pour se garantir une première barrière de sécurité. Pas tant pour moi, mais aussi pour mon colocataire. L'idée de l'impliquer dans mes affaires pour n'importe quelle raison me déplaît. Moins les gens en savent, mieux tout le monde se porte. La discrétion était l'une des règles numéro une de la Mano Mara. Rapidité et discrétion. Deux credos que les fées avaient repris et maîtrisées à la perfection lors de leur anéantissement.

Je laisse sa question sans réponse, reporte mon attention vers les deux chiens qui s'amusent toujours ensemble, loin de toute méfiance qui ronge mes nerfs. Au vu de la capacité qu'à Pola de sauter dans tous les sens, il est probable que le Bolt en question ne puisse pas faire le chemin retour jusqu'à chez eux. Leur accorder quelques minutes de jeu supplémentaires est assez tentant et d'un sifflement court et harmonieux j'appelle la petite boule de poils qui s'arrête immédiatement. Dardant son regard chaud d'animal, elle s'empresse de trottiner vers moi, les oreilles légèrement relevée en attente de l'indication suivante. « Pola, vámonos » Je fais un premier pas, me détournant de Nympheas, avant de tourner légèrement la tête vers lui tout en replaçant une des bretelles de la guitare qui glissait de mes épaules. « C'est pas très loin d'ici, on devrait y aller maintenant avant que Pola l'épuise complètement. » Cette fois je reprends la marche, d'un pas long mais mesuré dans son rythme afin de faire entièrement comprendre au sorcier que je l'invite à me suivre. Pour être sûr que le message soit entièrement compris, je reprends rapidement la parole, légèrement narquois : « J'ai jamais vu quelqu'un s'enthousiasmer aussi vite pour le set d'un gars qu'il vient de croiser, et jamais entendu jouer. Les chances que tu trouves pas ma musique intéressante est quand même assez élevée, tu en as conscience ? Mais le plan b de soigner les clients du bar c'est pas une mauvaise idée. Ça t'évitera de perdre entièrement ta soirée. » L'envie de voir sa tête se teinter de la même déception que celle qui brillait dans ses yeux précédemment quand il avait émit l'idée que sa discussion m'exaspère, est amusante. Encore une fois, je me retrouve à être étonné par mes propres pensées. Mes poumons aspirent une nouvelle bouffée de nicotine avant de darder un regard en coin vers le visage du sorcier. « Pola m'accompagne partout, si jamais tu viens vraiment, et qu'il veut venir aussi. J'crois qu'elle serait pas mécontente de le recroiser lui. » D'un signe du menton je montre Bolt autour de qui la petite chienne court avec la même énergie précédente. « J'ai pas tellement eu le choix de venir ici et de perfectionner mon anglais. C'est mieux pour les chansons aussi. Ça me permet de faire des covers de temps en temps. » Une nouvelle Boufféré de nicotine - sans doute la dernière - grésille contre les lèvres, avant que le volute ne s'échappe sous la lueur des lumières nocturnes. « Et toi tu fais quoi de tes journées si la vie capitaliste et matérielle c'est pas ton truc ? Tu continues à mener la vie d'artiste ou tu profites simplement de le la cité pour promener ton chien ? » La question est posée avec une fausse neutralité qui ne laisse transparaître aucune curiosité bien sûr j'essaie discrètement d'en savoir un peu plus sur lui et ses motivations tout en continuant d'arpenter la rue principale sans prendre réellement la direction de l'appartement. Pola, qui ne se doute de rien, s'est élancée dans une rue perpendiculaire avant de revenir vers nous dans un jappement joyeux. Si elle ne comprends pas pourquoi je ne prends pas le chemin habituel de la maison, au moins manifeste-t-elle sa joie de pouvoir poursuivre sa balade.





Used to be the weapon


Youth is broken, half of it was stolen
By a world I can't unsee

Nympheas Oppenheimer
Libertatis Indépendant
Nympheas Oppenheimer
The Accords
Messages : 50
Pseudo : Sombrelune / Il/Iel
Date d'inscription : 17/09/2023
Mundane
Moonlight Shadow
walking in the moonlight


S’enthousiasmer de petites choses, c’était ce qui avait toujours permis à Nympheas de bien vivre l’immortalité. C’est vrai, si on commence à être blasé par tout, à quoi bon vivre ? Il a bien eu quelques périodes de déprime où c’était difficile d’apprécier la vie mais après chaque guerre il avait ce regain d’enthousiasme. Comme si avoir la mort qui le frôle lui rappelait à quel point il aimait vivre. A quel point il aimait des choses simples comme une rencontre, l’air frais sur sa peau, et les jappements heureux des chiens. Il ne faut pas plus. Pas besoin de plus. Le reste n’est qu’accessoire. Voire un poids délétère, la richesse est loin de rendre heureux de son expérience. Il préfère de loin sa condition de pauvre vagabond.

Nympheas remarqua bien le regard un peu inquisiteur de Luan, il avait l’air suspicieux. Il se contenta de lui sourire en réponse. Il pouvait comprendre. C’est rare les inconnus avenants. Il devait paraître un peu bizarre peut-être. Pourtant, il ne voulait rien de plus que juste profiter du moment. Il suivit le mouvement amorcé, de même que Bolt qui comprit bien vite que s’il voulait profiter un peu plus de la présence de sa nouvelle amie canine, il devait aller avec le mouvement.

Tu as raison ! ça me fait plaisir de le voir si content avec une congénère !” dit-il avec contentement.

Et à la remarque sur le fait qu’il pourrait ne pas aimer sa musique, il hausse les épaules. C’était un risque, mais après tout, il n’avait rien à y perdre ! Et puis, il était curieux de voir ce que ce garçon proposait comme musique.

Tu sais, si on écoute des puristes, y’a rien eu d’aussi bien que Mozart… Ben clairement, je suis pas d’accord ! Après, je l’ai croisé, c’était un type plutôt sympa, mais y’a eu plein d’autres choses superbes depuis ! Et puis, je pense que l’interprétation a une part importante dans la qualité d’un spectacle, pas juste la qualité technique ! Et j’ai bien envie de voir comment tu es sur scène ! Je suis sûr que t’es le genre de chanteur ténébreux qui a un charisme dingue dès que tu te mets à chanter… Enfin, t’as un peu ce charisme-là de base, genre, bad boy latino super beau gosse… Mais ça doit être encore plus flagrant sur scène ! Ou alors tu deviens le type mélancolique poète maudit… C’est possible aussi ! Je viendrai avec Bolt, il sera content ! Il est souvent avec moi aussi !

Il s’était lancé dans de folles supositions, en bougeant les mains, mimant à demi l’air ténébreux du jeune homme. Il eut un petit rire en se rendant compte des mimiques qu’il avait pris.

Te vexe pas pour les images hein, je trouve ça cool ! Et je te drague pas… Enfin pas que tu sois pas charmant, hein mais… Enfin… C’est pas mon but… “ s’embrouilla-t-il à demi, en s’apercevant que sa formulation pouvait être quelque peu maladroite. “Non, je bosse dans un restaurant, j’aime bien cuisiner sans magie. ça me détend. Des fois je suis au service aussi. ça m’évite de trop penser, ça occupe les mains et l’esprit ! Je sais pas si je ferai ça longtemps, mais j’aime bien mes collègues et l’ambiance au boulot alors, ça me va ! Je prends aussi quelques cours perfectionner ma magie. J’ai du mal à rester sans vraiment d’occupation au final. Quand je m’arrête de faire des choses, j’ai tendance à trop réfléchir au passé.”

Il fit un sourire un peu moins lumineux en ponctuation de sa dernière phrase. Hm, c’est facile de se laisser à la mélancolie quand on a plusieurs siècles. Il le voyait sur certains de ses amis, et la guerre n’avait pas trop aidé pour ça. Alors, ouais, il valait mieux garder les mains et l’esprit occupé.

Et c’est pas trop bizarre quand je parle de Mozart ? J’ai toujours un doute quand je parle de… Ma vraie jeunesse avec des non-sorciers… Avant je faisais plus gaffe, mais bon, comme ici tout le monde est au courant de notre existence, je fais moins attention mais ça peut être un peu… dérangeant ?” questionna-t-il sincèrement, avec la peur de déplaire.

On ne se refait pas, people pleaser un jour, people pleaser toujours.


SHADOWHUNTERS :  FALLEN BROTHERS | 2023

Luan Orozco
Modératrice
Enclave Conservateur
Luan Orozco
The Accords
Messages : 134
Pseudo : Artchie
Date d'inscription : 22/10/2023
Mundane

Moonlight shadow


@Nympheas Oppenheimer  | septembre 2022




« Tu sais, si on écoute des puristes, y’a rien eu d’aussi bien que Mozart… Ben clairement, je suis pas d’accord ! Après, je l’ai croisé, c’était un type plutôt sympa, mais y’a eu plein d’autres choses superbes depuis ! »
Le sorcier s'anime tout d'un coup tandis qu'il suit la marche que j'ai initié suite à son acquiescement. Mon front se plisse sous la surprise de l'entendre parler de Mozart. Ce n'est pas le genre de musicien auquel j'oserai songer quand il est question de ma propre pratique musicale. Evoquer un tel virtuose en réponse à mes remarques me laisse goût ironique dans la gorge. S'il s'attend à quelque chose de cet acabit, il va être bien plus déçu que je ne le songeais. Tant pis pour lui. Je ricane légèrement quand je l'entends évoquer sa rencontre avec le compositeur, mort depuis depuis des siècles. J'ai beau savoir leurs histoires d'immortalités et de toutes les choses que cela implique, entendre une personne parler de célébrités du passé en sous-entendant qu'elle a déjà bu le thé avec me fait toujours un étrange effet. Entre incrédulité, amusement et cynisme. Quelque part cela leur donne plus de vie à ces noms du passé. Tout ajoutant un caractère limité à ma propre existence. Je ne suis qu'une passade dans leurs vies qui traversent toutes les autres. Futile et oubliable. Oui, c'est ça. Une vie sans importance qu'on peut sciemment oublier de côté quand ça les arrange. Pour pas se mouiller. Pour sauver leurs fesses d'immortels. Mes mains se fichent dans les poches, les poings fermés contre ces idées qui reviennent en boucle. Mais le regard posé en coin sur Nympheas reste amusé. Il parle à renfort de gestes et son langage corporel est tout aussi parlant que la sincérité passionnée qui s'écoule de ses mots. Vraiment un être à part, ce sorcier. Et ceux qui tirent les marges de leurs carcans sont toujours intéressants. Malgré moi, malgré ces pensées négatives concernant sa race, je dois bien reconnaître, que je commence à apprécier l'écouter parler. « Je suis sûr que t’es le genre de chanteur ténébreux qui a un charisme dingue dès que tu te mets à chanter… Enfin, t’as un peu ce charisme-là de base, genre, bad boy latino super beau gosse… Mais ça doit être encore plus flagrant sur scène ! Ou alors tu deviens le type mélancolique poète maudit… C’est possible aussi ! Je viendrai avec Bolt, il sera content ! Il est souvent avec moi aussi ! » Je roule des yeux sous les images de moi qu'il s'amuse à dépeindre. Le bad boy latino beau gosse que je suis détourne le regard, à la fois narquois et soudainement gêné par un adjectif sorti de nulle part qui me prend, une fois de plus, au dépourvu. Une faculté que l'homme semble maîtriser tout aussi bien que l'art volubile des discussions. « Te vexe pas pour les images hein, je trouve ça cool ! Et je te drague pas… Enfin pas que tu sois pas charmant, hein mais… Enfin… C’est pas mon but…» Mon sourire s'étire malgré moi, dans une gêne de plus en plus marquée que le bafouillement de Nympheas renforce. Les poings se serrent pour tenter d'endiguer les émotions qui se réchauffent sensiblement sous les compliments du sorcier. Je suis mal à l'aise dans ces situations, parce que je suis bien plus habitué à recevoir des piques et des remarques acerbes que des flatteries. Et que même si je suis parvenu à me défaire de la plupart de mes réflexes de mon ancienne meute, me retrouver aussi nettement dans une situation où un homme commente mon potentiel charme me renvoie immédiatement à la crainte de subir une remontrance immédiate de Nerea. Sauf que la madre n'est pas là. Plus là. Personne de la Mano Mara n'hante ces rues, ni ce pays. C'est stupide, mais la tension trop forte à fait remonter mes épaules sous la nervosité qui gagne mes nerfs.

De son côté Nympheas a déjà repris la parole, prenant le temps de répondre à ma question sur sa vie, attrapant au passage ma surprise une nouvelle fois. Il travaille dans un restaurant et aime bien cuisiner sans magie. On court de surprise en surprise avec lui ce soir. A cette évocation mon visage se détend, une lueur intriguée embrase mes iris, et je me fais violence pour ne pas m'arrêter pour l'étudier plus intensément. Je me contente de hocher la tête sur sa dernière phrase. Un état d'esprit que je connais, même si mon passé ne s'étend que sur un vingtaine d'année, et non...trois cent ? C'était quel siècle Mozart déjà ? Ma mémoire des dates est approximative, mon manque d'enseignement suivi la rend encore moins précise sur le sujet. Quand on grandit dans une meute pauvre des quartiers populaires plus centré sur le commerce de drogues que sur l'histoire mondiale, on a peu la chance d'accéder à de grandes connaissances culturelles. Encore mois quand une guerre vient vous mettre à la rue et briser le peu d'adolescence normale qu'il vous restait. « Et c’est pas trop bizarre quand je parle de Mozart ? J’ai toujours un doute quand je parle de… Ma vraie jeunesse avec des non-sorciers… Avant je faisais plus gaffe, mais bon, comme ici tout le monde est au courant de notre existence, je fais moins attention mais ça peut être un peu… dérangeant ? » Cette fois je m'arrête, brutalement, pour poser un regard plus intense sur lui. Je ne comprends pas en quoi parler de sa vraie jeunesse pourrait être dérangeant et je me demande bien pourquoi ce devrait être le cas s'il est en accord avec sa propre nature. C'est sans doute l'un des seuls avantages à Alicante, cette connaissance entière et complète du monde obscure par toutes les franges de la société. Je tente de réfléchir, sans parvenir à saisir le fond du problème, et cela est particulièrement frustrant. Et quand je ne comprends pas un problème, j'ai la désagréable habitude de vouloir le résoudre rapidement : « Pourquoi ce serait dérangeant de parler de ça ? Je trouve ça plutôt intéressant, ça lui donne un peu de consistance à ce Mozart. De mon point de vue, sa vie à l'air tellement improbable qu'on pourrait douter que ce soit vrai. Heureusement que des gens peuvent témoigner pour lui. J'ai toujours pensé qu'il devait être un obscur lui-même d'ailleurs. Et c'est là que tu vas me dire que c'est toi qui lui faisait des petits sorts pour l'aider à trouver l'inspiration ? Genre pacte avec le diable ? » Je ricane, un sourire franchement narquois et d'une sincérité amusée sur les lèvres. « Ca ferait sens. Tu peux parler des gens que t'as connu, c'est pas ça qui me dérange. J'ai bien assez conscience que nous autres mortels on est que des miettes dans vos existences sans fin pour que ce soit le genre de choses qui me dérangent. » Le fond de mon problème vient plus de ce qu'ils choisissent de faire de cette disparité entre nos deux états d'existence. C'est peut-être égoïste de les blâmer pour ça sans prendre en compte la difficulté que ça doit être pour eux de voir vieillir et partir les mortels auxquels ils pourraient s'attacher. Mais je suis pas réputé pour mon altruisme non plus.

Je reprend la marche, bifurquant aléatoirement dans une rue perpendiculaire sous le regard qui semble légèrement étonné de Pola qui me suit cependant sans demander son reste. « Tu es plein de surprise Nympheas, je sais pas comment tu fais. C'est quoi tes spécialités en cuisine ? Tu bosses dans quel restaurant ? J'essaie d'apprendre, j'aime bien ça aussi, mais sans cours j'ai parfois l'impression qu'il me manque de bases essentielles. » La seule chose que je maîtrise à la perfection c'est le découpage rapide et précis avec mes couteaux. Un atout pour gagner du temps, mais qui n'est pas suffisant pour combler les trous plus importants de ma connaissance limitée sur la cuisine élémentaire. Regarder des vidéos sur internet c'est bien, mais ça ne fait pas tout. Je m'arrête à nouveau devant la façade d'un bâtiment. « On est presque arrivés, c'est pas contre toi, ni à cause de tes compliments sur mon charme latino de bad boy, mais je vais pas t'emmener plus loin vers mon adresse exacte. » J'essaie de donner un ton neutre, mais un semblant d'excuse perce malgré moi dans ma voix alors que je tourne ma tête vers le sorcier. « T'as l'air honnête, alors je préfère l'être aussi. Je suis pas resté en vie en faisant confiance au premier homme rencontré en pleine nuit, aussi captivant soit-il. Désolé. » Je fronce légèrement des sourcils tout en entendant mon propre murmure d'excuse qui s'échappe de mes lèvres. Comme un souffle qui traverse la carapace pour laisser entrevoir l'être sensible derrière le mur de glace. Je me reprends aussitôt,  redressant les épaules et le torse pour me redonner un contenance plus fidèle à celle que je donne à voir d'ordinaire. « Pour le concert, j'sais pas trop, ce sera à toi de me dire si tu viens vraiment. J'ai jamais performé en me regardant dans un miroir. Mais je joue pas de la salsa hyper joyeuse, ça c'est sûr. » Même si la musique sud américaine imprègne fortement mes mélodies.





Used to be the weapon


Youth is broken, half of it was stolen
By a world I can't unsee

Contenu sponsorisé
The Accords
Mundane